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(Reseauinternational)L’Ukraine prétend ne pas vouloir régler le conflit du Donbass par la force – Hypocrisie ou peur de la Russie

 (Reseauinternational)L’Ukraine prétend ne pas vouloir régler le conflit du Donbass par la force – Hypocrisie ou peur de la Russie

par Christelle Néant.

Après plus d’un mois d’escalade continue, d’accumulation d’armes lourdes près de la ligne de front, et de déclarations bellicistes, l’Ukraine a opéré publiquement une volte face totale, avec plusieurs déclarations successives d’officiels prétendant que Kiev ne veut pas régler le conflit du Donbass par la force. Le problème est que ces belles déclarations pacifiques sont en contradiction totale avec celles d’autres politiciens ukrainiens du parti de Zelensky, et surtout avec la réalité du terrain dans le Donbass. Alors le désir de paix et de négociations de l’Ukraine pour résoudre le conflit du Donbass, hypocrisie ou peur de la Russie ?

L’Ukraine prétend vouloir régler pacifiquement le conflit du Donbass

Depuis la fin du mois de février 2021, la situation dans le Donbass s’est aggravée, avec une hausse constante des tirs et bombardements de l’armée ukrainienne, la violation flagrante de plusieurs des mesures additionnelles de contrôle du cessez-le-feu, et le recours à des méthodes terroristes contre les civils. Cette escalade de la situation s’est accompagnée de déclarations bellicistes, de discussions entre les chefs militaires de l’Ukraine et ceux de plusieurs pays de l’OTAN, et d’un sabotage de plus en plus flagrant des négociations au sein de la plateforme de Minsk.

Face au risque de reprise du conflit dans le Donbass, la Russie avait haussé le ton, et fait savoir par plusieurs officiels russes comme Dmitri Peskov (le porte-parole du Kremlin) et Dmitri Kozak (le chef adjoint de l’administration présidentielle russe), que Moscou ne resterait pas les bras croisés à regarder sans rien faire le bain de sang qui s’annonçait à sa frontière, et que cela se terminerait très mal pour l’Ukraine.

Est-ce l’effet des mises en garde de la Russie, ou Kiev a-t-elle réalisé que ses velléités d’offensive dans le Donbass étaient un peu trop voyantes pour pouvoir jouer ensuite les victimes de l’agression russe imaginaire, quoi qu’il en soit, la rhétorique des officiels ukrainiens s’est violemment calmée après la déclaration de Dmitri Kozak sur le fait que la reprise du conflit marquerait le début de la fin de l’Ukraine.

Le premier à avoir fait une telle déclaration fut Rouslan Khomtchak, le commandant en chef de l’armée ukrainienne, qui a déclaré qu’une offensive de l’Ukraine dans le Donbass ferait inévitablement de nombreuses victimes, y compris parmi les civils, ce qui serait inacceptable pour Kiev.

« La libération des territoires temporairement occupés par la force entraînera inévitablement un grand nombre de morts civils et de victimes militaires, ce qui est inacceptable pour l’Ukraine », a-t-il déclaré.

Khomtchak a ajouté que pour l’Ukraine, le scénario politique et diplomatique de résolution du conflit dans le Donbass était la priorité, mais que les forces armées ukrainiennes étaient prêtes à « une réponse adéquate tant en cas d’escalade du conflit dans la zone d’opération des forces interarmées ». Il a aussi qualifié de désinformation les déclarations selon lesquelles Kiev préparerait une offensive dans le Donbass.

Il a été suivi par Alexeï Reznikov, qui a assuré que Kiev n’a pas l’intention de récupérer le Donbass par la force, ni d’y répéter ce qui s’est passé à Srebrenica.

« L’Ukraine n’a aucun plan pour la libération par la force de ces territoires, c’est pourquoi nous nous prononçons partout en faveur de la voie politique et diplomatique. Il existe à cet effet le « Format Normandie » et une plateforme consultative à Minsk (groupe de contact). […] Dire qu’en Ukraine aujourd’hui nous avons peur de Srebrenica. Nous n’en avons pas peur, nous ne pouvons pas le permettre, mais seulement par la voie politique et diplomatique », a-t-il déclaré sur l’antenne de l’émission « Parole libre » de Savik Chouster.

