Une délégation du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR) s’est rendue au Bangladesh pendant quatre jours, pour visiter les camps de réfugiés de Cox’s Bazar, où vivent 850 000 réfugiés Rohingyas et l’île de Bhashan Char. Quelque 18 000 réfugiés ont été relogés sur cette île au cours des six derniers mois. Plus de 4 000 d’entre eux se sont rebellés lors de cette visite pour protester contre leurs conditions de vie. Le HCR n’a pas souhaité s’exprimer mais a publié un communiqué et d’autres ONG font part de leurs inquiétudes sur les conditions de vie à Bhashan Char. Publicité
« De nombreux réfugiés nous ont dit qu’ils avaient été forcés d’aller sur cette île, explique Sultan Mohammed Zakaria, chercheur spécialisé sur l’Asie du Sud à Amnesty International, au micro de Mathilde Loeuille, du service International de RFI. Ce n’est donc pas un déplacement volontaire. Il y a eu de nombreux incidents. des familles ont été séparées. » Ces dernières semaines, des dizaines de réfugiés Rohingyas ont été arrêtés après avoir fui l’île bangladaise de Bhashan Char, un bout de terre inondable battu par les cyclones du golfe du Bengale.
Plusieurs milliers de réfugiés ont dénoncé lundi 31 mai les conditions de vie sur l’île lors d’une manifestation coïncidant avec la visite des représentants du HCR. Les réfugiés se sont « rebellés », ont lancé des pierres, brisé les vitres d’un entrepôt et endommagé des voitures, a rapporté la police. La plupart de ces réfugiés musulmans ont fui leur pays, la Birmanie voisine, en 2017, où une offensive militaire était menée contre eux avec une « intention génocidaire », selon les conclusions des enquêteurs de l’ONU.
Enquête indépendante
« Des hommes sont envoyés sur l’île et leur famille reste à Cox’s Bazar, par exemple, poursuit Sultan Mohammed Zakaria. En matière de services et d’équipement, toutes les organisations de défense des droits humains dont Amnesty International estiment qu’une enquête indépendante aurait dû être menée en amont pour vérifier si l’île était habitable, si les accès aux soins, à l’éducation, aux services d’urgence étaient bien assurés. »
Deux représentants du HCR, qui concluaient cette visite de quatre jours au Bangladesh mercredi 2 juin, ont également fait part, dans un communiqué, de leur inquiétude. Ils ont proposé de nouvelles discussions avec Dacca « pour assurer la protection des réfugiés » mais aussi pour évoquer « le futur engagement opérationnel » de l’agence de l’ONU à Bhashan Char.
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Rapatriement difficile à cause du coup d’État en Birmanie
Reconnaissant « un certain potentiel » à Bhashan Charen en tant qu’« alternative temporaire », « les aspects humains et la protection » des réfugiés doivent y être « pleinement pris en compte », a toutefois ajouté Gillian Triggs, Haut-Commissaire adjoint du HCR à la protection, rappelant que tout transfert sur l’île devait se dérouler « sur la base du volontariat ».
Saluant « l’esprit humanitaire » du Bangladesh, le HCR a souligné que le récent coup d’État militaire birman « rendait les perspectives de rapatriement volontaire à court terme plus difficiles ».
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