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(observateurcontinental)La nouvelle année 2022 et la sécurité européenne

 (observateurcontinental)La nouvelle année 2022 et la sécurité européenne

2021 a été riche en événements négatifs pour la sécurité européenne. Le monde a été témoin de l’effondrement du système du traité Ciel ouvert, de la discorde américano-française autour de l’AUKUS, de la rupture du dialogue officiel entre la Russie et l’Otan, de la crise migratoire à la frontière polono-biélorusse. 

Pour les pays occidentaux, l’année a été une période de recherche stratégique. Depuis la fin de 2019, l’Otan développe un nouveau concept, et en juin 2021, lors d’un sommet à Bruxelles, au grand dam des sceptiques, il a été possible de s’accorder sur l’agenda Otan 2030 – dans lequel de larges formulations et une hiérarchie immédiate des menaces doit encore être clarifiée, mais de nouveaux projets ont déjà été annoncés dans le développement d’armes, la lutte contre le changement climatique, l’augmentation de l’interopérabilité.

En parallèle, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a exposé le lundi 15 novembre 2021 les orientations stratégiques de la politique de sécurité et de défense commune de l’UE. La dialectique de l’atlantisme et de l’européanisme s’est adoucie après l’arrivée au pouvoir de Joe Biden aux Etats-Unis, mais les intérêts européens et les lignes rouges restent importants pour les relations transatlantiques. La France a pris la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne le 1er janvier 2022 et dans ce domaine Emmanuel Macron s’y sent très à l’aise.

Le 9 décembre 2021, les dispositions du programme de Paris ont été promulguées sous la devise «Relance, puissance, appartenance». La France, comme prévu, comme Observateur Continental l’avait rapporté, réitère son appel au renforcement de la souveraineté européenne: «L’objectif de notre présidence de l’UE est de rendre l’Europe plus souveraine».  La rhétorique du projet concerne maintenant l’ensemble de l’UE.

Les objectifs de la présidence française, non explicitement formulés, mais lisibles, sont de rendre l’UE plus gérable et responsable envers ses membres avec de nouvelles règles générales pour renforcer le potentiel de mobilisation, améliorer la compétitivité et la sécurité de l’UE dans un monde aux défis croissants.

Paris propose de réformer l’espace Schengen et de durcir la législation sur l’immigration, un sujet douloureux de l’UE depuis 2015, qui s’est à nouveau aggravé ces derniers mois, mais une tâche ambitieuse dont le réalisme est légèrement supérieur après le départ à la retraite d’Angela Merkel en Allemagne. 

Par ailleurs, l’Elysée appelle ses collègues à revoir les plafonds des déficits budgétaires de l’époque de Maastricht pour pallier les conséquences de la pandémie et enfin introduire une taxe carbone aux frontières de l’UE. Cette taxe permet d’obtenir une nouvelle source de revenus et de fournir une responsabilité supplémentaire pour la mise en œuvre des objectifs verts par les pays membres.

L’accélération prévue de l’adoption des lois sur les services numériques et les marchés numériques, élaborée par la Commission européenne fin 2020, vise également à unifier les législations communes et à consolider la position européenne dans le monde. En d’autres termes, le ministère français des Affaires étrangères est assez sobre dans son évaluation des domaines prioritaires et des vulnérabilités de l’UE et se concentre sur eux, mais à une exception près.

Une priorité particulière de la présidence française est de renforcer les capacités de défense de l’UE. En marge, des diplomates français notent que l’adoption de la «Boussole stratégique» – lancée sous présidence allemande – début 2022 est une tâche fondamentale, faute de quoi le processus risque d’être complètement enterré. Avec un degré de probabilité élevé, il en est ainsi: la première phase du développement du plan, touchant l’élaboration d’une liste générale des menaces, a duré un an et consistait en des dizaines de réunions, de tables rondes avec la participation d’experts de premier plan, mais un document n’a jamais été publié. La question se pose, donc, sur la faisabilité de cette «Boussole stratégique».

 Le président français, principal idéologue et fervent partisan de l’autonomie stratégique de l’UE, tente depuis cinq ans de mobiliser les autres membres pour l’autosuffisance en matière de sécurité. Avec sa participation directe, le Mécanisme de coopération permanente structurée de défense (PESCO) où la France est leader en nombre de projets mis en œuvre, mais aussi l’Initiative européenne d’intervention, qui ne s’est pas encore justifiée, ont été lancés. Même si l’on ne se focalise pas sur la tradition et les ambitions de la politique étrangère française, la France reste un grand exportateur d’armes, une puissance nucléaire où le complexe militaro-industriel est étroitement lié à l’Etat.

La mise en œuvre de l’agenda 2022 est également une question de gain politique immédiat alors que la France entre dans un nouveau cycle électoral. Le sommet de l’UE aura lieu les 10 et 11 mars 2022 à Paris, un mois avant les élections, et deviendra en tout cas une partie de la campagne et un test pour la réputation du leader actuel. Emmanuel Macron n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature dans la course présidentielle, mais s’est activement engagé dans l’autopromotion puisque des politiciens de droite plus ou moins radicalisés sont prêts à profiter de ses défaites pour gagner des points supplémentaires.

La recherche d’alliés semble être d’une importance capitale pour la victoire au niveau européen et le ministère français des Affaires étrangères a déjà commencé à travailler sur ce dossier. En 2016-2017, le lancement de nouvelles initiatives a été prédéterminé par le soutien de l’Allemagne et des pays d’Europe centrale et orientale. Le changement de gouvernement à Berlin aura sans aucun doute un impact sur le cours de l’Allemagne. D’une part, suite aux résultats de la première visite du nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, à Paris le 10 décembre 2021, les parties ont annoncé la proximité de leurs positions et une volonté commune de renforcer l’Europe.

En revanche, la coalition avec les sociaux-démocrates est composée des Verts et des libéraux (FDP) qui, eux, ne sont pas du tout partisans d’une implication excessive dans les questions sécuritaires. Par conséquent, une intensification du dialogue avec l’Italie et l’Espagne est probable. L’accord de coopération militaire conclu à l’automne 2021 avec la Grèce participant activement à l’initiative de défense de l’UE – Coopération structurée permanente (Pesco) – peut aussi aider Paris.

Obtenir le soutien des petits pays est plus difficile. Bien que le projet européen ne soit pas une alternative au projet transatlantique, la formation d’une liste commune de menaces est également un objectif et un problème primordial pour l’Otan. Comme évoqué plus haut, c’est autour de cette organisation que tournent les disputes puisque la hiérarchie détermine la répartition des ressources matérielles.

Les pays d’Europe de l’Est, partant de la nécessité d’affronter la Russie, mais n’en ayant pas les moyens, se comporteront en opposants naturels aux initiatives françaises dans l’UE, tandis que Paris, Rome et Madrid s’opposeront à eux et aux Etats-Unis dans le dialogue transatlantique. La difficulté de jongler entre deux conversations sur la même chose avec un casting de participants légèrement différent relève la barre pour Emmanuel Macron. Mais ses enjeux sont également élevés et la politique étrangère de la France devient l’un des sujets les plus intéressants de l’année à venir.

houssainatou

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