En prélude à l’anniversaire de la monnaie guinéenne créée le 1er mars 1960, le Gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée a fait une déclaration. A l’occasion, Lounceny Nabé a passé en revue les chantiers en cours et les perspectives, en dépit de la crise sanitaire de covid-19 dont l’institution a pris une part active à la riposte initiée par le gouvernement.
A l’entame de ses propos, le gouverneur de la BCRG a présenté ce 61ème anniversaire comme une «opportunité pour retracer les chantiers de réformes monétaires réalisées au cours de l’année écoulée, ainsi que les perspectives pour les années à venir ».
Mais actualité oblige, les premiers efforts ont porté sur le contexte pandémique. Et selon Louncény Nabé, « la Banque Centrale a dû s’adapter à ce contexte inédit et difficile ». Et d’ajouter que « dès l’apparition de la maladie, l’institution a mis en place un ensemble de mesures d’accompagnement du secteur financier, en complément de l’action gouvernementale, pour atténuer les effets de la pandémie sur l’activité économique et continuer à assurer la stabilité financière ».
C’est ainsi, explique-t-il, «qu’elle a assoupli les conditions monétaires pour encourager le financement de l’économie ». Et que « le taux directeur a été revu à la baisse pour amener les banques à réduire le coût du crédit aux entreprises affectées par la crise sanitaire ». Sans oublier que «le coefficient de réserves obligataires a également été réduit afin d’apporter de la liquidité au système bancaire ».
Dans le même élan, «des mesures monétaires renforcées par un programme d’injection de liquidités, avec l’activation du guichet de liquidité de longue durée pour inciter les banques à poursuivre l’octroi de crédits au secteur privé ».
Par ailleurs, informe M. Nabé, « la Banque Centrale a assoupli les normes prudentielles en faveur des banques et des institutions financières inclusives pour éviter des perturbations dans le financement de l’économie. Elle a introduit des assouplissements dans la classification et le provisionnement des créances des entreprises et des particuliers impactés par la pandémie».
Point de vue adaptation, selon le numéro Un de la Banque Centrale, « les établissements de monnaie électronique ont été autorisés à ouvrir des comptes de monnaie électronique à distance, et invités à supprimer certains frais de transaction. Certains de ces établissements ont été autorisés à recevoir des transferts d’argent transfrontaliers, pour donner la possibilité aux personnes vivant à l’étranger d’effectuer des transferts de fonds vers la Guinée afin de soutenir leurs familles ».
Dans la même logique, « l’interopérabilité entre les établissements de monnaie électronique et les autres institutions financières a été renforcée, en vue d’amener les clients à privilégier les transferts d’argent de leur compte bancaire à leur porte-monnaie électronique», explique-t-il.
Toujours concernant la riposte économique contre le coronavirus, «en appui à l’action gouvernementale, la banque a pris une part active à la mise en place d’un fonds d’un fonds d’appui aux groupements d’intérêt économique et aux PME et d’un fonds de garantie des prêts aux entreprises », déclare Louncény Nabé. Et d’ajouter que «le premier fonds déjà opérationnel, a commencé à apporter son concours à des entités bien ciblées ». Pendant que, toujours selon lui, «quant au second les discussions relatives à son opérationnalisation sont en cours dans le cadre du soutien du groupe de la Banque Mondiale au développement du secteur privé guinéen».
Résultats obtenus
En termes de résultats, « ces mesures appliquées par l’ensemble des institutions financières, ont permis de renforcer la liquidité du système bancaire, en vue de poursuivre le financement de l’économie», affirme le gouverneur Nabé. Poursuivant, il soutient que «parallèlement à la mise en place de ces mesures, et en dépit des difficiles conditions dues à l’épidémie de covid-19, la Banque Centrale a poursuivi la dynamique des réformes entreprises pour renforcer sa capacité à accomplir ses missions ».
Par exemple, « dans le domaine de la politique monétaire et de change, la Banque Centrale a procédé à l’inauguration de la salle des marchés, qui est l’aboutissement d’un long processus de digitalisation des opérations de change », informe-t-il. Expliquant que la digitalisation «…permet l’automatisation des opérations d’adjudication du marché aux enchères, le suivi en temps réel des opérations de change interbancaires, ainsi que le suivi en temps réel des cours internationaux des devises et des matières premières ».
Dans la même logique, « conformément au statut de la Banque Centrale, les membres du comité de politique monétaire ont été nommés par un décret du président de la République en juillet 2020 », note-t-il. Non sans rappeler que «ce comité, déjà opérationnel, aura désormais en charge la définition de la politique monétaire et de ses instruments ».
Quant « au niveau de la supervision des banques, les réformes ont porté essentiellement sur l’opérationnalisation du fonds de garantie des dépôts, la rédaction du cahier des charges pour l’autonomisation des états de reporting, le début des travaux de transformation du modèle de loi bancaire de ZMAO, le lancement des travaux d’implémentation de Bäle II et III, l’adoption d’un cadre réglementaire applicable aux sociétés de crédit-bail et la codification des états de reporting suivant le Nouveau Plan comptable des établissements de crédit », informe le Gouverneur.
