Les habitants fondent en larmes en voyant les tombes de leurs proches enterrés dans l’usine où 19 personnes sont inhumées. Les familles accusent les Érythréens de les avoir exécutés début décembre.
Hagos, 66 ans, a perdu ses trois fils : « Les soldats ont pillé ma maison, pris mes enfants avant de les abattre ici. Ils m’ont interdit de les enterrer pendant deux semaines. Nous les avons inhumés sur place, car les corps étaient trop abimés. Ils avaient la vie devant eux. Je ne pardonnerai jamais. Je ne regarde même plus en direction de l’Érythrée. »
Les familles viennent se recueillir chaque jour sur ces tombes. Kahsa est presque aveugle, mais elle regarde l’endroit où sont enterrés deux de ses enfants, son frère et son neveu. Sa voix s’étrangle : « Ils les ont frappés et les ont emmenés. Mes enfants étaient tout pour moi. J’ai le cœur brisé. On voit encore souvent les Érythréens passer. Chaque fois ça nous terrorise. Je ne sais pas si on pourra revivre normalement. »
Des morceaux de taule se tordent dans le vent. L’usine a été entièrement pillée et détruite par les Érythréens. Gebrehiwot est l’un des gardiens : « Les soldats ont chargé tout ce qu’ils pouvaient sur des camions. Aujourd’hui, l’usine est détruite. On avait plus de 300 employés. Cette attaque a mis l’économie à terre et brisé nos familles. »
Les habitants ne s’attendent pas trop à obtenir un jour justice. Certains espèrent néanmoins que ce crime soit connu et que le site soit transformé un jour, en mémorial.