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(rfi.fr)Afghanistan: de Kaboul au Panshir, quelle résistance face aux talibans?

 (rfi.fr)Afghanistan: de Kaboul au Panshir, quelle résistance face aux talibans?

Pendant que les évacuations se poursuivent à l’aéroport de Kaboul, dans plusieurs villes afghanes des opposants aux talibans sont sortis dans la rue pour les défier. Dans la vallée du Panshir, à deux heures de route au nord-est de la capitale, la résistance s’organise. Le Panshir est l’ultime bastion qui tient encore tête aux talibans. Publicité

En onze jours d’une offensive éclair qui a fait tomber la quasi-totalité du pays aux mains des talibans, une seule province y a échappé : la vallée du Panshir. C’est une zone escarpée, montagneuse, très difficile d’accès. Une forteresse imprenable que ni les Soviétiques ni les talibans n’ont jamais réussi à conquérir.

C’est donc dans le Panshir qu’une résistance aux talibans s’organise, a souligné ce jeudi 19 août le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, appelant à des pourparlers en vue d’un « gouvernement représentatif » en Afghanistan. 

Ahmad Massoud, le fils du commandant Massoud, héros de la résistance anti-soviétique assassiné en 2001 par al-Qaïda, a été rejoint dans le Panshir par l’ex-vice-président afghan Amrullah Saleh. Se disant « prêt à marcher sur les traces de [son] père », il a réclamé l’aide de Washington, un soutien en armes et en munitions, dans une tribune publiée dans le Washington Post, suppliant : « Vous êtes notre dernier espoir. »

Ahmad Massoud affirme avoir suffisamment de combattants pour s’opposer aux insurgés et avoir été rejoint par des soldats « dégoûtés par la reddition de leurs commandants ».

« Un grand nombre de familles de déplacés ont rejoint les rangs de la résistance »

« Pour le moment il n’y a pas de combats, ni d’attaques contre la province du Panshir, affirme à RFI Mahdi, engagé auprès de la population dans la province. Ceux qui prennent part à la résistance sont bien entendu les habitants de la région, dont l’écrasante majorité possède des armes et ce depuis des décennies. Ensuite nous avons des soldats, d’anciens membres des forces armées qui se sont repliés dans le Panshir, après avoir abandonné leurs zones soumises aux attaques acharnées des talibans. Enfin, un grand nombre de familles de déplacés ont rejoint les rangs de la résistance. Des familles qui ont trouvé refuge dans la Vallée du Panshir après avoir fui les autres provinces afghanes. »

Selon Mahdi, « il est plus que probable que si les talibans s’installent durablement au pouvoir, forment un gouvernement et imposent leurs lois, qu’il y ait un afflux encore plus important de déplacés en provenance du reste de l’Afghanistan dans la province de Panshir, et qui viendront rejoindre le mouvement de résistance. » 

« Nous ne pouvons pas y arriver seuls »

La province, située à deux heures de route de la capitale Kaboul, a en effet accueilli depuis début mai des milliers de déplacés des provinces tombées les unes après les autres sous le contrôle des talibans. La grande majorité des fugitifs qui ont dû parcourir des centaines de kilomètres à pied, sont actuellement hébergés dans leur très grande majorité par les habitants des villages de la vallée et endurent des conditions humanitaires et sécuritaires difficiles.

« Il y a un vrai problème, alerte Mahdi. La province du Panshir est encerclée par les talibans et à chaque instant on peut se retrouver assiégé et confronté à une attaque d’ampleur. Les talibans peuvent couper les routes dans le but d’empêcher l’approvisionnement de la province en aide, notamment humanitaire. Et si cela venait à arriver, nous aurions à faire face à un problème gravissime, celui du manque de nourriture, qui risquerait de mettre en danger la vie des gens. »

« L’espace aérien est ouvert, poursuit-il. Il est donc possible pour les avions des pays voisins d’acheminer de l’aide. Nous continuons à avoir beaucoup d’espoir, mais nous ne pouvons pas y arriver seuls. Nous avons besoin de l’aide et du soutien des autres pays. C’est une cause commune, contre l’injustice, le mal, contre l’oppression. Et il ne s’agit pas uniquement de l’Afghanistan, cela concerne le monde entier. Nous avons absolument besoin d’une aide urgente. »

Manifestations de défiance

Par ailleurs, des heurts continuent à travers le pays quelques jours après la prise de pouvoir des talibans et des personnes sont mortes lors de manifestations contre l’organisation islamiste.

À Asadabad, dans l’est, des Afghans ont brandi le drapeau national noir, rouge et vert, ce jeudi, jour du 102e anniversaire de l’indépendance de l’Afghanistan. Un moyen de braver les talibans qui ont imposé leur drapeau blanc sur les bâtiments publics.

Dans la capitale, Kaboul, environ 200 personnes ont, eux aussi, défié les talibans lors d’un rassemblement en brandissant également le drapeau national jeudi. Dans ces manifestations, les protestataires entonnent en outre des chants nationalistes, anti-pakistanais. Un rassemblement similaire mercredi à Jalalabad avait été dispersé à coups de feu.

Les talibans, eux, ont évoqué dans un communiqué en ce jour de fête nationale la « grande fierté pour les Afghans que leur pays soit aujourd’hui sur le point de retrouver son indépendance après l’occupation américaine ».

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Le nouveau régime a ordonné jeudi sur Twitter la libération de « tous les détenus politiques […] sans aucune restriction ni condition ».

Chasse aux opposants

Selon un rapport confidentiel de l’ONU, les talibans recherchent activement des personnes ayant travaillé avec les forces étrangères, les plus menacés étant les gradés de l’armée, de la police et du renseignement afghans.

« Nous nous attendons à ce que les individus ayant travaillé pour les forces américaines et de l’Otan et leurs alliés, ainsi que les membres de leurs familles, soient menacés de torture et d’exécutions », a déclaré Christian Nellemann, directeur du Centre norvégien d’analyses globales, une organisation fournissant des rapports de renseignement aux agences onusiennes.

Le rapport indique que les talibans, munis de « listes prioritaires » filtrent les personnes allant à l’aéroport de Kaboul, et ont mis en place des points de contrôle dans les plus grandes villes du pays.

À lire aussi : L’Afghanistan des talibans, du discours à la pratique du pouvoir

kadi

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