Un scrutin présidentiel a lieu en Iran le 18 juin prochain alors que cette semaine, à Vienne, débute un nouveau cycle de négociations pour tenter de relancer l’accord sur le nucléaire iranien. Publicité
Les questions économiques ont dominé le premier débat télévisé entre les sept candidats iraniens à la présidentielle, ce samedi 5 juin. Sujet vital pour de très nombreux Iraniens, dans un pays asphyxié par les sanctions rétablies par Donald Trump lorsqu’il a décidé en 2018 du retrait des États-Unis de l’Accord de Vienne.
Mais, dans les échanges entre candidats (5 ultra-conservateurs, 2 modérés), aucune mention des négociations organisées à Vienne depuis avril dernier pour tenter d’insuffler une nouvelle vie à l’accord garantissant le caractère civil des travaux nucléaire de la République Islamique. « On ne peut pas dire que le président détermine la politique nucléaire de l’Iran », précise l’universitaire Mehdi Zakerian, qui enseigne les droits de l’Homme et les relations internationales à l’université de Téhéran. « Le sujet revient au Conseil de sécurité nationale qui dépend indirectement du guide de la République islamique ».
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Retour des États-Unis dans l’Accord de 2015 ?
Le nouveau président iranien élu le 18 juin prochain (le 25 en cas de second tour) ne déterminera donc pas les grandes orientations en la matière. Le scrutin doit permettre de désigner un successeur au modéré Hassan Rohani. C’est pendant son premier mandat que l’accord nucléaire de 2015 a été conclu. Et c’est pendant son deuxième mandat, en 2018, que les États-Unis de Donald Trump ont quitté cet accord.
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Désormais, c’est Joe Biden qui est à la Maison Blanche et il souhaite redonner vie à l’accord dont le principe est simple : il s’agit de garantir que le programme nucléaire de l’Iran est un programme civil, qui ne peut pas servir à fabriquer la bombe atomique. Le problème, c’est que l’Iran a riposté lorsque les États-Unis ont quitté l’accord : Téhéran a fait tourner ses centrifugeuses et ses travaux nucléaires aujourd’hui débordent dangereusement du cadre d’un programme civil.
Un accord « à portée de main »
C’est pour tenter de ranimer cet accord que les signataires se retrouvent depuis quelques semaines à Vienne en Autriche : Iran, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne… en plus des États-Unis qui souhaitent donc revenir dans l’accord. Un sixième cycle de négociations débute cette semaine et le casse-tête est de savoir qui fait le premier pas : l’Iran pour renouer avec ses obligations nucléaires ? Ou les États-Unis pour lever les sanctions ?
« Plus on va dans le détail, plus on se rend compte que le diable est niché un peu partout, constate Benjamin Hautecouverture, maître de recherche à la Fondation pour la recherche Stratégique, qui énumère les sujets sensibles : « Quelles sanctions seront levées par les États-Unis ? Est-ce que les Iraniens peuvent être sûrs que les États-Unis ne se retireront pas une nouvelle vois de l’accord ? Est-ce que l’accord peut être conçu de manière plus pérenne que celui de 2015, notamment en incluant la question des missiles ? Que faire des centrifugeuses de nouvelle génération développées depuis deux ans par l’Iran : les détruire ou les remiser ? ». Selon Benjamin Hautecouverture, « Chaque étape, il faut un accord permettant d’arriver à la suivante ». La semaine dernière, un responsable européen a estimé qu’un accord était « à portée de main ». Sera-t-il conclu et annoncé avant le premier tour de la présidentielle en Iran le 18 juin ?
Inquiétudes de l’AIEA
Alors que l’Iran et ses interlocuteurs reprennent cette semaine leurs discussions portant sur cette minutieuse chorégraphie de désescalade, l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, tient ce lundi 7 juin une autre réunion, toujours dans la capitale autrichienne. L’AIEA surveille de près la situation de l’Iran et dans son dernier rapport, elle a redit ses inquiétudes. L’Iran dispose désormais d’un stock d’uranium enrichi 16 fois supérieur à la limite fixée par l’Accord de 2015. Inquiétudes aussi, car il reste des zones d’ombres sur les travaux nucléaires passés de l’Iran.
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