La dernière de ce concerto en paix mineure fut la porte-parole de Volodymyr Zelensky, Ioulia Mendel, qui a déclaré que l’Ukraine ne pouvait pas attaquer son propre territoire et combattre sa propre population (oui, elle a osé).

« Le commandant en chef de notre armée a déjà déclaré l’autre jour que le message concernant la prétendue offensive ukrainienne dans le Donbass est un faux complet et de la désinformation. Le fait est que l’Ukraine ne peut tout simplement pas attaquer son propre territoire et ne peut pas combattre sa propre population », a déclaré Mendel sur l’antenne de la chaîne TV Dom.

Elle a noté que Kiev a la ferme conviction que seules les négociations peuvent conduire à la paix.

« C’est pourquoi nous faisons pression pour des négociations au Format Normandie et nous avancerons vers la paix par tous les moyens diplomatiques possibles », a-t-elle ajouté.

Volonté réelle de paix ou tentative d’enfumage ?

Si ces déclarations ont pu faire croire à certains à une volte-face de l’Ukraine, plusieurs éléments de ces déclarations, et la comparaison avec la situation sur le terrain, laissent à penser qu’il s’agit plus d’un nouveau numéro d’hypocrisie que d’une réelle volonté de régler pacifiquement le conflit du Donbass par peur de la réaction russe.

Commençons par Khomtchak. Il y a à peine deux semaines, il disait lui-même que l’armée ukrainienne se préparait à une offensive.

« L’armée ukrainienne se prépare aujourd’hui à différentes options et, bien sûr, nous nous préparons à une offensive. Nous créons des bases de formation, nos partenaires nous aident. Parce que vous ne pouvez pas le faire autrement. Si vous demandez, sommes-nous prêts aujourd’hui (pour une offensive – NDLR) ? Nous sommes prêts », a-t-il déclaré, fin mars, en ajoutant qu’il fallait calculer les risques, entre autre, en matière de pertes parmi les civils.

« Aujourd’hui, le problème n’est pas l’ordre [de passer à l’offensive – NDLR]. Il [e président – NDLR] n’a aucun problème à donner l’ordre. Il faut simplement calculer les conséquences, les forces, les réserves, les capacités de l’État. Donetsk est une ville de plusieurs millions d’habitants, si nous passons à l’offensive, il y a des risques que de nombreux civils meurent. Nous devons évaluer les risques pour ceux qui s’opposeront à nous », a ajouté le commandant en chef de l’armée ukrainienne.

Deux semaines plus tard, la priorité c’est la résolution pacifique du conflit dans le Donbass, et les victimes parmi les civils seraient passées de « risque à évaluer » à « inacceptables » pour l’Ukraine. Au vu du fait que les autorités de Kiev n’ont sanctionné ni le sniper qui a abattu un civil de 71 ans à Alexandrovka, ni celui ou ceux qui ont tué le petit Vladislav avec un drone, j’ai un peu de mal à avaler qu’en une semaine, l’armée ukrainienne se soit racheté une conscience et une morale.

Passons ensuite à la déclaration de Reznikov. Déjà la déclaration même contient un mensonge, ce qui incite à penser qu’il s’agit d’un nouveau numéro d’hypocrisie des autorités ukrainiennes. En effet, dans sa déclaration, Reznikov mentionne comme plateformes de négociation, le Format Normandie et Minsk, qui ne serait qu’une plateforme consultative.

Et c’est là que l’opération d’enfumage médiatique se prend les pieds dans le tapis. Car la plateforme de Minsk n’est pas du tout consultative, c’est la plateforme principale de négociation qui doit permette la mise en œuvre des accords du même nom ! C’est le leitmotiv de l’Ukraine depuis l’accession au pouvoir de Zelensky de faire croire que les négociations doivent avoir lieu au Format Normandie et pas dans la plateforme de Minsk, afin d’impliquer la Russie (qui n’est que médiatrice à Minsk, comme l’OSCE, mais qui est partie prenante du Format Normandie).

Quand on prétend vouloir régler pacifiquement le conflit dans le Donbass, il faut éviter de dire publiquement qu’on considère la plateforme de négociations comme « consultative », qu’on refuse de retourner négocier à Minsk une fois les mesures de quarantaine levées, et éviter de claquer la porte des réunions de négociation sous des prétextes bidons. Cela donnerait plus de crédibilité aux propos.

