Selon une enquête réalisée par MagnifyMoney, une filiale du site de prêts en ligne, Lendingtree, 41% des « millennials », ces jeunes nés dans les années 2000, disent chercher des informations sur Tik-Tok. Mais cette nouvelle tendance n’est pas sans risque. Ils se font parfois avoir et peuvent perdre jusqu’à plusieurs milliers de dollars.
En tapant le #cryptotrading sur Tik-Tok et Instagram, des dizaines de vidéos s’affichent. Certaines montrent la nouvelle monnaie en vogue. Sur les images, les dollars défilent ainsi que des smileys aux étoiles dans les yeux.
Sur d’autres, des Tik-Tokeurs expliquent comment investir. Par exemple, sur la dernière publication Tik-Tok de Rob shields, cet autodidacte de la finance de 22 ans montre du doigt sa cryptomonnaie préférée parmi les huit les mieux référencées sur Twitter. Il existe aussi des comptes de vulgarisation, comme celui de l’ingénieure en blockchain, Sajida Zouarhi.
Des contenus simples, rapides, piles dans les codes du net qui sont suivis par des centaines de milliers d’abonnés.
« Une fascination à devenir riche »
« C’est une génération qui a grandi avec plusieurs crises économiques et l’idée que l’État providence était défaillant. On leur a par exemple répété qu’ils n’auraient pas de retraite. Pour eux, il est donc important de créer son patrimoine le plus tôt possible », explique Sajida Zouarhi. Elle note aussi une « certaine fascination à devenir riche » éprouvée par cette génération.
Pour elle, la cryptomonnaie répond aux attentes des jeunes en ce qu’elle permet de démocratiser l’investissement. Plus besoin d’ouvrir un compte bancaire ou de déployer des sommes conséquentes pour se lancer. « Cette génération est en plus habituée à utiliser de l’argent virtuel, dans des jeux vidéos par exemple. Contrairement à d’autres générations, ils ont tout à fait conscience que la monnaie virtuelle n’est certes pas matérielle, mais existe. »
Gare aux pertes
Un risque majeur demeure cependant : celui de perdre de l’argent. Au Canada, par exemple, un entrepreneur a lancé il y a un mois sa propre cryptomonnaie, afin de financer ses nouveaux projets. Il demande alors à des influenceurs d’en faire la promotion sur Tik-Tok. Les abonnés s’emballent et investissent massivement. Mais le cours de la monnaie chute quand un des principaux acheteurs vend ses devises. Deux mille investisseurs, parfois mineurs, voient s’évaporer au total près de deux millions de dollars américains.
Pour éviter ces bulles spéculatives, Louis Roy, président d’une société de conseil en cryptomonnaie au Québec rappelle quelques précautions à prendre. « Il faut regarder le projet, dans quel endroit il est lancé et si l’on trouve des partenaires de bonne réputation, comme des cabinets d’avocats spécialisés. Au Québec par exemple, pour lever des fonds en créant une cryptomonnaie, il faut respecter des règles strictes, faire des demandes d’approbation… »
Prévenir les arnaques
D’autant qu’en matière de cryptomonnaie, les arnaques sont nombreuses. « Par exemple, certains vont créer une monnaie pour financer une plateforme. Ils disent aux investisseurs que l’achat de la monnaie va leur donner le droit d’utiliser la plateforme. Et d’un coup, la personne disparaît, mais pas de plateforme et les investisseurs perdent leur argent. C’était un cas fréquent ces dernières années. », explique Louis Roy.
Certes connu, ce phénomène est amplifié par les réseaux sociaux. « Les réseaux sociaux brisent les frontières géographiques et permettent de toucher beaucoup plus d’utilisateurs. » Avec la portée, par exemple des influenceurs, beaucoup investissent sans prendre connaissance du projet, qui parfois sort des cadres réglementaires.