« Une démocratie sans un réel contre-pouvoir, est le signe prémonitoire d’installation d’une autocratie radicale et sans fin en République loque de Guinée…»
Alpha Condé a été officiellement investi en décembre dernier comme premier président de la IV république, suite à la présidentielle du 18 octobre 2020, contestée par l’opposition républicaine. Mais bien avant ça, dans les élections législatives du 22 mars 2020, malheureusement émaillées d’incidents, le parti au pouvoir et ses alliés ont presque tout raflé sur leur passage, puisque boycottées par les principaux partis de l’opposition. Conséquence : la Guinée a véritablement une assemblée monolithique même s’il se dit que certains « députés » de cette nouvelle législature feraient le bon boulot en ce moment !
L’argent, les décrets et l’octroi des marchés de l’Etat, l’arme fatale du président !
Il y a un adage populaire en Guinée qui dit que « chacun a un prix ». Cette assertion est couramment utilisée par des anciens Premiers ministres, ministres, hauts cadres voire même des partisans et autres sbires du pouvoir. Fort de cette arme, le chef de l’Etat s’en est servi jusqu’à plus soif.
On le voit, l’argent, les marchés de l’Etat et les décrets présidentiels sont des indicateurs et armes efficaces donnant une marge de manœuvre au président pour asseoir son hégémonie sur les populations.
D’ailleurs, il vous souviendra qu’au lendemain de son installation en 2010, le président Condé avait juré « d’enterrer » l’opposition guinéenne. Pour y arriver, il a tout d’abord écrasé les syndicats et la société civile, considérés jusque-là comme des contre-pouvoirs depuis la fin de règne de feu Lansana Conté (2006-2008). Même une partie de la presse, qui résiste encore tant bien que mal semble être maîtrisée par le président.
Ayant fini d’anéantir presque toutes les forces vives de la nation (acteurs politiques, société civile, syndicats, une partie de l’élite…), désormais le chef de l’Etat fait face au vrai défi de développement de la Guinée avec l’extrême pauvreté qui gangrène les citoyens guinéens.
Réussira-t-il ?
Peut-être, comme on l’apprend de certains observateurs avisés de la scène politique guinéenne, le vrai contre-pouvoir en ce moment viendra de l’intérieur du même système car comme dirait l’autre, « le meilleur moyen de renverser un gouvernement, c’est d’en faire partie ». Pour preuve, le président continue à attaquer régulièrement les membres de son gouvernement et les hauts cadres du pays.
Par ailleurs, qu’on se le tienne pour dit, une démocratie sans un réel contre-pouvoir, est le signe prémonitoire d’une autocratie radicale et sans fin en République de Guinée !