Le privé, qui emploie plus de 100 000 salariés, s’estime lésé après les annonces d’augmentation de salaires des employés du secteur associatif prévue en octobre.
Hausse historique ou traitement de faveur ? En annonçant une augmentation de 13 % à 15 % au 1er octobre 2021 des salaires des personnels qui interviennent auprès des personnes âgées dépendantes ou handicapées, Brigitte Bourguignon avait déclaré le 1er avril : « Jamais nous n’avons été aussi loin dans la revalorisation des métiers de l’aide à domicile. » En réalité, cette évolution ne concerne que le secteur associatif, soit quelque 154 000 postes. La ministre déléguée chargée de l’autonomie se voit reprocher par les entreprises commerciales du secteur – qui revendiquent environ 111 000 salariés auprès des « publics fragiles » – de créer une « distorsion de concurrence salariale » alors qu’elles « peinent déjà à recruter ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Etat donne son feu vert à une augmentation salariale des aides à domicile
« Le gouvernement a voulu éteindre, à peu de frais, l’incendie dans les rangs des aides à domicile, traitées comme les dernières de corvée durant la crise sanitaire, se désole Antoine Grézaud, directeur général de la Fédération du service aux particuliers (FESP). En n’intégrant pas les entreprises privées dans son équation, l’équipe Bourguignon n’aura fait que souffler sur les braises. »
« Pas de marges suffisantes »
Un mauvais procès selon le cabinet de cette dernière. « Ce qu’on reproche à la ministre, s’agace-t-on au ministère, c’est d’avoir fait son boulot ! » La branche associative a signé, en février 2020, un avenant à sa convention collective en vue d’une remise à niveau salariale de 13 % à 15 %. Mais l’avenant doit être agréé par l’Etat pour s’imposer aux employeurs. Mme Bourguignon a pris l’engagement d’accorder l’agrément d’ici fin mai. Tutelle et financeurs, services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD), les départements vont verser aux structures qui ont un statut associatif une dotation spécifique pour couvrir la hausse des salaires au terme de l’avenant. Le coût serait de 300 millions d’euros pour les départements. Mme Bourguignon a proposé que l’Etat prenne en charge 50 % de la somme via les 200 millions d’euros inscrits dans la loi de financement de la protection sociale (PLFSS) pour 2021. Lire le reportage : « On se rend compte qu’on n’est pas seules » : des aides à domicile en mal de reconnaissance font leur tour de France
Plusieurs départements ont déjà annoncé qu’ils mettraient la main à la poche.