Une panne informatique géante a bloqué, hier, des centaines de sites internet à travers le monde, avec des répercussions sur des centaines de millions d’usagers connectés. Un incident qui interroge sur l’extrême fragilité de nos systèmes d’information. Publicité
Cette panne, déjà classée comme anodine par les experts du numérique, a tout de même créé une vague mondiale de stupeur. Car, au même moment, ont été paralysés des sites aussi divers que ceux de Deliveroo, la livraison de repas à domicile, CNN, le Monde, le Financial Times, le New York Times, de grands médias, des gouvernements, la Maison Blanche ou le gouvernement britannique. Mais aussi Spotify, Twitch ou Paypal pour ne citer que les plus parlants auprès du grand public. Tous ces sites sont des clients de l’entreprise Fastly à l’origine du bug. Cela a duré à peine une heure. Une heure, c’est court, mais assez long pour mettre la Bourse sur le qui-vive. Les investisseurs ont été d’autant plus émus que des grands médias étaient concernés.
A-t-on une idée des pertes engendrées ?
La Bourse a très vite retrouvé ses esprits et est passé à autre chose. Le désordre engendré par la panne avec les réactions d’incompréhension de la part des clients ou des usagers, les transactions annulées ou les informations arrivées avec retard ont sans doute généré plus de pertes pour les sociétés affectées que la panne en soi. On a découvert soudainement la face cachée de l’internet, c’est-à-dire l’existence des services créés spécialement pour fluidifier l’échange d’information. Le métier de Fastly consiste à accélérer la livraison des données via un réseau de serveurs disséminés dans le monde entier, au plus près des récepteurs, qu’ils soient les lecteurs du quotidien le Monde ou les sujets de la Couronne britannique cherchant à s’inscrire pour un vaccin anti-covid.
Fastly est une jeune société californienne qui a donc dans son portefeuille des centaines de clients à travers le monde
Ses ingénieurs ont rapidement identifié et corrigé le défaut, c’est pourquoi la Bourse ne lui en a pas tenu rigueur. Mais cette perturbation met en lumière l’extrême dépendance dans laquelle se trouvent ses clients. En dix ans d’existence cette entreprise est devenue un rouage indispensable à nos échanges numériques. Car, sans cet intermédiaire, il faudrait beaucoup plus de temps pour suivre une conférence en ligne ou regarder un film. Un délai devenu intolérable pour des usagers dopés à l’immédiateté et à la connectivité permanente. Seulement une poignée de sociétés maîtrisent la technologie des réseaux de diffusion de contenu développée dans les années 90 pour faire face à l’accroissement des données.
C’est la première fois qu’une entreprise de ce type connait une panne de cette ampleur.
Étant donné qu’elles ne sont que trois ou quatre à effectuer cette tâche, elles apparaissent aujourd’hui comme des maillons faibles de l’architecture de l’internet : si elles étaient la cible d’une cyberattaque, cela pourrait entraîner un chaos monstrueux à travers la Terre entière. D’autant plus que la quantité des données échangées augmente de façon exponentielle. D’après une étude du cabinet IDC, on générera dans les trois ans qui viennent plus de données que lors des trois décennies passées. L’internet, qui semble aujourd’hui si vulnérable, devrait être considéré comme un service critique à l’instar du transport ou de l’électricité. Un service nécessitant des mesures spécifiques de sécurité suggère une experte britannique de cybersécurité. D’après elle ce problème global doit être traité au niveau du G7.
EN BREF
L’État de l’Ohio veut transformer Google en service public
Cet État américain estime que le moteur de recherche doit être soumis aux mêmes régulations que les réseaux d’électricité ou les chemins de fer. Son procureur général a donc lancé une procédure pour requalifier son statut. Une initiative sans précédent qui s’ajoute aux multiples plaintes déposées contre le géant du numérique accusé souvent d’abus de position dominante.