l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

(rfi.fr)Colombie: le cacao, outil de reconstruction pour les victimes de conflit.

 (rfi.fr)Colombie: le cacao, outil de reconstruction pour les victimes de conflit.

En Colombie, le cacao est devenu un outil de reconstruction pour les victimes du conflit armé. Grâce à la filière éthique et sociale d’un Français, des peuples indigènes et des victimes du conflit armé se reconvertissent en producteurs de cacao. Le cacao colombien ne représente pas plus de 4% du marché mondial, mais sa qualité attire les meilleurs chocolatiers du monde, et notamment des Français. Notre correspondante en Colombie, Najet Benrabaa, est allée à la rencontre de ces producteurs. Publicité

De notre correspondante en Colombie,

Ils font partie des peuples indiens de Colombie, sont Afro-Colombiens ou agriculteurs en zone de conflit armé. Tous ont été victimes de guerre de territoire, et ont dû abandonner leurs terres natales pour reconstruire leurs vies ailleurs. La production de cacao a été une issue de secours.

En ce début mai 2021, alors que le pays est le théâtre d’affrontements et de protestations sociales depuis plusieurs jours, Franck Berger, torréfacteur, pâtissier et chocolatier, est venu de Bourgoin-Jallieu en Isère pour rencontrer ces producteurs. Certains sont déjà ses fournisseurs, d’autres aspirent à le devenir.

Avec un autre Français, Grégory Le Heurt, ils ont parcouru trois régions en dix jours pour rencontrer les peuples indigènes Embera à Mutata, les Afro-Colombiens de Tumaco et les agriculteurs du Meta. Grâce à sa filière éthique et sociale La Finca Brava Sas, Grégory Le Heurt exporte du cacao dit « premium », c’est-à-dire de grande qualité, vers la France.

« Les prix du cacao sur le marché sont établis par les bourses de New York ou Londres. Ils ne prennent pas en considération les difficultés des producteurs ni leurs histoires. Même le cacao dit éthique, fair-trade, malgré une meilleure rémunération, ne le fait pas. La plupart des producteurs, avec lesquels je travaille, manquent de moyens, de savoir-faire. Mais, ils disposent de toutes les conditions pour produire un cacao d’excellente qualité. Mon rôle est donc de les accompagner et leur négocier les meilleurs prix. »

À Mutata, près de la ville d’Apartado, dans le nord-ouest de la Colombie, les peuples indiens Embera vivent, dans le parc national Paramillo, dans des villages faits de maisons de bois sur pilotis. Certains ont obtenu de l’aide d’ONG et ont pu construire des maisons en briques. Ce peuple a été chassé de son territoire ancestral par les groupes armés comme les FARC et les paramilitaires.

Pour Angelino Bailirin Bailirin, un producteur Embera de cacao, l’arrivée des Français représente l’espoir d’une meilleure vie. Ce père de famille travaille un champ de plus de mille cacaoyers. « On s’est installé ici en 1998 pour fuir les violences. Les groupes armés avaient tué des Embera. J’ai commencé le cacao, il y a trois ans, pour gagner un peu d’argent. Avant j’étais éleveur. Ça ne suffisait pas. C’est encore dur car pour le moment, on m’achète mon cacao à 1,50 euro le kilo. Si je peux le vendre à 2,50 euros aux Français, cela changerait ma vie. »

Dans le Meta, dans le sud du pays, les Français rencontrent Carlos Poblito Jhonson Guzman, 54 ans. Cet ancien producteur de feuilles de coca explique sa reconversion dans le cacao et le contrôle de l’ex-guérilla FARC de la région. Il raconte ses années de menaces et ses deux déplacements forcés depuis 1985, avant de s’installer à Granada dans la finca « la libertad-la liberté ».

« J’ai quatre hectares de cacaoyers et je produis douze tonnes de cacao par an. Avant, pendant six ans, j’ai fait de la feuille de coca. Mais ça ne payait plus. Et les groupes armés tentaient de me recruter. Ça devenait dangereux. Je n’ai jamais été intéressé par cette vie. Alors j’ai fui en 1985 quand j’avais 17 ans de la région du Tolima et puis de nouveau, en 1987, de la ville de Lejanias. J’ai rencontré ma femme et on fait du cacao depuis 16 ans. Maintenant, je voudrais exporter mon cacao pour un meilleur prix car malgré mes grosses récoltes, je ne couvre quasiment que mes coûts de production. »

Le torréfacteur-chocolatier Franck Berger, qui lui rend visite, vend 13 000 tablettes de chocolat par an et emploie neuf salariés. L’an dernier (2020), il a acheté cinq tonnes de cacao colombien alors qu’il a une liste de 24 fournisseurs à travers le monde. « J’ai décidé de mettre en avant le cacao colombien. Il faut savoir que la fève de cacao est originaire de Colombie. Sa qualité est exceptionnelle, très fine. C’est ce que recherchent les entreprises comme la mienne. Si je peux aider les producteurs en achetant du cacao, c’est encore mieux. » Pour 2021, sa commande est déjà faite. Ce sera de nouveau du cacao colombien.

kadi

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related post