l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

(observateurs)Comment les yachts d’oligarques russes visés par des sanctions fuient l’Europe pour la Turquie

 (observateurs)Comment les yachts d’oligarques russes visés par des sanctions fuient l’Europe pour la Turquie

Plus de deux mois après le début de la guerre en Ukraine, qu’est-il advenu des yachts des hommes d’affaires et politiques russes visés par les sanctions européennes et américaines ? Des enquêteurs en ligne utilisent les informations disponibles sur Internet pour suivre la trace de leurs navires. Ils expliquent que de nombreux yachts ont réussi à fuir les eaux européennes vers la Turquie. D’autres sont même allés se réfugier en Russie.

Baie de Yalikavak en Turquie, le 24 avril : des touristes hollandais se prennent en selfie devant le My Solaris, un superyacht, qui détonne dans le paysage avec ses 140 mètres de long : c’est celui de Roman Abramovitch, l’ancien patron du club de foot de Chelsea, et oligarque sous sanctions européennes depuis le 15 mars.

Lorsqu’ils se déplacent, les navires utilisent des transpondeurs AIS pour signaler leur position GPS, et éviter des collisions. Des sites comme MarineTraffic ou VesselFinder permettent de consulter ces données. On peut ainsi voir que le My Solaris a quitté Barcelone le 8 mars. Il a ensuite émis un signal depuis la baie de Yalikavak le 23 avril, où il se trouvait encore le 5 mai selon MarineTraffic.

“J’ai pensé que garder un œil sur les oligarques pourrait apporter des informations utiles”

Des yachts d’oligarques russes, l’utilisateur de Twitter @PutinIsAVirus en suit des dizaines grâce aux outils disponibles en ligne. Développeur informatique de profession, il documente leurs mouvements sur une carte interactive. Ayant souhaité garder l’anonymat pour des raisons professionnelles, il explique à la rédaction des Observateurs :

J’ai commencé à faire des enquêtes en sources ouvertes en 2016, comme un loisir. Quand la guerre en Ukraine a commencé, j’ai augmenté mes efforts. J’ai pensé que garder un œil sur les oligarques et leurs mouvements pourrait apporter des informations utiles.

Au début, les propriétaires des yachts ont mis du temps à réagir. Cela a fait que plusieurs yachts ont été saisis dans les ports européens. En effet, ce n’est pas facile de trouver un équipage pour partir à la dernière minute. En plus, les comptes en banque de ces oligarques avaient été gelés. Faire démarrer un bateau qui coûte 200 000 dollars en carburant pour un plein, cela peut s’avérer compliqué sans avoir accès à son compte bancaire…

Aujourd’hui, on peut voir plusieurs hubs vers lesquels les navires sous sanctions ont réussi à fuir : il s’agit essentiellement des Émirats arabes unis et de la Turquie.

Fleeing sanctions, Putin’s inner circle seeks safe ports for their superyachts: Roman Abramovich’s 🇧🇲yachts are portside, Eclipse in Marmaris & Solaris in Bodrum. Dmitry Medvedev’s 🇰🇾yacht Universe was in Marmaris. Maxim Shubarev’s 🇨🇰yacht Polaris is in Göcek’s Skopea Marina.

Plusieurs yachts d’oligarques ont pourtant cessé d’émettre un signal AIS depuis plusieurs semaines, rendant leur localisation impossible sur MarineTraffic ou VesselFinder. En théorie, il est obligatoire d’allumer son transpondeur pour naviguer, mais il n’est pas rare que des propriétaires dérogent à la règle pour dissimuler leurs mouvements. Les images satellites et les images amateur peuvent malgré tout permettre de les retrouver.

Certains yachts passent par la Turquie pour rejoindre la Russie

En Turquie, Yörük Işık guette les navires qui traversent le détroit du Bosphore, qui relie la Méditerranée à la mer Noire à Istanbul. Analyste en suivi de navires et fondateur de Bosphorus Observer, il a réussi à photographier plusieurs yachts d’oligarques russes au cours des dernières semaines.

J’habite dans une zone très propice au suivi de navires, donc je peux les prendre sur le fait. Jusqu’à maintenant, j’ai vu environ une dizaine de yachts d’oligarques. La plupart viennent en Turquie car le pays dispose de services maritimes de qualité – ces yachts ont besoin d’une maintenance régulière.

Après avoir passé quelque temps en Turquie, certains passent par le Bosphore pour aller dans la direction de Sotchi [sur la côte russe de la mer Noire, NDLR]. D’autres sont encore en Turquie, dans des villes côtières.

Yörük Işık a ainsi photographié le yacht Universe dans le port d’Ataköy à Istanbul le 28 mars 2022. Ce navire, soupçonné d’appartenir à l’ancien Premier ministre russe Dmitry Medvedev, avait quitté le port d’Imperia en Italie le 2 mars. Le 22 avril, il a été photographié par un guetteur de navires amateur à Sotchi en Russie.

Si les ports européens et turcs disposent d’importantes infrastructures et de nombreux services pour accueillir des yachts, cela est moins le cas en Russie, comme le souligne celui qui tient le compte @PutinIsAVirus :

La Russie n’est pas équipée pour accueillir autant de navires aussi grands. Ils ont certes d’importants ports touristiques sur la mer Noire, mais les yachts de Roman Abramovitch font plus de 150 mètres de long, peu de ports sont équipés pour cela. Ces navires n’étaient jamais censés être basés en Russie : ils étaient faits pour rester dans la Méditerranée, dans les Caraïbes, ou dans l’océan Indien.

Des propriétaires cachés derrière des sociétés écran

Alex Finley, ancienne officier de la CIA et romancière, guette les yachts d’oligarques russes depuis Barcelone. Selon elle, l’un des défis principaux est de déterminer avec certitude qui est le propriétaire du navire :

Nous pouvons dire que nous soupçonnons telle personne d’être le bénéficiaire de la société qui détient le yacht, mais ensuite les autorités doivent le prouver. Cela implique d’aller chercher dans les différentes sociétés écran pour savoir qui est réellement le propriétaire final. Et c’est très difficile, car leur structure de propriété est justement faite pour assurer un certain anonymat.

Le 5 mai, un yacht d’un oligarque russe sous sanctions a été saisi aux îles Fidji à la demande des États-Unis. Il s’agit de l’Amadea, estimé à 300 millions de dollars et soupçonné d’appartenir à Suleiman Kerimov. Selon la procureure générale adjointe des États-Unis, Lisa Monaco, “cette saisie devrait montrer à tous les oligarques russes corrompus qu’ils ne peuvent pas se cacher, même dans les lieux les plus éloignés du monde. Nous allons utiliser tous les moyens à notre disposition pour appliquer les sanctions”. 

Les sanctions européennes prévoient le gel des avoirs de plusieurs centaines de personnalités considérées comme soutenant le gouvernement russe ou bénéficiant de ce gouvernement, accusé par l’Union Européenne de violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. En France, en Espagne et en Italie, plusieurs yachts ont déjà été saisis. Certains pays se retrouvent désormais à devoir assumer financièrement les importants coûts d’entretien des navires saisis, qui peuvent atteindre 150 à 200 000 euros par mois.

houssainatou

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related post