L’homme d’affaires, philanthrope et collectionneur d’art contemporain Eli Broad, pionnier de l’immobilier résidentiel, est mort vendredi 30 avril à Los Angeles. Il avait 87 ans. Suzi Emmerling, porte-parole de la Fondation Eli et Edythe Broad, a confirmé auprès du New York Times que le milliardaire – sa fortune est estimée à 6,9 milliards de dollars, selon le magazine Forbes –, est décédé des suites d’une longue maladie.
Fondateur du promoteur Kaufman & Broad puis dirigeant du géant des services financiers SunAmerica, Eli Broad avait largement impulsé et financé la renaissance du centre de Los Angeles, Downtown, où il avait ouvert en 2015 son propre musée d’art contemporain, le Broad, après avoir soutenu les autres institutions culturelles de la ville. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A L. A., l’art taille XXL
Né en 1933 à New York, Eli Broad est encore un jeune comptable de Detroit, en 1957, quand il s’associe avec le promoteur Donald Kaufman pour se lancer dans la construction de maisons individuelles. Les deux hommes surfent avec succès sur le boom des années 1960, et Kaufman & Broad devient l’un des principaux promoteurs immobiliers résidentiels dans le monde. En 1963, Eli Broad déménage l’entreprise de Phoenix à Los Angeles, débutant une longue histoire commune avec la ville.
Philanthrope à plein-temps
Dans les années 1970, il rachète une compagnie d’assurance, pour se prémunir des à-coups du marché de l’immobilier. Au fil des ans, il crée un conglomérat de services financiers dédiés à la gestion de l’épargne-retraite des baby-boomers – ceux-là même qui l’ont déjà enrichi une fois en achetant ses maisons. SunAmerica est vendu à AIG en 1998 pour 18 milliards de dollars, et Eli Broad prend rapidement sa retraite des affaires, pour se transformer en philanthrope à plein-temps, notamment en faveur des arts, des écoles publiques et de la recherche médicale. Lire aussi La folie des mégacollectionneurs d’art contemporain
Un lycée artistique public, un bâtiment de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), un autre à l’université Caltech… le milliardaire laisse une empreinte durable dans sa ville d’adoption, et tout particulièrement dans ses musées. A la fin des années 1970, il est l’un des fondateurs du Musée d’arts contemporain (MOCA) construit à Downtown et en 2008, il donne son nom à une aile du Musée du comté de Los Angeles (Lacma). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Adele et Katy Perry dopent la fréquentation du « Broad Museum », à Los Angeles
Sept ans plus tard, il ouvre sa propre institution, destinée à abriter, entre autres, les œuvres de sa collection exceptionnelle : 2 000 œuvres de plus de 200 artistes, de Jean-Michel Basquiat à Jeff Koons, Takashi Murakami à Robert Rauschenberg ou encore Ed Ruscha, Cindy Sherman, Cy Twombly, Andy Warhol… Le bâtiment est édifié en face du MOCA et à côté du Walt Disney Concert Hall de Frank Gehry – dont il a soutenu le financement –, sur Grand Avenue, devenue, très largement grâce à lui, le nouvel épicentre culturel de Los Angeles.