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À Porto, Emmanuel Macron reprend son bâton de pèlerin d’une Europe sociale en panne sèche

 À Porto, Emmanuel Macron reprend son bâton de pèlerin d’une Europe sociale en panne sèche

Dix mois avant de prendre la présidence tournante de l’Union européenne, le chef de l’État s’envole pour le Portugal avec, dans la poche, plusieurs sujets qui divisent ses homologues.

Emmanuel Macron repart en campagne. Européenne, pour le moment. Le chef de l’État se rend à Porto au Portugal ces vendredi 7 et samedi 8 mai pour participer à un sommet consacré à l’harmonisation des politiques sociales sur le continent. Il devrait profiter de cette occasion pour pousser plusieurs dossiers jetés sur la table en novembre 2017, avec la présidence française de l’Union en ligne de mire à partir de janvier 2022. 

Mais pour cela, le président de la République va sans doute devoir déployer des trésors de patience et de négociation. Car malgré la pandémie de coronavirus et ses conséquences délétères, qui “nous a révélé l’importance du social”, selon les mots du commissaire européen à l’Emploi, Nicolas Schmit, les avancées tangibles attendues pour ce sommet ne sont pas légion. 

Les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept devraient plutôt confirmer et crédibiliser le timide virage amorcé trois ans auparavant, depuis Göteborg en Suède, lorsque l’Europe commençait tout juste à remettre en cause les politiques d’austérité qui avaient replongé le continent dans la récession après la crise financière de 2008 et nourri le populisme.

Un sommet pour quoi?

Une grande déclaration, baptisée “Socle européen des droits sociaux”, avait proclamé 20 grands principes comme le droit à l’enseignement, la garantie d’un salaire minimum approprié, l’égalité des chances… Des mots et peu de concret.

À Porto, dans une Europe en proie aux dégâts économiques et sociaux liés à la pandémie, les dirigeants des Vingt-Sept vont tenter d’aller -un peu- plus loin en approuvant un “plan d’action” de la Commission présenté début mars. ”Ce rendez-vous va déjà nous permettre de faire le bilan des avancées en matière d’Europe sociale depuis trois ans et demi”, explique de son côté l’Élysée, pour qui il existe de “grandes attentes” parmi les Européens, “que ce soit sur le travail, la protection sociale ou les salaires”.

C’est pourquoi Emmanuel Macron s’avance avec comme objectif “d’assurer la convergence sociale vers les standards français, vers davantage de protection des travailleurs, davantage d’égalité dans les conditions de rémunération”, toujours selon les mots du palais présidentiel. Dans le détail, plusieurs grands thèmes abordés il y a trois ans devraient donc être rediscutés, comme le droit à la formation, les conditions de travail décentes ou l’égalité femmes-hommes.

Entre autres négociations en cours, sur la directive concernant la transparence salariale par exemple, Emmanuel Macron devrait également insister sur son concept de “capitalisme responsable” pour juger les entreprises à l’aune d’objectifs sur le développement durable ou l’égalité salariale.

Autant de thèmes qu’il entend porter lorsque la France prendra la présidence tournante de l’Union européenne. “Il y a un lien évident”, nous dit l’Élysée, alors que ce rôle débutera, pour le chef de l’État à quelques mois de l’élection présidentielle. Mais hier, aujourd’hui ou en janvier 2022, rien ne s’annonce simple pour la construction de cette Europe sociale.

Le retour de l’Europe divisée

Sur ce sujet comme sur de nombreux autres, les Vingt-Sept sont profondément divisés. Les pays du Sud comme la France, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal sont très volontaires sur le sujet. Les pays du Nord, attachés à leurs modèles nationaux performants, et ceux de l’Est, qui craignent de perdre leur compétitivité, rejettent notamment la perspective de salaires minimums harmonisés à l’échelle européenne, une idée dont Emmanuel Macron revendique la paternité.

Coïncidence ou signe de cette ligne de fracture, les seuls dirigeants qui n’ont pas prévu de faire le déplacement à Porto sont Angela Merkel et Mark Rutte, la chancelière allemande et le Premier ministre des Pays-Bas. Une absence, pour la première, qui tient davantage ”à sa réticence à se déplacer compte tenu de la situation sanitaire”, veut croire l’Élysée. Quant au second, il n’est pas franchement réputé pour ses engagements en faveur de la solidarité européenne ni des thèmes sociaux à l’échelle du continent. 

“Nous avons un débat sur ce qui peut être fait au niveau européen, notamment au sujet du salaire minimum”, reconnaît le commissaire européen à l’Emploi, Nicolas Schmit auprès de l’AFP, mais “cela ne doit pas nous empêcher de faire avancer l’Europe sociale dans un esprit de convergence vers le haut”.

Reste donc à savoir si les dirigeants réussiront le même tour de force que pour le plan de relance adopté à l’été 2020. Malgré les clivages, les Vingt-Sept s’étaient accordés sur un endettement commun afin d’atténuer les dégâts liés à la crise sanitaire du coronavirus.

Une réponse “historique” à l’époque, mais qui “manque clairement d’ambition”, selon Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme. Au contraire, selon lui, “une course institutionnalisée vers le bas parmi les États membres conduit à une baisse des salaires (…) au nom de la compétitivité” et en lien, bien souvent, avec l’augmentation des formes de travail atypiques, notamment dans les plateformes numériques. L’Europe sociale n’est manifestement pas pour tout de suite.

Ibrahima Diallo

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