Le groupe a officialisé mercredi la fin du statut qui donnait un pouvoir de direction exclusif à l’héritier de Jean-Luc Lagardère. Une assemblée générale est prévue le 30 juin pour concrétiser la transformation en une société anonyme classique, qui ne sera donc plus à l’abri d’une OPA.
Le suspense a duré trente-six heures de plus qu’attendu. Officiellement, le temps que les parties règlent les derniers détails. Officieusement, parce que Vincent Bolloré avait envie de montrer qui donnait le tempo, et qui était le nouvel homme fort de Lagardère. Mercredi 28 avril, le groupe Lagardère a officialisé la fin de son statut de société en commandite, qui rendait indélogeable son patron, Arnaud Lagardère.
Cette arme nucléaire anti-OPA avait été mise en place par son père, Jean-Luc Lagardère, en 1992, après la faillite de la chaîne télévisuelle La Cinq. Lagardère deviendra une société anonyme classique lors de l’assemblée générale programmée le 30 juin prochain. Cet épilogue met un terme – du moins provisoire – à un bras de fer qui dure depuis un an entre Arnaud Lagardère, et ses actionnaires Vincent Bolloré, Bernard Arnault et Amber Capital.
L’héritier, qui a pris les rênes du groupe qui porte son nom en 2003 et qui possède Hachette, Europe 1, Le JDD, Paris Match et le Travel Retail (duty free, boutiques d’aéroport et de gares…), a accepté de renoncer à ce précieux statut en échange de 10 millions de titres de la société. Avant que les premières rumeurs ne filtrent ce week-end, le paquet d’actions valait un peu plus de 220 millions d’euros. Mais, à la Bourse de Paris, le titre a commencé à monter lundi, à la faveur du changement de statut. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les destins d’Europe 1, de « Paris Match » et du « JDD » et les tractations entre Lagardère, Arnault et Bolloré
La société devient « opéable », à la merci de prédateurs. Ses actionnaires, comme Amber Capital (20 % du capital) ou le Qatar (14 %), pourront à tout moment céder leur participation au plus offrant. La fin de la commandite ouvre ainsi une nouvelle ère d’incertitudes pour Lagardère, même si son patron a martelé que « son intégrité » était préservée, autrement dit qu’elle n’était pas démantelée. Pour combien de temps ?