l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

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(rfi.fr)«L’Afrique doit être représentée au Conseil de sécurité de l’ONU par des membres permanents»

 (rfi.fr)«L’Afrique doit être représentée au Conseil de sécurité de l’ONU par des membres permanents»

Alors que le mandat de la Minusma a été renouvelé mardi 29 juin à l’ONU, Christoph Heusgen, l’ambassadeur allemand aux Nations unies, qui prend sa retraite et quitte l’organisation ce mercredi 30 juin, revient sur l’engagement de l’Allemagne au Sahel et en Afrique. Il explique aussi à notre correspondante à New York, Carrie Nooten, où en sont les développements les plus récents de la réforme du Conseil de sécurité.  Publicité

RFI : Douze Casques bleus allemands ont été blessés juste au début du week-end dans la région de Goa. Après le départ des forces allemandes d’Afghanistan, le Mali sera le pays de la planète où l’Allemagne sera la plus engagée ?

Christoph Heusgen : Nous sommes engagés au Mali, nous sommes engagés dans les opérations de la Minusma, de l’ONU. Nous avons près d’un millier de soldats à la Minusma, et une centaine d’hommes au sein des équipes européennes de formation. Tout cela dépend des mandats donnés par le Parlement allemand aux troupes allemandes avant qu’elles ne partent en mission. En ce qui concerne la force Takuba, on l’encourage, on la soutient politiquement, mais bien sûr, pour que nous y participions activement, il faudrait une décision politique, de la part de notre Parlement.

Le Soudan est aussi devenu une zone d’importance pour l’Allemagne à l’ONU ?

Absolument ! L’Allemagne est impliquée au Soudan, mais de manière générale, l’Allemagne est impliquée dans son voisinage et celui de l’Europe. Car la stabilité des régions aux alentours est importante pour la stabilité européenne. Nous avons maintenant Volker Perthes, qui est le représentant spécial de l’ONU à Khartoum, mais nous avions déjà levé des fonds pour ce pays, ce qui montre que nous étions déjà impliqués politiquement. En ce qui concerne la Libye, nous avons organisé l’an dernier la conférence qui a permis d’aboutir à un cessez-le-feu, d’engager un processus politique de sortie de crise, et de fixer des élections pour la fin de l’année. S’impliquer dans notre voisinage est vraiment dans l’intérêt de l’Europe ou de l’Allemagne.

Enfin, vous êtes un fervent supporter d’une réforme du Conseil de sécurité ; les membres de l’Union africaine, eux, y seraient également favorables, et aimeraient voir deux sièges alloués au Continent africain. Où en est-on de cette réforme ?

Nous croyons que cet organe de l’ONU a besoin de refléter la réalité du XXIe siècle. La dernière fois qu’il a été réformé, c’était dans les années 60. Depuis, le monde a changé. Sa légitimité dépend de sa composition et c’est pour cela que nous pensons que l’Afrique doit y être représentée par des membres permanents. Cette question a été à l’agenda de l’Assemblée générale depuis des décennies. Mais le processus actuel a démarré il y a 13 ans, et depuis, nous avons tourné en rond. Cette année, avec nos alliés et nos amis, nous avons dit que cela ne pouvait pas continuer ainsi. Nous voulons entamer de vraies négociations, nous voulons nous rapprocher d’une proposition écrite qui pourrait être mise au vote.

Les progrès que nous pensions pouvoir réaliser cette année ne serons finalement pas possibles. Malheureusement, des forces qui sont très satisfaites de ce statu quo, en particulier la Chine et la Russie, essaient de bloquer nos progrès. Nos amis chinois – et même nos amis russes -, n’hésitent pas à intervenir auprès des capitales pour mettre la pression sur les pays.

► À lire aussi : Le Conseil de sécurité toujours divisé sur le Tigré, où la situation empire selon l’ONU

Ce n’est pas la première fois que la Chine bloque toute velléité de discussion à propos d’un élargissement du Conseil. Il y a 7 ou 8 ans, Pékin avait fait pression sur la Jamaïque pour enterrer l’affaire à l’Assemblée générale. Cette année, il semble que la Chine ait fait passer le message via des pays africains ?

Les Chinois font peser une énorme pression sur l’Afrique. Ce qu’on a vu se passer avec mon homologue jamaïcain que vous avez mentionné, on l’a vu se répéter avec notre collègue de Zambie, et cette année, avec celui de Sierra Leone. Un collègue africain m’a demandé : « Christoph, peux-tu m’aider à faire descendre le gorille de 500 kilos qui s’agrippe à mon dos ? ».

La Chine pousse beaucoup et il faut surmonter cela. Mais on a vu aussi à l’Assemblée générale l’Afrique du Sud se lever et dire « nous avons besoin de négociations sur texte ! », ou le Nigeria qui a admis que l’harmonie ne serait peut-être pas possible, et qu’on n’avait pas forcément besoin d’un consensus. Donc il y a des voix qui s’affermissent et disent « Nous voulons y aller ! ».

Au sein de l’Assemblée générale, on a vu deux années de suite de nombreux diplomates africains prendre position pour Pékin, à chaque session sur les droits de l’homme concernant le Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Ils ont tous lu des communiqués qui semblaient rédigés par la Chine-elle même. Et cette année, c’est vous, l’Allemagne, qui avez emmené le groupe des 39 pays se disant « inquiets » de la situation des droits de l’homme au Xinjiang et à Hong Kong. Est-ce inquiétant de voir autant de pays africains se faire dicter leur conduite à l’ONU ?

Je suis totalement contre ce chantage ! Ils sont soumis à de fortes pressions venant de l’extérieur. Et je pense que nous devons regarder comment aider les pays africains à surmonter la pression, faire parler leurs ambitions, et refléter ce que les populations africaines veulent. Parce qu’elles veulent vraiment une meilleure représentation de l’Afrique au Conseil de sécurité.

► À lire aussi : Le Kenya entre au Conseil de sécurité de l’ONU pour deux ans

kadi

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