À Jérusalem, après un weekend de violences où l’on a dénombré près de 300 blessés palestiniens, le calme n’est qu’une apparence. Encore dimanche soir, l’armée et la police israélienne ont violemment réprimé et arrêté des militants du quartier de Sheikh Jarrah, et arrêté une vingtaine de personnes à Jérusalem même. Aujourd’hui, on craint une nouvelle escalade car des milliers de suprémacistes juifs célèbrent la « Journée de Jérusalem », leur marche annuelle pour célébrer l’annexion de la ville sainte par Israël.
Ce lundi 10 mai au matin, sur l’esplanade des Mosquées, on a constaté des tirs, des dizaines et des dizaines de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes, lancées par la police et l’armée israélienne sur les fidèles palestiniens. Il y a des tirs, même à l’intérieur de la mosquée Al Aqsa, rapportait notre correspondante à Jérusalem, Alice Froussard. Un Palestinien est mort ce lundi matin, des dizaines d’autres sont blessés, alors que les équipes médicales du Croissant-Rouge palestinien se font refuser l’accès immédiat à l’esplanade par Israël.
Ce lundi, c’est Yom Yeroushalayim, la « Journée de Jérusalem », qui marque la prise de la partie orientale de la ville par les Israéliens en 1967. Tous les ans, des milliers de juifs extrémistes descendent sur la vieille ville n’hésitant pas à provoquer les Palestiniens dans leurs quartiers, ce qui occasionne souvent des violences.
Bataille judiciaire
En fait, à Jérusalem, le calme – revenu seulement en journée ce week-end –n’est qu’une illusion. Tous les soirs, à Sheikh Jarrah, quartier à majorité palestinienne de Jérusalem-Est, situé à deux kilomètres au nord de la vieille ville, l’armée et la police israélienne répriment et arrêtent des militants venus y soutenir les habitants.
À l’origine de la colère, quatre familles palestiniennes menacées de déplacement forcé de leurs propres maisons au profit de colons israéliens, une bataille judiciaire qui dure depuis cinquante ans. Et le report du verdict de la Cour suprême est loin d’être une victoire pour ces Palestiniens. Dimanche, des manifestations ont eu lieu un peu partout dans la soirée à Haïfa, Nazareth, ou encore Ramallah.
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Semaine à haut risque
Et ces heurts pourraient continuer. Le Hamas à Gaza a appelé les manifestants à occuper l’esplanade jusqu’à jeudi, date prévue de la fin du ramadan, le mois sacré pour les musulmans.
En fin de semaine, samedi doit aussi être commémorée la nakba. « La catastrophe », en arabe, marque l’anniversaire du déplacement forcé de quelque 700 000 Palestiniens après la création de l’État d’Israël en 1948. Les commémorations, qui ont lieu chaque année, sont souvent accompagnées de manifestations et d’affrontements avec les forces israéliennes.