Quatre militants hongkongais ont été condamnés à des peines de prison ce jeudi à Hong Kong. Le tribunal leur reproche leur participation à une cérémonie interdite en mémoire des victimes de la répression de Tiananmen. Parmi eux, Joshua Wong, déjà en détention pour son rôle dans les manifestations antigouvernementales de 2019. Il écope de dix mois supplémentaires. Des condamnations qui visent aussi à dissuader ceux qui voudraient participer à la prochaine veillée en juin prochain, interdite également pour cause de Covid-19.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Ce n’est pas une rave partie interdite, mais une assemblée pacifique, interdite également, avec de jeunes gens portant masques bleus et tee-shirts noirs, assis en tailleur et bougies à la main, sur les terrains de sports du parc Victoria à Hong Kong. La photo date de l’année dernière.
Pour sa présence à la 31e « veillée aux chandelles » des victimes du 4 juin 1989, Joshua Wong, 24 ans, restera dix mois de plus derrière les barreaux. La figure du mouvement pro-démocratie est déjà en détention, où il a purgé quatre des treize mois de sa condamnation pour son rôle dans les manifestations antigouvernementales de 2019.
La veillée du souvenir
L’audience au tribunal a d’ailleurs été retardée d’un peu plus de vingt minutes ce jeudi 6 mai. Le fourgon du transfert au tribunal étant pris dans les bouchons. Trois conseillers de districts qui ont également plaidé coupables la semaine dernière, Lester Shum, Tiffany Yuen Ka-wai et Jannelle Rosalynne Leung, ont également été condamnés pour la même raison à des peines allant de quatre à six mois de prison.
« C’est très impressionnant de voir les Hongkongais continuer de se battre pour la justice 30 ans après », disait en 2019 Richard Tsoi, l’un des organisateurs de cette veillée aux chandelles où, comme pour les Jeux olympiques, la flamme de la transmission et du souvenir est censée ne jamais s’éteindre.
Sauf qu’avec la crise sanitaire, comme l’an passé, la veillée est pour la deuxième fois de son histoire interdite par les autorités. Car cette manifestation du souvenir, le pouvoir chinois le sait bien, est aussi depuis 30 ans un point de convergences des luttes pour les libertés à Hong Kong.
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Il y a deux ans, ce fut même le point de départ des grandes manifestations contre la loi sur les extraditions. Vingt-quatre militants pro-démocratie ont déjà été accusés d’avoir organisé, participé ou incité d’autres personnes à prendre part à la commémoration du 31e anniversaire, dont le magnat des médias Jimmy Lai.
Une mémoire interdite
La mémoire de Tiananmen, entretenue jusqu’ici à Hong Kong, rencontre l’amnésie de la Chine populaire voisine, où la moindre évocation du « 35 mai » comme l’appellent les continentaux qui tentent d’échapper à la censure, est depuis longtemps soigneusement et aussitôt gommée par les gardiens de la grande muraille informatique. Ces derniers devraient être d’autant plus vigilants que cette mémoire interdite vient se télescoper, avec le souvenir beaucoup plus officiel des 100 ans du Parti communiste chinois.
Après le Covid-19, la loi sur la sécurité nationale votée par le Parlement à Pékin en juin dernier pourrait donc continuer d’empêcher ces rassemblements à la mémoire des victimes de l’armée populaire de libération.
Quant aux réparations: les organisations des droits de l’homme rappellent que personne à Pékin, n’a été jusqu’à aujourd’hui conduit en prison pour son implication dans la répression du mouvement étudiant, il y a plus de trois décennies sur la plus grande place du monde.
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