Un procès géant s’est ouvert ce lundi 26 avril en Turquie: 108 personnes sont accusées d’avoir provoqué en 2014 la mort de 37 manifestants contre l’inaction de la Turquie à Kobané, ville syrienne frontalière. Nombre d’entre elles risquent la prison à vie, dont deux anciens dirigeants du principal parti pro-kurde, le HDP. PUBLICITÉ
Avec notre correspondante à Istanbul, Cerise Sudry-Le Dû
« C’est un procès politique vengeur. » Le coprésident du HDP essaie de faire une déclaration à la presse, mais il est sans cesse interrompu par la police, qui demande de respecter les distances de sécurité, à cause du coronavirus. Le procès qui s’ouvre ce lundi à Ankara est tendu.
En tout, 108 personnes se retrouvent sur le banc des accusés, toutes des actuels ou anciens dirigeants du HDP, le parti pro-kurde en Turquie. Parmi eux, Selahattin Demirtas, son ancien président qui est déjà depuis quatre ans derrière les barreaux.
À l’époque, en 2014, la ville syrienne de Kobané est sur le point de tomber dans les mains des islamistes. La ville est à la frontière turco-syrienne et nombreux sont les citoyens turcs qui assistent à son agonie, impuissants, depuis le territoire turc. Alors le HDP appelle à protester contre l’inaction de la Turquie. Les manifestations, organisées dans tout le pays dégénèrent et 37 personnes perdent la vie.
► À écouter : Drame de Kobané, la colère des Kurdes de Turquie
Le HDP sous le coup d’une demande d’interdiction
Aujourd’hui, le HDP est accusé d’avoir « provoqué les violences » et « porté atteinte à l’intégrité de l’État ». Le procès devrait durer au minimum plusieurs mois.
Le HDP est déjà sous le coup d’une procédure judiciaire : un procureur a demandé son interdict.