Il en est de même avec la déclaration de la porte-parole de Zelensky. Car pour oser sortir que « l’Ukraine ne peut tout simplement pas attaquer son propre territoire et ne peut pas combattre sa propre population », alors que c’est exactement ce que fait Kiev depuis sept ans dans le Donbass, il faut une bonne dose de culot et l’hypocrisie chevillée au corps !

Ce mensonge est tellement énorme que Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, l’a dénoncé comme tel depuis l’Égypte, où il était en visite.

« Kiev a attaqué sa propre population après la « révolution de la dignité » et mène depuis lors une guerre contre ses propres citoyens, les qualifiant de terroristes, alors que les habitants du Donbass n’ont attaqué personne dans le reste de l’Ukraine », a déclaré le ministre.

Suite à tous ces mensonges, les déclarations des officiels ukrainiens sur le fait que Zelensky aurait demandé à discuter avec Vladimir Poutine, et sur la préparation d’un prochain sommet au Format Normandie ont dû être commentés par Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, afin de distinguer le vrai du faux.

Concernant les propos d’Ioulia Mendel sur le fait que Zelensky aurait demandé à discuter avec Vladimir Poutine pour parler de l’escalade du conflit dans le Donbass, Peskov a démystifié un nouveau mensonge en déclarant qu’il n’avait reçu récemment aucune requête pour une telle discussion.

Il a par contre confirmé que les conseillers politiques des quatre pays du Format Normandie travaillent activement pour préparer un nouveau sommet, mais il a ajouté que les discussions sont très difficiles et qu’il fallait être patient. De plus la Russie exige toujours qu’au moins une partie de l’accord conclu lors du dernier sommet soit mise en œuvre avant de pouvoir envisager d’organiser une nouvelle réunion au Format Normandie.

Or les faits sur le terrain, et les déclarations de certains hommes politiques ukrainiens ne laissent pas présager qu’on se dirige vers une application de cet accord par l’Ukraine.

En effet, un député du parti de Zelensky, Iouri Misyaguine, a publié sur son mur Facebook un post dans lequel il vante le fait que pour la première fois un drone turc Bayraktar TB2 a volé vers la zone de conflit dans le Donbass (pour une mission de reconnaissance), et appelé la Russie à rapatrier les armes qui se trouvent en RPD et en RPL avant que les drones turcs ne les détruisent comme ils l’ont fait avec l’équipement militaire du Haut-Karabakh ! Si c’est à coup de drones Bayraktar que l’Ukraine compte régler pacifiquement le conflit du Donbass, je pense qu’il est temps pour les officiels ukrainiens de vérifier le sens de l’adverbe « pacifiquement », parce que nous n’en avons visiblement pas la même définition !

La République Populaire de Donetsk (RPD), habituée aux belles déclarations creuses des officiels ukrainiens ne s’est pas laissée berner par les dernières en date, et a ouvertement dit craindre que l’Ukraine bloque la prochaine réunion du groupe de contact trilatéral qui doit avoir lieu cette semaine, à cause de ses exigences de retrait d’un des membres de la délégation de la RPD.

Une crainte qui semble justifiée, quand on voit que depuis ce matin, l’armée ukrainienne a violé huit fois le cessez-le-feu en RPD, et tiré 66 munitions contre le territoire de la République, dont 15 obus de mortier de 120 mm et 8 mm rien que sur Gorlovka.

Le fait que l’Ukraine n’est toujours pas capable d’appliquer le premier point des accords de Minsk, à savoir le cessez-le-feu, démontre clairement que les déclarations récentes des officiels ukrainiens ne sont que des mensonges visant à donner une meilleure image de Kiev.

L’arrivée des drones Bayraktar dans le Donbass, et la poursuite des bombardements, montre que l’Ukraine n’a pas changé de cap malgré les mises en garde de la Russie. Avec ces jolies déclarations pacifiques, Kiev essaye juste de redorer son image médiatiquement afin de faire croire qu’elle est la victime d’une attaque de la Russie lorsque l’Ukraine relancera le conflit dans le Donbass.

Or les déclarations bellicistes des officiels ukrainiens collaient mal à une image de victime d’agression. Voilà qui est corrigé, et l’Ukraine peut maintenant continuer de préparer son offensive, tout en portant le masque de la résolution pacifique du conflit en public pour se donner une bonne image. L’hypocrisie dans toute sa splendeur…

Christelle Néant

source : https://www.donbass-insider.com

houssainatou

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