Pour le deuxième tour des élections régionales, c’est, en effet, encore l’abstention le premier parti de France. Les analystes se penchent sur les raisons pour lesquelles les électeurs ont boudé les urnes, mais disent ne pas trouver. Le taux d’abstention s’est élevé à 66% ce dimanche, c’est à dire que nous avons sensiblement le même résultat que pour le premier tour des élections régionales avec 66,7%. Mais, ces abstentions représentent un record si on compare les années précédentes. En 2015, le taux d’abstention au second tour s’élevait à 41.6%, contre 48.8 % en 2010. Pourtant, le président français continue de snober les Français.
«Les électeurs n’ont rien voulu dire». «Pour le président [français], aucun enseignement national ne peut être tiré de ce scrutin local marqué par une forte abstention et une prime aux sortants», explique BFMTV qui bichonne depuis le début l’ascension d’Emmanuel Macron à la tête du pays. Alors, à la rédaction de cette station, on explique que les électeurs non rien voulu dire car ils n’ont pas voté: «Qu’ont voulu dire les électeurs? Rien car ils n’ont pas voté! Les sortants sont tous réélus», commente un conseiller. Rien, il n’y a rien à voir et il ne faut rien voir. Il ne faut pas toucher au candidat Macron qui postule à sa réélection en 2022 et il ne faut pas remettre en cause le système politique en France.
En somme, l’avis des Français, même après ce nouveau record d’abstention au second tour ne compte pas. Pourtant, si les Français n’ont pas voté, c’est qu’ils ont bien lancé un message clair à l’élite politique du pays: «Vous nous représentez pas! Vos intérêts politiques ne servent pas nos intérêts au quotidien! Votre système politique ne fait pas marcher le pays! Vous n’avez pas su gérer la crise sanitaire!»
«C’est une manière de snober les Français». BFMTV, le média, encore celui, du président explique aux Français qu’ avec les élections régionales, «il n’y a aucun impact sur la présidentielle car ces deux élections sont complétement déconnectées». Circulez, il n’y à rien voir. En effet, le président français continue sa vie politique et ses activités comme si de rien n’était: «Ce lundi soir, Emmanuel Macron recevra 150 patrons à Versailles, inaugurera mardi les locaux de la banque JP Morgan». Le président français ferme les yeux sur ces deux élections et, donc, s’en moque: «Son “tour de France”, démarré avant les régionales, se poursuivra jusqu’à la mi-juillet, illustration de sa volonté d'”enjamber” le scrutin qui s’est avéré, comme prévu, impitoyable pour LaREM».
Pour Chloé Morin, politologue attachée à la Fondation Jean-Jaurès, on ne peut rien ou presque rien conclure de ces élections pour la présidentielle, car «les candidats mis en échec, Le Pen, Macron ou Mélenchon, restent les candidats les mieux placés dans les intentions de vote» et «les élections sont de plus en plus déconnectées les unes des autres». Cependant, le chef du service politique de BFMTV, Philippe Corbé, constate qu’avec 15 ministres alignés tous battus, deux ministres arrivés quatrièmes au second tour, ne pas tirer de leçon de ce scrutin, c’est une manière de snober les Français.
Ce nouveau scrutin a été marqué par une abstention record. La droite et la gauche conservent leurs régions et les espoirs de LaREM et du RN sont violemment contrariés. Dans ces régionales 2021, la droite confirme son avance, la gauche résiste, le RN recule et LaREM ne pèse pas, souligne Le Figaro. Avec 38% des voix à l’échelle nationale selon les premières estimations, Les Républicains et leurs alliés apparaissent comme la première force politique à un an de la présidentielle». Le président français snobe, en effet les Français dans son attitude à fermer les yeux sur les résultats très mauvais pour son mouvement politique. En allant à Versailles ou dans les nouveaux bureaux de JP Morgan avec une caste financière alors que la crise sanitaire a envoyé les Français dans les cordes du ring de la vie, juste après ces deux défaites du système démocratique français, cela devrait bien avoir un impact sur la présidentielle 2022, du moins si la France est encore un Etat souverain.
En outre, Gérard Collomb, l’ancien ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron estime, tout en dénonçant son exclusion par LaREM pour ces régionales, que l’émergence de Xavier Bertrand, comme troisième voie à la présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, représente un risque pour l’actuel président car Emmanuel Macron n’a pas créé «une nouvelle dynamique» et un «rassemblement».
Philippe Rosenthal