Autre résultat, selon M. Nabé, Pour ce qui est de la « supervision des institutions financières inclusives, le document stratégie nationale d’inclusion financière inclusive est mis à jour et son adoption est prévue au, au cours de l’année 2021.»
Au-delà des institutions financières
Au chapitre résultats toujours, selon lui, «en ce qui concerne le secteur des assurances, les efforts de la banque centrale ont porté sur l’adoption des textes d’applications du code des assurances, notamment ceux relatifs au contrôle interne, aux conditions d’exercice de la profession d’intermédiaires d’assurance, aux conditions d’exercice des activités des Commissaires aux Comptes des sociétés d’assurance et aux modalités de facturation aux coûts réels des conventions d’assistance technique ». En plus, «au cours de l’année 2020, le capital social des compagnies d’assurances a été porté à GNF 4000000000 pour les sociétés anonymes et à GNF 30 000 000 000 pour les sociétés mutuelles », indique le gouverneur.
Dans ses prérogatives, «la banque centrale a poursuivi les efforts engagés dans les domaines de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme a été révisée et un système de notation des risques BC/FT a été élaboré », déclare Louncény Nabé. Et d’ajouter que «l’objectif est de mettre notre pays en conformité avec les normes internationales, d’assurer la transparence et l’intégrité des transactions, et de cultiver des relations de confiance avec nos partenaires et financiers ». Et « à cet effet, a été mise en place, une unité opérationnelle dont l’organisation, le fonctionnement et les objectifs ont été définies ».
Pendant que « sur le plan interne, l’alignement sur les meilleures pratiques en matière de fonctionnement des organisations financières a été l’un des chantiers importants auxquels la Banque Centrale s’est attelée tout au long de l’année 2020 », affirme M. Nabé.
C’est dans ce sillage que, toujours selon le gouverneur, «à cet égard, les travaux d’élaboration du plan stratégique triennal 2021-2023 ont été lancés ».
Insistant sur «l’élaboration de ce plan », Louncény Nabé dira «qu’il traduit la volonté de la banque exprimée depuis 2011, de poursuivre les efforts de modernisation, en se dotant d’une vision plus formalisée, à court, moyen et long terme, en vue d’une meilleure optimisation des moyens mis à sa disposition des moyens mis à sa disposition pour la réalisation de ses missions».
Sur le plan de la communication institutionnelle « en outre, depuis le 1er mars 2020, la Banque Centrale s’est dotée d’une nouvelle identité visuelle, en vue d’améliorer son image et sa visibilité auprès de ses partenaires et du public », relève-t-il.
Au titre des perspectives
Lors de cette sortie médiatisée, le Gouverneur de la Banque Centrale a également donné une idée sur le futur de l’institution qu’il dirige. «Dans la perspective de l’amélioration des réformes, la Banque centrale amplifiera ses efforts visant à assurer les conditions d’une gestion active de la liquidité bancaire, afin de ramener le taux d’inflation à un chiffre », promet-il. Ajoutant que « de même, les réformes au niveau du marché des changes, notamment le perfectionnement des opérations de la salle des marchés, seront poursuivies dans le but de consolider les acquis en matière de stabilisation du taux de change ».
L’autre promesse faite dans la foulée de ce 61ème anniversaire de la monnaie guinéenne, c’est que « dans le domaine de la supervision bancaire, la Banque centrale entend rendre opérationnel le conseil national d’épargne et de crédit, procéder à la révision de la loi bancaire, rendre automatiques la transmission et le traitement des situations comptables des banques, adopter des normes prudentielles tenant compte des dispositions de Bâle II et Bâle III, procéder à l’implantation des normes IFRS 9 et 16 et élaborer un cadre de stresse testing ».
Ce n’est pas tout. «Quant à la supervision des sociétés d’assurances, elle sera renforcée en même temps qu’un système de gouvernance conforme aux normes et aux standards internationaux sera mis en place », annonce M. Nabé. Avant d’ajouter que « les pools d’assurance pour les gros risques pétroliers et miniers seront opérationnalisés afin de réduire leur délocalisation ». Et que «les efforts pour la création d’un fonds de garantie des assurés, d’un centre de formation professionnel en assurance et actuariat et d’une société d’assurance agricole seront également poursuivis ».
L’autre annonce faite dans cette déclaration «…concerne la mise en place d’un système monétique interbancaire en Guinée ». A propos, Louncény Nabé informe «qu’un appel à concurrence a été lancé afin de recueillir les offres techniques et financières de potentiels soumissionnaires ayant l’expertise nécessaire». Et que «la Guinéenne de Monétique est chargée du suivi de ce projet qui vise à assurer l’interopérabilité des transactions sur les cartes bancaires, entre elles, et avec les supports de téléphonie mobile », ajoute-t-il.