La crise politique s’amplifie en Haïti alors que les enlèvements contre rançon continuent de marquer le quotidien des habitants du pays. Bien que largement contesté, le pouvoir en place veut avancer avec son agenda électoral chargé pour la fin de l’année, mais la communauté internationale commence à émettre des réserves aux projets du président Jovenel Moïse. Publicité
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Rattraper tous les scrutins en retard depuis des années, les élections locales, les législatives, les sénatoriales, tout en organisant également la présidentielle à l’automne constituait déjà un défi réel mais Jovenel Moïse a aussi décidé de soumettre au vote une nouvelle Constitution. Ce référendum initialement prévu en avril a été repoussé au 27 juin.
Largement contesté dans le pays, car l’actuelle Constitution interdit l’organisation d’un référendum constitutionnel, ce projet soulève également des critiques sur le plan international : le Core Group, qui rassemble l’ONU, l’OEA et les principales ambassades, se déclare préoccupé par un processus qui n’est pas « suffisamment inclusif, participatif ou transparent ». Les États-Unis ont, eux, à plusieurs reprises indiqué qu’ils ne financeraient pas cette étape du calendrier électoral haïtien.
► À lire aussi : Haïti: des milliers de manifestants dans la rue contre le projet de référendum constitutionnel
Devant ce désaveu, le ministre des Affaires étrangères appelle l’OEA à mandater une mission en Haïti pour appuyer un dialogue politique qui permettra l’organisation du référendum.
Mais au delà de la crise politique, l’insécurité constitue l’obstacle majeur du vote, à l’heure où les gangs commettent quotidiennement des enlèvements dans la capitale et plusieurs villes de province.
► À écouter aussi : Insécurité en Haïti: «C’est la révélation en creux de l’effondrement de l’État»