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(rfi)Chili: «La mobilisation de 2019 s’est retrouvée dans les urnes»

 (rfi)Chili: «La mobilisation de 2019 s’est retrouvée dans les urnes»

C’est un séisme politique qui a eu lieu ce week-end. Les électeurs chiliens ont délaissé les grands partis traditionnels et se sont tournés vers les candidats indépendants et la gauche pour réécrire la Constitution du pays qui date de la dictature militaire d’Augusto Pinochet. L’analyse d’Antoine Maillet, chercheur à l’Institut des Affaires publiques de l’Université du Chili, était l’invité d’Adrien Delgrange, dans le journal d’Haïti et des Amériques de RFI.

Comment expliquer que les candidats indépendants et les candidats de gauche, hors des partis traditionnels et pour beaucoup issus des mouvements sociaux, soient les grands gagnants du scrutin de ce week-end ?

Finalement, on est dans la continuité des évènements d’octobre-novembre 2019 et de la victoire écrasante du « oui » au référendum sur la Constitution un an plus tard. On avait peur que cette mobilisation se soit dégonflée pendant la crise sanitaire, mais ce week-end elle était bien là dans les urnes. Cela explique pourquoi tous ces candidats indépendants, marqués à gauche, ont eu un tel succès.

Qui sont ces candidats élus ? Peut-on parler d’une Assemblée représentative ?

Ce sont vraiment des candidats issus de la base, du mouvement social. Beaucoup sont issus de mobilisations environnementales, contre des projets extractivistes, ou du mouvement féministe. Parfois aussi ils sont liés aux syndicats, mais pas aux grandes centrales syndicales. Ils se sont construits très vite après l’ouverture de ce processus constituant et hors des partis. Ils sont vraiment anti-partis, c’est leur principale caractéristique. Cette représentation très à gauche, liée à la présence de représentants autochtones, laisse penser que la future Constitution reconnaîtra un Chili plurinational.

Les résultats traduisent un état d’esprit très critique par rapport au « modèle chilien », c’est-à-dire à l’héritage de Pinochet et la Constitution de 1980. La participation très basse empêche cependant d’être totalement enthousiaste, vis-à-vis de la représentativité de cette Constituante.

Le taux de participation a été de 41%, soit 10 points de moins que lors du référendum, l’automne dernier, qui avait ouvert la voie à la Constituante. Comment l’expliquez-vous ?  

D’une part, la participation est historiquement très basse au Chili, autour de 50%, même pour les grandes élections. Le désintérêt pour la politique est très ancré dans une frange importante de la population. D’autre part, cet écart entre la participation au référendum et le scrutin de ce week-end peut s’expliquer par le fait qu’une partie de l’électorat de droite ne s’est pas retrouvé dans l’offre électorale. Il n’y avait pas de candidat indépendant à droite. Les partis ont réussi à cadenasser l’offre électorale et cela n’a pas joué en leur faveur.  

Les décisions de cette Constituante seront prises à la majorité des deux tiers. Les indépendants et les partis de gauche peuvent être majoritaires. Mais Vamos Chile, le parti de droite au pouvoir, n’a même pas obtenu un tiers des voix ?

Effectivement, c’est vraiment une déroute pour eux, ils n’ont pas de minorité de blocage. Cet échec est d’autant plus dur qu’ils avaient annoncé être sûrs d’obtenir ce tiers des voix. Leur campagne était très peu connectée aux demandes de changement, le tout dans un contexte de chute de la popularité du président Sebastian Piñera.

Cette débâcle est-elle de mauvaise augure pour les candidats de droite à la présidentielle du 21 novembre prochain ?

Pour la droite, c’est un panorama difficile. Mais il s’agira d’une élection différente : la présidentielle est une élection à deux tours, avec la possibilité de corriger le tir entre les deux tours. On verra si on ne voit pas émerger, au-delà des candidats actuellement en lice, un candidat populiste de droite qui essaierait de capter ce vote « anti-partis ». À gauche, une figure semble en mesure d’endosser ce rôle. Au final, cette présidentielle paraît aujourd’hui très ouverte : il y a beaucoup de candidats et aucun ne s’est vraiment détaché pour l’instant .

Ibrahima Diallo

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