Arbre à palabres sur perle des lagunes… Abidjan a été le théâtre de deux événements en lien avec la réconciliation nationale attendue : au Burkina Faso, d’abord ; en Côte d’ivoire, ensuite.
Sur la photo, Blaise Compaoré, émacié, regard comme perdu. À sa droite, Zéphirin Diabré, visage grave, droit comme un « i ». Entre les deux, le drapeau burkinabè. Ambiance… La photo est bien sûr à la Une de la presse ouagalaise ce matin. Cette rencontre vise à « poser les jalons » du forum national de réconciliation nationale que le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, annonçait pour le premier semestre de l’année en cours, souligne le journal burkinabè Le Pays.
Vous avez ambiance ? « On imagine bien l’ambiance qui a prévalu entre Blaise Compaoré et le ministre en charge de la réconciliation nationale quand on sait qu’alors chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré a été le fer de lance de la contestation qui a abouti, en fin octobre 2014, aux résultats que l’on sait, énonce ce quotidien ouagalais. Ironie de l’histoire, c’est lui qui, plus de six ans après, est chargé de jouer les rassembleurs dans un pays où les rancœurs sont encore tenaces et la méfiance palpable », souligne Le Pays.
Mais attention, prévient Aujourd’hui, « au moment, où le Burkina Faso après 61 ans d’indépendance, entame un processus de réconciliation, la véritable préoccupation qui surgit reste de concilier les affaires pendantes en justice la nécessaire catharsis sociale. Pour ce faire, il importe de trouver la bonne formule pour ne pas tordre le cou de la Justice au profit d’un “arrangement politique”. C’est du reste, l’inquiétude que suscite cette entrevue du ministre en charge de la Réconciliation nationale avec l’ancien président, estime cet autre journal ouagalais. D’ores et déjà, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre ce raccourci que le Burkina Faso a déjà expérimenté lors de la fameuse journée nationale du Pardon célébrée un 30 mars 2001, sans une réelle adhésion des familles brimées par plusieurs décennies de violences politiques et d’injustices sociales », souligne Aujourd’hui.
La réconciliation nationale attendue aussi en Côte d’Ivoire
En Côte d’Ivoire, le ministre en charge de ce dossier sensible, Kouadio Konan Bertin, a reçu hier matin une délégation des exilés pro Gbagbo.Rentrés du Ghana il y a pile une semaine, après dix ans d’exil, Justin Koné Katinan, accompagné notamment de Damana Addia Pickass et de la sœur de Laurent Gbagbo Jeannette Koudou ont respecté la tradition, en allant saluer le ministre de la Réconciliation nationale Kouadio Konan Bertin.
Mais c’est bien sûr le retour de leur mentor, le plus illustre des exilés ivoiriens, Laurent Gbagbo lui-même, qui intéresse la presse locale, et au-delà. Retour dont on parle, alors que sa date n’a pas été fixée. En tout cas pas encore.
L’information est à « la Une » du quotidien gouvernemental Fraternité Matin. « Koné Katinan, Damana Pickass, Koudou Jeannette reconnaissants au Chef de l’État », y souligne Frat Mat.
A celle de ce quotidien proche de Laurent Gbagbo qu’est le journal Le Temps, le docteur Issa Malick Coulibaly assure que « le retour de Gbagbo aura un impact sur la Côte d’Ivoire ». Un entretien repris par Le Temps, et qui a auparavant été publié par le quotidien béninois Le Héraut.
À la CPI peine de prison pour Dominic Ongwen
Une peine de 25 ans de prison a été infligée en première instance par la CPI à l’ancien chef de guerre de la LRA Dominic Ongwen, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Ouganda entre 2002 et 2005.
La cour a évoqué une « décision particulièrement difficile » à prendre, en raison de circonstances « contradictoires » dans cette affaire. Car si Dominic Ongwen a commis des crimes, il a aussi été un enfant soldat – victime devenu bourreau. Raison pour laquelle la cour n’a retenu ni les vingt ans de prison requis par le parquet, ni la perpétuité demandée par les victimes. Les avocats de Dominic Ongwen, qui avaient déjà fait appel du verdict de février contre leur client, ont maintenant un mois pour le faire également contre la peine prononcée. Vont-ils interjeter appel ? En tout cas, la question que se pose la presse ce matin est de savoir si ce procès aura une vertu pédagogique et saura dissuader les apprentis bourreaux, fussent-ils eux-mêmes des anciennes victimes.
Le journal L’Observateur Paalga rappelle justement que Dominic Ongwen faisait partie de ces mineurs transformés en « machine à tuer et à violer, lui qui a été enlevé vers l’âge de 9 ans pendant qu’il se rendait à l’école. En 2015, il avait par contre eu un grain de lucidité, faisant preuve de sagesse en se rendant lui-même aux forces armées ougandaises et aux forces spéciales américaines. Depuis lors, il méditait sur son triste sort, hanté par les cauchemars, attendant son jugement ». C’est fait.