Selon l’ONU, des solutions simples et peu coûteuses permettraient de réduire drastiquement les émissions de méthane, nocives pour le climat et la santé.
En réparant les fuites de gaz, en mangeant moins de viande, ou en réduisant le gaspillage alimentaire, l’Onu estime qu’il est possible de réduire de 40% les émissions de méthane en 2030, et insiste sur les bénéfices d’un tel effort pour le climat, mais aussi pour la santé.
Selon le rapport Global Methane Assessment, publié ce jeudi 6 mai et écrit par la Coalition pour le climat et l’air pur, un collectif mandaté par l’ONU, un tel effort réduirait de 0,3°C le réchauffement climatique en 2040, à peu de frais. La plupart des solutions existent déjà, et ne nécessitent pas de hautes technologies, mais plutôt du bon sens.
Le méthane est présent à 10% dans nos rejets atmosphériques, mais a un potentiel de réchauffement 30 fois plus fort que le CO2, à quantité égale. Il est aussi beaucoup plus nocif pour la santé, car il génère de l’ozone, toxique pour l’homme. Chaque année, 255.000 personnes meurent prématurément dans le monde à cause de ce gaz.
L’Onu estime que 85% des mesures visant à réduire directement les émissions de méthane ont un bénéfice supérieur au coût de leur mise en place. Car moins de méthane signifie moins de dépenses de santé, et plus de productivité. Selon le rapport, chaque année, 73 milliards d’heures de travail sont perdues à cause des fortes chaleurs induites notamment par l’effet de serre du méthane.
Le HuffPost a choisi de détailler quelques mesures concrètes proposées dans ce rapport. Certaines sont directement applicables à la maison, d’autres concernent l’industrie, mais en disent long sur nos modes de production et les sources d’émission du méthane.
Ne pas gaspiller
Finir son assiette pour sauver la planète. Les restes de purée du petit dernier, le cake “un peu cuit” du week-end dernier… Si les déchets organiques ne sont pas triés, ils finissent à la décharge, se décomposent à l’air libre et augmentent la concentration de méthane dans l’atmosphère.
Évidemment, il ne suffit pas lécher le plat. Mais les déchets domestiques et industriels sont responsables de 20% des émissions de méthane d’origine humaine. L’Onu recommande donc le tri, le traitement des déchets. Il faut éviter la décharge, et brûler les gaz qui s’en échappent si nécessaire.
Le rapport propose également aux pouvoirs publics d’inciter au don de nourriture quand celle-ci ne va pas être consommée et de développer de meilleures chaînes du froid pour éviter que les produits pourrissent.
Pas de toilettes à ciel ouvert
Épurer nos eaux usées en circuit fermé, sans air, et récupérer le méthane qui s’en échappe fait également partie des recommandations des scientifiques. “On peut utiliser ce gaz, contrairement au CO2 que l’on enterre uniquement”, a souligné en conférence de presse Drew Shindell de l’Université de Duke, un des auteurs de l’étude. Le méthane peut être transformé en énergie ou utilisé pour fabriquer d’autres composés organiques. Mettre un couvercle sur les stations d’épuration peut aussi éviter quelques odeurs…
Mieux manger
À manger trop de viande, la planète n’est pas dans son assiette. L’agriculture est responsable de 40% des émissions de méthane. Et non, ce n’est pas un cliché. Les rots des vaches sont bien en majorité responsables de ce désastre. Le rapport recommande donc de pousser les consommateurs à mieux manger.
La viande n’est pas nécessaire à chaque repas pour être en bonne santé, quelques fois par semaine suffisent. Pour aller plus loin, l’épisode 9 de l’Enver(t) du décor, le podcast du HuffPost, est consacré à ce sujet : Faut-il devenir vegan ou apprendre à mieux composer son assiette pour sauver la planète ?
Gare aux fuites
Pour ne plus rejeter de méthane dans l’atmosphère, il faut colmater les fuites dans l’industrie des énergies fossiles, responsables de 35% des émissions, selon le rapport Global Methane Assessment. Avoir un matériel qui marche, pour ne pas polluer. Du bon sens qu’il est pourtant utile de rappeler.
En creusant pour récupérer du pétrole, des gaz non désirés s’échappent. Les scientifiques qui ont travaillé sur ce rapport expliquent qu’il est nécessaire de surveiller et réparer les fuites systématiquement et proposent de mettre à jour les pompes, pneumatiques et autres détecteurs nécessaires au contrôle de ces incidents.
Mieux traiter les animaux
Dans la même veine, la Coalition pour le climat et l’air pur recommande d’améliorer l’alimentation des bovidés. Et oui, quelques fois, trop d’herbe, ça se digère mal. Autre conseil aux agriculteurs : bien nettoyer le bâtiment d’élevage bovins, ne pas laisser le fumier s’amasser, améliorer la litière. Ou opter pour des vaches qui polluent moins. À noter que les rizières produisent également beaucoup de méthane. Steak-riz ce midi?
La liste du rapport Global Methane Assessment présente également des mesures indirectes, comme l’utilisation d’énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, réduire la consommation d’eau, de manière individuelle et collective.
Si ces mesures sont accessibles, pour beaucoup à bas coût et ne demandent pas forcément d’avancées technologiques, il n’est pas pour autant facile de réduire les émissions de méthane: “Changer les comportements et les habitudes de consommation prend du temps”, regrette Constantin Zerger, directeur du département énergie et climat de l’ONG allemande Deutsche Umwelthilfe, invité à s’exprimer à ce sujet lors de la conférence de presse de présentation du rapport.
Si celui-ci souligne qu’en 2020, les émissions de méthane ont continué à augmenter, malgré les ralentissements imposés par Covid-19, tout n’est pas perdu. Le méthane se décompose très vite dans l’atmosphère, ainsi inverser la tendance aurait des effets à court terme, rappelle la Coaltion pour le climat et l’air pur.