L’ex-président des Maldives et actuel chef du Parlement Mohamed Nasheed a été blessé jeudi soir par l’explosion d’une bombe dans la capitale Malé. Grièvement blessé, il est dans un « état critique ». Une session d’urgence du Parlement a été convoquée à la suite de cette tentative d’assassinat.
Premier chef d’État démocratiquement élu dans l’archipel connu comme une destination touristique de luxe, le responsable de 53 ans a été grièvement blessé jeudi soir 6 mai par l’explosion d’un engin accroché à une moto au moment où il s’apprêtait à monter dans sa voiture. « Nasheed a échappé à une tentative d’assassinat », a dit à l’AFP par téléphone un responsable gouvernemental. « Il est dans un état critique », selon des informations hospitalières. Son garde du corps a également été touché.
L’explosion est survenue peu avant l’entrée en vigueur d’un couvre-feu nocturne dans la capitale dans le cadre des restrictions sanitaires pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Les autorités ont indiqué que la bombe artisanale aurait été accrochée à une moto garée dans une allée étroite menant au domicile de M. Nasheed. Des enquêteurs de la police fédérale australienne sont attendus pour assister les enquêteurs maldiviens.
Les messages de soutien se sont multipliés en provenance d’Inde, du Pakistan ou du Sri Lanka, ainsi que de plusieurs pays occidentaux qui ont souvent soutenu par le passé le combat de M. Nasheed pour la démocratie, mais aussi son engagement pour l’environnement.
A ce stade aucune revendication, mais des proches du parti de Mohamed Nasheed (le PDM, parti démocratique des Maldives) soupçonnent des individus opposés à sa campagne anticorruption de s’être associé à des islamistes pour organiser l’attentat. L’ex-président avait annoncé son intention de lancer une enquête sur le détournement de 90 millions de dollars de l’Autorité de promotion du tourisme pendant la présidence d’Abdulla Yameen qui a dirigé l’archipel fortement dépendant du tourisme de 2013 à 2018
Coup d’État et exil
Avec 340 000 habitants, des musulmans sunnites, les Maldives sont connues comme une destination touristique de luxe, mais l’archipel est aussi la proie d’une instabilité politique récurrente.
Mohamed Nasheed est devenu le premier président démocratiquement élu des Maldives lors du premier scrutin multipartite en 2008. Il a été renversé par un coup d’État en 2012 et condamné à 13 ans de prison en 2015 pour des accusations de terrorisme, un verdict dénoncé par les organisations des droits de l’homme comme politiquement motivé.
Autorisé à sortir de prison pour suivre un traitement médical, Mohamed Nasheed s’est exilé en Grande-Bretagne mais a regagné son pays en 2018. Il est devenu président du Parlement, deuxième plus haute fonction dans la hiérarchie de l’État, après les élections de 2019.