Pourquoi le Président de la République contraint les Ministres de l’économie & Finances et du Budget à signer les engagements de performance le 22 février 2021 ? Le Chef de l’Etat veut certainement situer les responsabilités de son économie chétive mais surtout de la galopante inflation en Guinée où les prix des denrées alimentaires rougissent anarchiquement tous les jours.
Je soutiens que le type d’inflation en Guinée est la «demande tirée-inflation» puisque la demande de biens et services dépasse la capacité de production de ces biens et services. Cela crée un déséquilibre dans le produit intérieur brut (PIB) de la Guinée. Par exemple, la demande de riz de consommation dépasse la capacité de production de riz en Guinée. Alors que près de plus de la moitié du riz consommé en Guinée est importé des pays asiatiques. En plus de la «demande tirée-inflation» en Guinée, le prix mondial du pétrole est un autre facteur. En tant que variable exogène, la Guinée n’a aucun contrôle sur le prix mondial du pétrole alors que les prix de la plupart des biens et services sont liés aux prix du pétrole. Cependant, le gouvernement guinéen subventionne le prix du pétrole au profit d’autres dépenses macro-économiques du pays. Mais la plupart du temps, les subventions au prix du pétrole ne suffisent pas où le prix du pétrole a tellement augmenté dans le monde que le gouvernement pousse cet excédent de prix à ses citoyens, ce qui fait augmenter le prix du pétrole (essence) et donc la hausse des prix des biens et services en Guinée.
Le président appelant le ministère de l’Économie et des Finances et du Budget à produire des résultats économiques positifs à court et à long termes n’est pas une politique efficace car ces Ministres ne pourront pas produire pas davantage de résultats positifs dans un proche avenir. La Guinée est un pays où il est difficile pour le ministère du Budget d’augmenter les impôts et même de collecter les impôts en raison de la chaîne de la corruption. De plus, l’économie guinéenne manque de données permettant au ministère de l’Économie de mettre en œuvre une bonne politique économique et d’obtenir les résultats souhaités par le président. En outre, il y a trop de chaînes de contrôle économique outre le ministère de l’Économie et Dudget qui doivent coordonner leur politique pour produire de bons résultats économiques. Par exemple, le président actuel compte beaucoup sur les ressources minérales pour financer les dépenses du gouvernement et donc subventionner le prix du pétrole afin de ramener au plus bas le prix de l’essence en Guinée. Le président pourrait bien dire au ministère des Mines d’accorder une importante subvention au prix du pétrole. De plus, le ministère du Commerce ne se coordonne pas avec le ministère de l’Agriculture pour être en mesure de produire suffisamment de produits agricoles guinéens sur un sol riche de Guinée et d’exporter ces produits afin de disposer de ressources financières suffisantes pour non seulement faire baisser le prix des biens et services en Guinée, donc le taux d’inflation mais aussi pour fournir suffisamment de ressources financières pour financer les dépenses publiques de la Guinée.
C’est pourquoi le président appelant le ministère de l’Économie et du Budget à produire de bons résultats dans un proche avenir est considéré comme un échec car il y a beaucoup de chaînes économiques qui sont laissées pour compte. Il est cependant important de se demander si la quatrième République perd le contrôle de l’inflation ? Eh bien, les phénomènes d’inflation sont assez complexes à résoudre pour la Guinée tant que le gouvernement contrôle la monnaie qu’il peut imprimer plus ou moins en fonction des besoins. De plus, il existe un grand ou double gouvernement pour un pays pauvre où il existe un gouvernement supplémentaire autour du président. En Guinée, vous êtes soit Ministre en charge du presque un des cinquantième département, soit un ministre conseiller redondant autour du président de la République. Ce double gouvernement empêche la Guinée de mettre en œuvre une politique budgétaire adéquate et significative. Également, l’émission des billets de GNF 20 000 a contribué à l’accroissement de la masse monétaire qui est passée de 10 366 en 2010 à 29 829 milliards à fin décembre 2019, soit un accroissement de 185% avec un taux de liquidité de l’économie autour de 30% pour la Guinée. En plus, la réapparition des maladies à Virus Ebola et du COVID 19 ont créé une psychose généralisée dans tous les secteurs économiques.
En outre, le choix du président de conserver le pouvoir malgré la limitation des mandats présidentiels par la Constitution oblige le marché monétaire des finances internationales à tourner le dos à la Guinée faute de démocratie. La combinaison de tous ces problèmes rend très difficile pour la Guinée de résoudre son problème d’inflation, ce qui rend le prix des frais de subsistance plus élevés pour ses citoyens et une vie quotidienne sombre.
Je soutiens donc que le processus d’inflation est présumé être suffisamment complexe et mal compris pour que les politiciens guinéens puissent éviter l’inflation plus facilement qu’ils ne peuvent être blâmés pour le chômage. A l’époque de la 4eme République en Guinée, l’inflation doit être imputée à des événements qui ne sont pas sous le contrôle du RPG, le parti politique au pouvoir, mais idéalement au parti politique précédemment au pouvoir. Sans surprise d’ailleurs, cela donne le pouvoir au président actuel d’attaquer continuellement ses opposants constitués de groupe d’anciens premiers ministres issu de la 2e République qui devraient être accusés de la forte inflation actuelle en Guinée. En conséquence, en tant que partisan du point de vue du choix public, je soutiens que les élus actuels ne devraient pas répondre au problème de la forte inflation de la Guinée par des politiques restrictives des depenses publiques, mais répondre au chômage par des politiques expansionnistes ce qui pourrait réduire l’inflation. En conséquence, le processus de politique budgétaire de la Guinée aura toujours un biais inflationniste tant que la branche exécutive continuera à contrôler la masse monétaire, empêchant la politique monétaire de mener sa propre politique monétaire indépendante.
