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(observateurcontinental)La France ne domine pas les mers?

 (observateurcontinental)La France ne domine pas les mers?

Historiquement, la Grande-Bretagne était censée régner sur les mers. La France, avec tous ses grands souverains, à commencer soit par Napoléon, soit par Louis XIV, a dû constamment perdre des territoires d’outre-mer. Cependant, jusqu’à présent, sous son contrôle, direct ou indirect, de nombreuses zones restent, presque, sur tous les océans. Depuis des temps très anciens, même après cinq Républiques et deux Empires, environ un tiers de toute la région du Pacifique reste sous la juridiction de Paris.

Fin juillet 2021, le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Polynésie française dans le Pacifique. Sa visite officieuse ne visait pas seulement à régler les conséquences des essais nucléaires de Paris dans ce département de France, effectués de 1966 à 1991. L’actuel chef de la Ve République est impatient de percer parmi les dirigeants de l’UE, ce qui est lié au Brexit et au départ de la chancelière allemande, Angela Merkel, qui est depuis 16 ans sur la grande scène politique. De ce point de vue, ce renforcement des positions françaises dans la région du Pacifique acquiert des traits marquants de la mondialisation. 

Emmanuel Macron prépare clairement la formation d’une sorte de communauté interrégionale pro-française, comme alternative à la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) dans laquelle la France n’est pas autorisée à ce jour, et ce, malgré le fait que la France possède près de la moitié de toutes les îles du Pacifique Sud et Central.

Mais l’activité militaro-politique croissante de la France dans le Pacifique n’est pas due uniquement à ce fait. Cela s’explique aussi par le fait que les grands territoires français de ce bassin – la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie – figurent depuis longtemps sur la liste des territoires non autonomes de l’Onu.

Dès les années 1960, le général de Gaulle, président de longue date de la France d’après-guerre, proposait de créer une association des pays du Pacifique, avec la participation de tous les pays d’une si vaste région. De plus, il a été proposé, dans le cadre d’une telle association, la reconnaissance officielle de l’inviolabilité des frontières terrestres et maritimes par tous les pays de la région. Bien sûr, cela rendrait initialement illégitimes les revendications territoriales du Japon sur un certain nombre d’îles de l’URSS (Russie) (Kuriles du Sud), de la Chine (Daoyu Dao), de la Corée (Dokdo). 

Les Etats-Unis et leurs alliés régionaux (Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, Corée du Sud, Taïwan), pour des raisons évidentes, ont d’abord fait obstacle à ce projet. A la fin des années 80, ils ont initié la création de l’APEC (1989), en dehors de laquelle il ne reste plus que la France dans le Pacifique. Outre la puissance de la France, tous les pays insulaires du bassin, comme le Cambodge, le Laos (soit dit en passant, les anciens protectorats de Paris), la République du Timor oriental, sont toujours en dehors de l’APEC. En dehors de l’APEC et situés sur la côte est de l’océan Pacifique, nous trouvons le Guatemala, Le Salvador, Panama, le Honduras, le Costa Rica, la Colombie, l’Equateur.

Dans cette liste de «refuseniks», la présence du Panama est, particulièrement, caractéristique bien que ce soit le canal de Panama qui relie l’Atlantique à l’océan Pacifique à cette structure seulement en 1998. Il y a plusieurs années, Paris a soutenu les propositions des onze pays insulaires de la région sur l’opportunité d’inclure tous les pays du Pacifique dans l’APEC. Mais, ces initiatives continuent de manquer de soutien aux Etats-Unis et ses alliés régionaux. Cela se produit en raison des craintes que l’adhésion de l’île et d’autres pays mentionnés à l’APEC, dont la France, n’ébranle la politique étrangère et le «monopole» économique extérieur des Etats-Unis dans le bassin Pacifique.

Le renforcement de la position de Paris dans la région a été facilité par les résultats du référendum en Nouvelle-Calédonie française en octobre 2020 où la majorité de la population s’est prononcée en faveur du maintien du statut français de cet archipel. Malgré le soutien de longue date du séparatisme anti-français, non seulement ici, mais aussi dans d’autres territoires étrangers de Paris, la France n’éparpille pas ses fragments.

Les revendications d’Emmanuel Macron pour endosser le rôle du nouveau Napoléon ou de De Gaulle, même parmi la majorité des Français, ne suscitent que de l’ironie. Néanmoins, sa visite en Polynésie française, selon de nombreux experts, est une sorte de signal de Paris sur la réanimation du projet gaullien du Pacifique. 

Plus précisément, dans la situation actuelle, Observateur Continental parle d’un projet de bloc politique et économique régional qui comprend la France avec ses territoires du Pacifique et tous les autres pays de la région qui ne participent pas à l’APEC. A cet égard, l’activité croissante de la Ve République dans la région a été constatée par le Japan Institute of International Affairs: «Les actions de la France sont particulièrement perceptibles dans la région Pacifique qui compte des territoires comme, par exemple, la Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique Sud où des milliers de soldats, de navires et d’avions sont stationnés».

Le 8 février, la France a envoyé un sous-marin nucléaire offensif en mer de Chine méridionale.

Déjà fin juin, les missions successives HEIFARA puis WAKEA de la France ont montré la détermination et la capacité des armées françaises à se projeter vite et loin pour défendre les intérêts de la France partout dans le monde. En particulier, au moins 20 avions de combat polyvalents Rafale peuvent être transportés de France vers cette région en seulement 48 heures: «WAKEA illustre l’importance et la robustesse du partenariat entre les deux armées de l’Air (avec l’US Air Force), au cœur du carrefour stratégique qu’est la zone indopacifique». 

La confirmation des ambitions de Paris sur le Pacifique se traduit par l’existence d’un plan similaire français qui est déjà mis en œuvre dans le bassin de l’océan Indien. Rappelons, encore une fois, qu’historiquement la France s’est frayé un chemin vers l’Asie, surtout du Sud-Est, plutôt par l’océan Indien. Au printemps 1984, à l’initiative de la France, la Commission de l’océan Indien (COI) a été créée. Cela comprend trois territoires insulaires français dans le secteur sud-ouest de ce bassin (Mayotte, La Réunion, Eparse), Madagascar (Ex-territoire français), la République des Comores, ainsi que l’ïle Maurice et la République des Seychelles. 

La France est un Etat maritime et insulaire indopacifique, la deuxième puissance maritime mondiale. Aujourd’hui, il est prévu d’entrer dans les années à venir dans ce bloc politique et économique du «territoire français australe» (Îles Kerguelen, Saint-Paul, Crozet, Amsterdam au sud de l’océan Indien), du Mozambique, de la République d’Afrique de l’Est de Djibouti (ex-partie française de la Somalie). Lors de la conférence du CIO à Saint-Denis (Réunion française), fin octobre 2019, sur l’intégration régionale, Emmanuel Macron a décrit précisément les plans interocéaniques de la France: «(..) L’Indopacifique s’étend des rivages de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe jusqu’aux côtes américaines et nous parlons là d’un espace qui représente aujourd’hui plus de 22% de la richesse mondiale et qui en représentera bientôt 25 %, d’un espace qui est au cœur de tous les flux commerciaux internationaux».

houssainatou

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