l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

(RFI)Rentrée parlementaire chaotique au Sénégal: «Ces scènes augurent des lendemains extrêmement difficiles»

 (RFI)Rentrée parlementaire chaotique au Sénégal: «Ces scènes augurent des lendemains extrêmement difficiles»

Cohue, bagarres, échanges d’insanités… Au Sénégal, l’installation des nouveaux députés, lundi 13 septembre 2022, a tourné à la foire d’empoigne. Le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, issu de la majorité présidentielle, a été élu en présence de gendarmes dans l’hémicycle lors d’un vote boycotté par l’opposition. Quelles leçons tirer de cette rentrée parlementaire mouvementée ? Papa Fara Diallo est enseignant chercheur en Sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint Louis. Il est l’invité de Charlotte Idrac.

Qu’avez-vous pensé des scènes de bataille rangée lundi à l’Assemblée ?

Très sincèrement​, c’est la première fois que je vois des scènes comme ça, notamment des gendarmes à l’intérieur du parlement, c’est vraiment du jamais vu. Les deux grandes coalitions Yewwi-Wallu et  Benno Bokk Yakaar sont au coude-à-coude​, et l’enjeu était d’une telle importance qu’on s’attendait effectivement à ce qu’il y ait soit des tentatives de sabotage, ou bien des tentatives de blocage, mais dans tous les cas l’élection du président du parlement était vraiment une élection très risquée, il fallait s’attendre à ce que la journée soit une journée extrêmement longue au niveau du parlement.

Est-ce que c’est de mauvais augure selon vous pour la suite des sessions au parlement ? Est-ce qu’il faudra s’attendre à des blocages systématiques ?

Cela augure d​e lendemain​s extrêmement difficile​s au niveau du parlement. Pour chaque projet de loi ou pour chaque proposition de loi, il est clair que les discussions vont être très âpres​. Si la majorité et l’opposition ne décident pas de travailler et de chercher des consensus dynamiques pour pouvoir faire avancer le travail législatif, ce sont des scènes comme ça qu’on risque de revoir, et c’est malheureux pour le parlement sénégalais parce que le Sénégal​, quoi qu’on puisse dire, c’est une vitrine démocratique dans une sous-région ouest-africaine marquée par des évolutions pathologiques des systèmes politiques.

Est-ce que ces tensions sont un signe selon-vous de la fragile majorité absolue de Benno Bokk Yakaar, la coalition au pouvoir ?

Oui c’est clair, quand vous avez 83 députés, cela montre que la majorité est tellement fragile, étriquée, qu’il est obligé que tous les députés de la majorité soient présents à l’hémicycle à chaque fois qu’on va voter une simple loi, et que si l’opposition vient en masse, en rang uni, on peut penser qu’il peut y avoir des blocages.

L’opposition, elle, n’a pas trouvé de consensus pour un candidat unique pour la présidence de l’Assemblée, est-ce que cela met à mal selon vous l’alliance nouée entre les coalitions Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal ?

On a commencé à sentir que le mur commence à se lézarder au niveau de l’opposition, parce qu’on pouvait s’attendre à ce que les négociations puissent aboutir à un candidat consensuel pour l’inter-coalition Yewwi-Wallu. Ça n’a pas eu lieu, il va y avoir deux groupes parlementaires au niveau de l’opposition, le groupe de Wallu Sénégal et le groupe de Yewwi Askan Wi. En perspective de la prochaine élection présidentielle, il est probable que les deux coalitions ne vont pas continuer le compagnonnage, d’autant plus que le candidat déclaré Ousmane Sonko a déjà annoncé la couleur, il a informé que ce qui était convenu entre Wallu et Yewwi, c’était juste une coalition de circonstance pour les élections législatives, cela montre effectivement que le choc des ambitions aura raison, notamment sur l’inter-coalition Yewwi-Wallu qui a eu des résultats probants lors des élections législatives.

Quel regard portez-vous sur le choix d’Amadou Mame Diop, le nouveau président de l’Assemblée ?

C’est quelqu’un sorti du chapeau du chef de l’État, c’est quelqu’un qui n’est pas très connu dans le landerneau politique. Le fait de choisir quelqu’un qui n’a pas d’ambition présidentielle affichée, quelqu’un qui n’a pas cette envergure politique, cela aussi peut être interprété effectivement comme une volonté du chef de l’État de vouloir briguer une troisième candidature.

houssainatou

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related post