Arlene Foster a annoncé son départ mercredi. Si elle a soutenu le « Brexit dur » prôné par Boris Johnson, elle est considérée au sein de son parti comme trop conciliante pour avoir accepté les contrôles douaniers entre l’Ulster et le reste du Royaume-Uni.
Déjà fragilisée par le Brexit, l’Irlande du Nord risque d’entrer dans une période d’incertitude supplémentaire, avec la démission rendue publique, mercredi 28 avril, d’Arlene Foster, sa première ministre et chef du principal parti unioniste de la province, le DUP. Mme Foster, 50 ans, a pris l’initiative d’annoncer son départ après avoir reçu, la veille, une lettre de défiance d’une majorité des députés du DUP à Stormont, l’Assemblée nord-irlandaise.
Dans un long communiqué, la dirigeante du parti depuis 2015 revient sur son bilan et précise qu’elle ne quittera la tête du DUP qu’au 28 mai et ses fonctions au gouvernement d’ici à « fin juin », le temps qu’ait lieu l’élection d’une ou d’un successeur : « Les Irlandais du Nord ont été durement touchés par la crise pandémique et il reste du travail pour en sortir », affirme-t-elle. Pas un mot, en revanche, sur les raisons de son départ.
Sur le plan sanitaire, le bilan de cette politicienne combative, fille d’un membre de la police royale de l’Ulster, est plutôt honorable. Alors qu’on décompte près de 3 000 morts du Covid-19 pour 1,8 million d’habitants en Irlande du Nord et que la deuxième vague cet hiver y a été tout aussi brutale que dans le reste du Royaume-Uni, Mme Foster est parvenue tant bien que mal à s’entendre avec son adjointe, Michelle O’Neill, pour décider de prudents déconfinements, bien que cette dernière soit la vice-présidente du Sinn Fein (pro-réunification irlandaise, à l’exact opposé du DUP).
Tentatives de déstabilisation
Sa démission a en réalité surtout à voir avec le Brexit et le protocole nord-irlandais, cette partie du traité de divorce signée entre le gouvernement Johnson et Bruxelles fin 2019, qui prévoit une frontière douanière en mer d’Irlande, entre Grande-Bretagne et Irlande du Nord. Après avoir fait campagne pour le Brexit en 2016, Arlene Foster a largement contribué à saboter la solution d’un « Brexit mou », promue par l’ex-première ministre Theresa May – elle excluait pourtant la frontière en mer d’Irlande –, puis a soutenu le « Brexit dur » de M. Johnson, sans en mesurer les probables conséquences pour la province.