Le procès de l’ex-leader du parti d’extrême droite et ancien vice-chancelier, Heinz-Christian Strache s’ouvre ce mardi 6 juillet. Il est poursuivi pour corruption pour un dossier qui a suivi la révélation d’une sombre affaire de financements occultes, que l’on a surnommé à Vienne l’Ibizagate. Publicité
De notre correspondante à Vienne,
Le tribunal régional de Vienne juge, à compter de ce mardi 6 juillet et toute cette semaine, Heinz-Christian Strache. Leader du FPÖ de 2005 à 2019. Il a façonné le parti d’extrême droite jusqu’à le conduire au gouvernement en 2017, aux côtés des conservateurs de Sebastian Kurz.
Mais en mai 2019 éclate le scandale de l’Ibizagate qui le force à démissionner de ses fonctions, à la fois de vice-chancelier et de chef du parti. L’Ibizagate, c’est la révélation d’une vidéo tournée en caméra cachée en 2017 sur l’île d’Ibiza où on le voit prêt à se compromettre auprès d’une pseudo nièce d’oligarque russe, en échange de financements occultes.
Ce scandale a non seulement mit fin à cette coalition mais a aussi provoqué l’ouverture d’enquêtes. Dans le cadre de l’une de ces enquêtes, le téléphone d’Heinz-Christian Strache a été saisi, des conversations SMS consultées, ce qui a conduit à l’affaire pour laquelle il est jugé aujourd’hui.
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Corruption
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Heinz-Christian Strache est jugé pour « corruption ». Il est soupçonné d’être intervenu lorsqu’il était au pouvoir en 2018 pour faire rattacher la clinique privée d’un de ses amis à la sécurité sociale autrichienne, en modifiant une loi, ce qui était avantageux pour cet établissement spécialisé dans la chirurgie esthétique. Or cet ami était un donateur du FPÖ, il avait fait un don de 10 000 euros au parti.
Du point de vue du parquet anticorruption, ce don démontrerait l’existence d’un « achat de loi », en clair un don contre une loi favorable. L’exploitant de la clinique est lui aussi jugé cette semaine, les deux hommes encourent une peine de six mois à cinq ans de prison et nient les faits qui leur sont reprochés.
Fausses factures
À la suite de l’Ibizagate, plusieurs enquêtes ont été ouvertes. Certaines sont aujourd’hui classées mais d’autres toujours en cours. Heinz-Christian Strache est notamment soupçonné d’avoir produit de fausses factures pour faire régler des dépenses personnelles par le FPÖ. C’est en partie en raison de ces affaires qu’il n’est pas réellement revenu à la vie politique. Il a tenté en se présentant aux municipales de Vienne l’an dernier mais n’a obtenu que 3,3% des voix.
Enfin, il faut préciser que certaines de ces enquêtes concernent aussi le parti conservateur ou des proches de ce parti. Conséquence : les Autrichiens sont très pessimistes concernant leur pays. Selon un récent sondage, 39% d’entre eux jugent que la politique autrichienne est « plutôt » affectée par la corruption, 48% jugent qu’elle l’est « très fortement ».
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