Malgré l’inflation persistante et continue en Guinée et pour répondre à la question est-ce que la quatrième République perd le contrôle du taux d’inflation, j’utilise l’équation de différence pour comparer l’inflation entre le régime de traitement (quatrième République) et le régime de contrôle régime (troisième République).
Mais premièrement, par définition, l’inflation est une augmentation soutenue du niveau général des prix dans l’économie guinéenne, ce qui signifie une augmentation du coût de la vie à mesure que le prix des biens et services augmentent. Deuxièmement, le taux d’inflation est mesuré par l’indice des prix à la consommation (IPC). Troisièmement, l’indice des prix à la consommation (IPC) mesure les prix de détail d’un «panier de marché» fixe de plusieurs biens et services achetés par les ménages guinéens. Enfin, j’utilise «l’analyse par panel à deux périodes» qui est une approche courante dans la littérature économique en utilisant une variable de traitement binaire dans le contexte du traitement et de la configuration de contrôle. Contrairement à une véritable expérience dans laquelle les groupes de traitement et de contrôle sont choisis au hasard et explicitement et où l’équation de différence est utilisée pour analyser un «changement de politique», les groupes de contrôle et de traitement dans cette expérience naturelle (ou artificielle) proviennent du changement de régime en Guinée de la 3e à la 4e République. Par conséquent, je compare ici le taux d’inflation du groupe témoin qui est la 3e République au taux d’inflation dans le groupe de traitement qui est la 4e République. Cette méthodologie me permet de bien comprendre et d’expliquer si le passage de la 3e à la 4e République a eu un effet sur le taux d’inflation. C’est probablement l’approche la plus largement utilisée dans la littérature sur l’évaluation des politiques que j’utilise ici pour mesurer l’effet du changement de régime sur le taux d’inflation.
Le modèle empirique de l’équation de différence de différence de cette étude est le suivant :
Rentrée d’argent = A1 + A2taux d’inflation + A3(B3eme République X B4eme République) + Ct
Où Rentrée d’argent est la masse monétaire de la banque centrale et une fois que la masse monétaire de la banque centrale augmente, elle est uniformément répartie dans le pays, par conséquent, une augmentation de la masse monétaire de la banque centrale équivaut à une masse monétaire en Guinée,
A1 est l’intersection de l’axe Y dans un système de coordonnées des plans X et Y,
A2 est le coefficient des estimations des paramètres du taux d’inflation,
A3 est une estimation de l’effet moyen du traitement (ETA),
Les B (B3eme République et B4eme République) sont appelés le paramètre de décalage et mesurent l’impact du traitement ou mesurent simplement les changements du taux d’inflation (9,47% en 2019) de la troisième République au taux d’inflation (8,70% en 2021) de la quatrième République.
B3ème République est une variable muette égale à 1 pour les observations du taux d’inflation sous la troisième République,
B4eme République est une variable muette égal à 0 pour un segment de la poursuite de la politique monétaire de la troisième République à la quatrième République,
X est le symbole de la multiplication entre B3eme Republique et B4eme Republique,
Ct est le terme d’erreur mesurant tous les facteurs qui augmentent la masse monétaire de la banque centrale qui ne sont pas estimés dans cette équation de différence de différence. Par exemple, lors des élections en Guinée, le gouvernement imprime trop d’argent via la banque centrale pour acheter des votes politiques au peuple. Ce qui augmente fortement l’inflation en Guinee’.
Résultats
Avec les données monétaires de la banque centrale, avec le niveau d’intérêt de 15% fixé par la BCRG face à l’avènement de la Covid-19 (un taux d’ailleurs trop élevé), les résultats de l’équation de différence montrent :
Rentrée d’argent = 0.37 + 0.29taux d’inflation + 0 X (B3eme République X B4eme République)
Cetaris Paribus, lorsque le taux d’inflation augmente de 1%, la rentrée d’argent augmente de 29%. C’est une énorme augmentation de la masse monétaire du gouvernement. Cette augmentation se fait soit par l’augmentation de la masse salariale des fonctionnaires de l’État ou bien par l’augmentation des dépenses des paramilitaires.
L’estimation du coefficient nul du paramètre de décalage (les B) à partir de l’équation de différence de différence indique que le passage de la troisième à la quatrième république n’a eu aucun effet sur le taux d’inflation en Guinée. Ceci est prouvé d’ailleurs par le fait que le même appareil politique de la 3e république est le même pour la 4e république.
Cette étude conclut que les solutions aux problèmes d’inflation de la Guinée sont à la fois politiques et monétaires. Mais la solution de l’inflation guinéenne ne réside pas dans l’augmentation des masses salariale comme le préconisent souvent les syndicalistes mais plutôt la solution de l’inflation réside dans le développement du secteur agricole, de l’agro-industrie et l’élevage ce qui augmentera et diversifiera l’offre à la population guinéenne et l’augmentation du pouvoir d’achat du guinéen. En plus, le développement de l’agriculture et de l’élevage conduira à l’appréciation et à la stabilité du Franc Guinéen vis-à-vis du dollar et l’euro. Donc la BCRG pourra effectivement conduire une politique monétaire adéquate et indépendante par exemple en réduisant le taux d’intérêt à 5% sur le billet de la monaie guinéenne ce qui produira un effet positif de la solution au problème de l’infaltion en Guinée et finirait par soulager la population guinéenne.
Ibrahima Tamba Yaradouno, Economiste Doctorant, Professeur Adjoint d’Economie à Wayne State University, Detroit, Michigan USA Tamba_y@yahoo.com