Alors que plus de 6 000 personnes en provenance du Maroc sont entrées dans l’enclave espagnole de Ceuta en 24 heures, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a promis ce mardi 18 mai de rétablir l’ordre aux frontières.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a qualifié de « grave crise pour l’Espagne et aussi pour l’Europe » la vague record de migrants arrivés ces dernières 24 heures à Ceuta. « Nous allons rétablir l’ordre dans (la) ville et à nos frontières le plus rapidement possible », a promis le chef du gouvernement qui a indiqué se rendre ce jour à Ceuta ainsi qu’à Melilla, enclaves espagnoles situées dans le nord du Maroc et seules frontières terrestres entre l’Afrique et l’Union européenne.
Selon le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, plus de 6 000 migrants sont entrés illégalement à Ceuta depuis lundi. Il a indiqué que l’Espagne en avait déjà renvoyé 2 700 au Maroc tandis que Pedro Sanchez a lui assuré que tous les migrants adultes entrés illégalement seraient expulsés, dans « le cadre des accords signés avec le Maroc depuis des années ». « Le Maroc est un pays ami de l’Espagne et doit le rester », a insisté le dirigeant socialiste.
Le Parlement européen tire la sonnette d’alarme
Les députés européens ont tenu ce mardi 18 mai une séance plénière sur le sauvetage en mer des migrants qui affluent vers l’Union européenne sur des embarcations de fortune. Le débat a surtout souligné les divisions profondes entre pays de l’UE et familles politiques.
D’un côté, les partis les plus à droite qui réclament une fermeture des frontières complète à l’australienne. De l’autre, la gauche qui demande une réelle solidarité avec les demandeurs d’asile et une mission européenne consacrée au sauvetage en mer.
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« 667 morts, c’est le nombre de personnes qui ont péri cette année en Méditerranée. Combien de débats devons-nous réclamer encore au Parlement européen encore ? Combien de morts ? Combien de familles sans nouvelle ? Combien de personnes sans sépulture ? Combien de cadavres faut-il encore pour que les politiques de nos États changent ? », dénonce Saskia Bricmont, députée écologiste belge.
La commissaire européenne chargée des Affaires intérieures a appelé le Maroc à empêcher de nouvelles tragédies et à empêcher les migrants de tenter de rejoindre Ceuta, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet. Devant les parlementaires européens, Ylva Johansson a souligné que les drames récurrents des naufrages de migrants sont une des priorités de sa proposition de pacte d’asile et migration.
Mais pour la députée centriste française Fabienne Keller, l’UE pourrait commencer par utiliser les outils déjà disponibles : « Les pays de première entrée ne peuvent gérer seuls les arrivées nombreuses de migrants par la Méditerranée. J’appelle d’abord les États à remettre sur pied la déclaration de Malte pour soulager les pays de première entrée ».
Les appels à l’accueil des migrants semblent mal partis si les pays européens eux-mêmes ne parviennent pas à être solidaires entre eux tant qu’il n’y aura pas d’accord sur la répartition des demandeurs d’asile en Europe.
La situation à Ceuta et Melilla est atypique pour ne pas dire anormale. Ces enclaves espagnoles sur le territoire marocain sont des points d’entrée dans l’Union européenne. Et comme elles bénéficient d’une fiscalité avantageuse, le commerce avec le Maroc, appelé contrebande côté marocain, s’était considérablement développé.
La population marocaine autour de Ceuta et Mellila a décuplé au cours des 20 dernières années, mais l’arrêt brutal il y a un an de ce trafic par les autorités marocaines a plongé la région dans la crise. Là-dessus s’est greffée la pandémie de Covid-19, ce qui pourrait expliquer le désespoir de ces milliers de Marocains qui ont pris le risque de rejoindre l’enclave de Ceuta par la mer.