Les restrictions de déplacement seront levées dès le 3 mai, selon le premier ministre. La suite est encore floue et se dessine par étapes jusqu’à la fin de juin. Le chef de l’Etat devrait dresser un calendrier plus précis.
« Y aller tout doucement pour éviter que ça reparte. » C’est avec ces mots qu’Emmanuel Macron avait esquissé lundi 26 avril, dans une école de Melun, les pistes d’une réouverture progressive du pays. Vendredi, les Français devraient en savoir plus sur les conditions du déconfinement. En cartes : Hausse, stabilisation ou baisse, où en est l’épidémie dans votre département ?
- « Les perspectives » du déconfinement précisées vendredi
Le président de la République s’exprimera vendredi pour présenter sa stratégie de sortie de crise, a annoncé mercredi le premier ministre. « Il s’agit de nous projeter vers la sortie de crise, mais une sortie de crise progressive », a déclaré Jean Castex, à l’issue du conseil des ministres.
Après les écoles primaires, la levée progressive des restrictions doit se poursuivre la semaine prochaine avec la réouverture des collèges et des lycées, avec des jauges d’élèves, et la fin de l’interdiction des déplacements entre régions ou des limites à 10 ou 30 km. « A partir du 3 mai, ces restrictions de déplacements seront levées, c’est ce que devrait confirmer M. Macron vendredi », a précisé M. Castex.
La suite est encore floue et se dessine par étapes jusqu’à la fin de juin, notamment pour les restaurants fermés depuis six mois, en fonction « des résultats [sanitaires] qu’on aura obtenus », a déjà prévenu Emmanuel Macron, qui devrait dresser un calendrier plus précis.
« Notre situation épidémique continue de s’améliorer, s’est félicité mercredi Jean Castex. Le niveau de circulation du virus reste elevé, mais on observe une vraie tendance à la baisse ; même si cette baisse est plus lente qu’en novembre et que les chiffres restent élevés dans les hopitaux. » Lire nos informations : Emmanuel Macron esquisse un déconfinement prudent
- Un projet de loi de sortie de l’état d’urgence sanitaire
Tests, couvre-feu… le gouvernement a, comme prévu, présenté mercredi en conseil des ministres son projet de loi de sortie de l’état d’urgence sanitaire envisagé pour le début de juin. Dans sa rédaction actuelle, le texte lui permet toutefois de conserver des compétences exceptionnelles jusqu’au 31 octobre quant à la circulation des personnes ou la fermeture de magasins si les conditions sanitaires l’exigent en raison de l’épidémie de Covid-19.
Le texte, qui doit permettre de sortir de ce régime d’exception prorogé en février par le Parlement jusqu’au 1er juin, doit être soumis à l’Assemblée nationale « autour du 10 mai », selon des sources parlementaires.
Un « régime transitoire du 2 juin au 31 octobre » : pendant ces cinq mois, le premier ministre aura la compétence de prendre des mesures « par décret (…) dans l’intérêt de la santé publique et aux seules fins de lutter contre la propagation de l’épidémie de Covid-19 », précise le projet de loi. Il pourra ainsi « réglementer ou, dans certaines parties du territoire dans lesquelles est constatée une circulation active du virus, interdire la circulation des personnes et des véhicules (…) sous réserve des déplacements strictement indispensables aux besoins familiaux, professionnels et de santé », comme il l’a fait lors du confinement actuel. Lire le décryptage : Ces nombreuses libertés (toujours) restreintes en France par l’état d’urgence sanitaire
L’état d’urgence restera possible dans certains territoires : « pour répondre à des dégradations localisées de la situation sanitaire », le texte précise que l’état d’urgence sanitaire pourrait toutefois être déclaré jusqu’au 31 octobre, « dans une ou plusieurs circonscriptions territoriales déterminées », pour un délai porté à deux mois, « pour autant que ces circonscriptions territoriales représentent moins de 10 % de la population nationale ».
Des « dérogations » à la fin du couvre-feu pourront, par exemple, être décidées en fonction de la situation sanitaire, « dans des zones qui ne peuvent représenter que moins de 10 % de la population », a expliqué une source gouvernementale à l’Agence France-Presse (AFP).
Tests obligatoires ou « passe sanitaire » aux frontières : le chef du gouvernement pourra également imposer « des tests obligatoires pour le franchissement des frontières », voire « un justificatif de l’administration d’un vaccin contre le Covid-19 ou un document attestant [du] rétablissement » de la personne qui a été contaminée par le virus. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : le « passe sanitaire » s’est imposé dans l’opinion et au gouvernement, mais son usage fait encore débat
Lieux de culture et de restauration pourront être à nouveau fermés : si un rebond de l’épidémie le justifie à nouveau, le premier ministre aura également la possibilité de « réglementer l’ouverture au public » de lieux comme les restaurants, commerces ou salles de spectacle « en garantissant l’accès des personnes aux biens et services de première nécessité », précise le texte.
Le projet de loi accorde au chef du gouvernement la compétence de « réglementer les rassemblements de personnes, les réunions et les activités sur la voie publique et dans les lieux ouverts au public ». Les mesures prescrites « sont strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu », souligne le document. « Il y est mis fin sans délai lorsqu’elles ne sont plus nécessaires », précise-t-il.
Alors que les élèves d’écoles primaires sont retournés en classe lundi, la France entrevoit un début d’allègement des autres contraintes sanitaires en mai, mais l’exécutif reste prudent face à un ralentissement fragile de l’épidémie de Covid-19. Pour l’heure, le couvre-feu reste en place dans la métropole de 19 heures à 6 heures.