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(le moov)Luv Resval : le disciple d’Alkpote, deviendra maître

 (le moov)Luv Resval : le disciple d’Alkpote, deviendra maître

Considéré comme l’un des grands espoirs du rap français, Luv Resval livrera ce vendredi son premier véritable album, “Etoile Noire”.

La fougue de la jeunesse et un entourage expérimenté  

Nombreux sont les jeunes artistes à avoir porté le statut d’étoile montante du rap français. Quelques-uns ont réussi à concrétiser les espoirs placés en eux par le public, beaucoup n’ont pas su transformer l’essai, écrasés par le poids des attentes faramineuses de leurs fans ou de leurs maisons de disques. Les freins ralentissant l’explosion définitive d’un rookie sont souvent les mêmes : la précipitation à surfer sur une hype grandissante ; l’absence d’entourage solide pour mener à bien les projets ; les difficultés à faire émerger une personnalité artistique capable de se démarquer face au flot incessant de sorties hebdomadaires ; ou encore des cycles de réussite trop courts, l’enthousiasme autour du premier projet médiatisé retombant rapidement ensuite.

Parmi les étoiles montantes du rap français actuel, le cas de Luv Resval attire particulièrement l’attention. Si les espoirs placés en lui par son public sont faramineux, les obstacles qui pourraient freiner son ascension semblent parfaitement anticipés : quatre longues années de montée en puissance séparent sa première mixtape et son premier véritable album ; son entourage se compose de profils rôdés à l’univers du rap français depuis des années (Alkpote et Kore côté artistique, Cokein et Hype pour le reste) ; sa personnalité artistique a su s’affirmer au fil du temps, avec des références récurrentes et une imagerie bien précise. Reste à savoir si l’enthousiasme autour du premier album de Luv Resval se traduira par son installation pérenne parmi les têtes d’affiche du rap français, certainement le défi le plus difficile pour tout jeune artiste. 

Particulièrement inspiré par l’univers de Star Wars -comme en témoigne le titre de son album, Etoile Noire-, Luv Resval pourrait être vu comme une version rap français d’Anakin Skywalker. Personnage prédestiné, dont les talents se révèlent très tôt, il est pris sous son aile par des mentors plus âgés. Son petit frère, lui aussi rappeur sous le nom de Savage Toddy, révélait il y a quelques semaines dans une interview pour Hypesoul l’intérêt très particulier de la fraternité pour le monde imaginé par George Lucas : “je suis un grand fan de Star Wars avec mon frère__. On veut vraiment apporter un côté spirituel et fantaisiste à cela. Je ne te parle pas d’un côté fantaisiste qui fait gamin on a vraiment voulu apporter une histoire avec cet univers. Il y a donc les valeurs de la force et de l’éducation des Jedi comme thèmes que l’on veut transmettre avec Star Wars. Cela fait aussi kiffer les fans des films et on veut véhiculer un message.

L’Empereur et son disciple  

Du titre à la cover de ce premier album, en passant par les titres de ses différents freestyles (Boosk’Anakin, Skywalker) ou le contenu de ses textes (“rouge est mon sabre et j’me sens comme Vador” ; “j’découpe à l’épée rouge comme Anakin”, etc), le jeune Luv revendique très clairement l’influence du côté obscur. Quoi de plus naturel, donc, que de le voir parrainé par Alkpote, qui a lui aussi multiplié les références directes à l’univers de Star Wars tout au long de sa discographie, avec la même obsession que son poulain : cover et titre d’album (L’Empereur contre-attaque), punchlines en tous genres (“armé comme un chevalier Jedi” ; “j’ai un petit sabre-laser” ; “dans l’faucon Millenium j’suis en Versace” ; “De la niaks, de la wax, de la frappe de la mort, mec j’suis Dark Vador, toutes les garces m’adorent” ; etc), ou encore cet incroyable épisode de la première saison des Marches de l’Empereur, où il apparaît casqué en Dark Vador. 

Au delà de cette passion commune pour les sabres laser, Alkpote et Luv Resval partagent une même vision commune, celle de rappeurs à l’univers bien affirmé, avec une toile de fond très sombre, voire autodestructrice, égayée par des élans épicuriens. L’influence de l’Empereur de la Crasserie se ressent à tous les niveaux, en particulier sur le phrasé de Luv, qui adopte lors de ses apparitions publiques les mêmes expressions, le même vocabulaire et la même attitude que son aîné. Le chemin avant la mise en place d’un univers aussi fourni et fourmillant que celui d’Alkpote est encore long, mais le jeune Sith est appliqué à suivre les enseignements de ses aînés. Son goût pour le labeur contraste d’ailleurs avec son imagerie rock’n’roll où se mêlent la codéine, la fumette et les piles : sur le tournage du clip Kurt en feat avec Zefor, les membres de l’équipe de Check s’étonnent même de rencontrer “le premier rappeur qui arrive en avance sur un set”. 

La filiation avec Alkpote ne s’arrête pas à un champ lexical commun et des goûts cinématographiques concordants. Tous deux se placent en effet en liants entre les générations : Alk, issu de l’ancienne école, se met continuellement à jour sur le plan des sonorités, de la technique, restant parfaitement en phase avec le rap actuel ; Luv, de son côté, conserve malgré son jeune âge de véritables attaches au rap pur et dur. Des titres comme MPC part.II ou Célébration 2, particulièrement exigeants en termes de technique, ont convaincu des auditeurs deux fois plus âgés que le rappeur. Véritable kickeur, Luv a su s’imposer sur un terrain qui était loin d’être conquis d’avance. 

Un rappeur complet et cohérent  

Luv Resval ne serait certainement pas cité avec autant de certitudes parmi les futurs grands noms du rap s’il se contentait d’afficher un profil de découpeur de prods, en particulier à une époque où kicker est redevenu une tendance forte. Le rappeur du 91 a construit sa réputation sur des qualités très larges, lui permettant certes d’envoyer l’auditeur dans les cordes, mais aussi d’offrir des titres plus ouverts, sur lesquels on découvre son sens de la mélodie (Smith et Wesson, Side), des refrains accrocheurs (Mariah), ou des répétitions. 

L’étape du premier album est décisive pour un jeune rappeur, en particulier lorsque les attentes placées en lui sont si importantes. Avec Étoile Noire, Luv Resval se donne les moyens de ses ambitions, sans pour autant donner l’impression de vouloir forcer le destin : en dehors des inévitables Alkpote et Savage Toddy, le rappeur n’a pas voulu s’appuyer sur de gros noms en featuring pour porter son projet vers le haut. Son univers reste ainsi parfaitement cohérent, lui qui s’est toujours présenté à son public en comité restreint -ses rares featurings se sont fait avec des artistes proches de ses aspirations, comme Freeze Corleone ou Diddi Trix. 

Avec un projet pensé en deux versions distinctes (Briseur-Monde en version digitale, et Nébuleuse en version physique), Luv Resval continue à mettre en place, semaine après semaine, les pièces composant son univers. Son aura artistique gagne progressivement en épaisseur, et surtout, son personnage est de mieux en mieux identifié. De la même manière que Dark Vador a suivi les enseignements de Palpatine pour maîtriser son côté obscur, Luv Resval a trouvé son propre Empereur (de la Crasserie) pour le guider. A quelques jours de la sortie de ce tant attendu premier album, Luv Resval a toutes les cartes en main pour quitter le statut d’étoile montante et devenir son seul maître à bord de l’Etoile Noire.

Ibrahima Diallo

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