On va pouvoir bientôt barrer la demande numéro 3 de la “résolution justice” ! », exulte Marcia Howard, une Afro-Américaine de 47 ans, devenue depuis le 25 mai 2020 l’une des activistes du croisement « 38e Rue et Chicago Avenue » de Minneapolis, où est mort George Floyd ce jour-là, étouffé par le policier Derek Chauvin, qui vient d’être reconnu coupable.
Plus tôt, mercredi 21 avril, le ministère américain de la justice a annoncé ouvrir une enquête sur la police de Minneapolis, pour déterminer si elle faisait systématiquement un usage excessif de la force. Cela correspond au troisième point d’une liste de 24 demandes formulées par les activistes du quartier auprès des autorités.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mort de George Floyd : l’Amérique « soulagée » par un verdict historique
Derrière Marcia, la résolution en question : trois panneaux calligraphiés qui listent les différentes exigences – des demandes d’enquêtes sur des policiers, de mises à pied de personnel judiciaire, de propositions de réformes de la police. « Nous négocions avec la ville, le comté, l’Etat et le gouvernement fédéral, annonce Marcia avec un regard déterminé. Tant que les 24 demandes ne seront pas obtenues, nous ne rendrons pas les rues ! »
Le carrefour, rebaptisé « place George-Perry-Floyd-Jr. », est ainsi bien plus qu’un simple mémorial. Il reste une monnaie d’échange, même après le verdict du tribunal de la ville. Les activistes veulent remédier aux dysfonctionnements qu’ils ont identifiés dans le système judiciaire et de sécurité publique de Minneapolis, et qui permettent aux personnes de couleur d’être plus facilement tuées lors de contrôles policiers.
Conseils de précaution
Son engagement est devenu une évidence pour Marcia « lorsque les gardes nationaux ont commencé à tirer sur la foule qui manifestait sous [ses] fenêtres » en 2020. Elle a pris un congé sabbatique de l’éducation nationale pour aider à gérer le carrefour, et la communauté. Darnella Frazier, l’adolescente qui a posté sur les réseaux sociaux la vidéo devenue virale des derniers instants de George Floyd, était une de ses élèves. Un bonnet jaune retenant ses dreads, Marcia a une caméra sanglée sur son sternum « pour se protéger des policiers qui viennent faire leurs contrôles ».Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans la banlieue de Minneapolis, après une nouvelle bavure policière, « l’impression que l’histoire se répète »
Des conseils de précaution, Esther, Christine et Patty ne cessent d’en prodiguer à leurs petits-enfants. Ces trois grands-mères, qui ont amené leur petite-fille rendre hommage à George Floyd mercredi, représentent toutes des familles mixtes. « Elles me disent d’obéir si jamais je me fais arrêter car les policiers peuvent être peu coopératifs », explique Nessa du haut de ses 11 ans. « Je suis très inquiète pour mes deux petits-fils noirs », déclare l’Afro-Américaine Patty. « Tous ces enfants ont besoin de bien différencier les situations entre celles où la justice est exercée et celles où elle ne l’est pas », ajoute la Blanche, Christine.