Le gouvernement de transition a profité de la tribune des Nations Unies, à la faveur du 77ème sommet de son assemblée générale, pour faire coup double, dans son offensive de charme à l’endroit de la communauté internationale. Histoire sans doute de réparer les dégâts causés par le combat de boue auquel l’exécutif guinéen et M. Emballo se sont livrés à la veille de cette grand-messe. A travers des échanges à fleuret peu mouchetés.
L’honneur est revenu au Premier ministre Dr Bernard Goumou, de tenir le crachoir lors du temps imparti à la Guinée. Dans un discours à l’eau tiède, contrairement à la tirade de son homologue malien, Bernard Goumou a caressé la Cédéao dans le sens du poil. Tout en faisant un appel d’air à l’opposition à l’interne.
Le Premier ministre s’est évertué dès l’entame de son speech, à ressasser les motifs qui ont conduit l’intrusion de l’armée dans la sphère politique, en s’emparant du pouvoir le 05 septembre 2021. Pour lui, le délitement de l’Etat était total, et que ce putsch n’était que du pain bénit pour un peuple en déshérence.
A entendre Dr Goumou, ce changement à la tête de l’exécutif n’aurait pour seul objectif que de sortir la Guinée de l’abîme où elle se trouve plongée par la faute de ses dirigeants.
Il a aussi procédé à un inventaire à la Prévert des actes posés par le CNRD, depuis son avènement à la magistrature suprême. Allant de la libération des détenus politiques, aux assises nationales, et au cadre de concertation créé comme plateforme pour les parties prenantes au processus de transition, tutti quanti.
Après ce qui avait l’air d’un simple tour de chauffe, le Premier ministre guinéen s’est attaqué ensuite à l’os. Concernant la durée de la transition, point nodal entre la Guinée et la Cedeao. Et qui fait l’objet de friction.
Raison de plus pour le pouvoir de Conakry de revenir à la charge en essayant de convaincre de la nécessité de sa persistance à s’arc bouter sur les dix points, qualifiés par des commentateurs de dix commandements, à l’image du décalogue du prophète Moïse, qu’il entend dérouler coûte que coûte, avant de rendre le tablier.
Parmi ces points, figurent en bonne place le recensement général de la population et de l’habitat ainsi qu’un recensement administratif à vocation d’état-civil. « Deux opérations qui nécessitent 24 mois pour leur réalisation et 12 mois supplémentaires pour la tenue des trois scrutins programmés. » Et dont « le caractère impérieux pour l’établissement d’un fichier électoral incontestable qui garantira les processus électoraux transparents et les résultats acceptés de tous », a été souligné en gras par Dr Bernard Goumou.
La junte qui a de la suite dans les idées, a mis l’occasion à profit pour quémander l’obole de la communauté internationale, singulièrement de la Cédéao, dont elle dit attendre beaucoup pour réussir son projet disruptif.
Ce discours démontre que les autorités de la transition ont préféré faire profil bas, en se démarquant de la posture du Mali, l’autre pays au ban de la Cédéao, qui a jeté un gros pavé dans la marre de la communauté internationale.
Ce grand écart pourrait sans doute éviter à la junte de subir le courroux de l’organisation régionale, qui ne fait plus mystère de ses intentions contre le gouvernement guinéen. D’où cet épouvantail de sanctions qui plane sur la tête de nos institutions, et dont la mise en application pourrait valoir au pays de gros ennuis.