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(Reseauinternational)Détournement d’un vol Ryanair et arrestation de Protassevitch – Et si la Biélorussie était tombé dans un piège de l’Ukraine ?

 (Reseauinternational)Détournement d’un vol Ryanair et arrestation de Protassevitch – Et si la Biélorussie était tombé dans un piège de l’Ukraine ?

Le 23 mai 2021 en début d’après-midi, un avion Ryanair reliant Athènes à Vilnius se pose en urgence à Minsk après que plusieurs aéroports en Biélorussie aient reçu un e-mail déclarant qu’une bombe se trouvait à bord et qu’elle explosera une fois que l’avion sera au-dessus de la capitale lituanienne. Parmi les passagers, se trouvait Roman Protassevitch, qui a travaillé pour la chaîne Telegram Nexta, qui a activement participé à l’organisation des manifestations contre Loukachenko l’an passé. Les autorités biélorusses arrêtent alors Protassevitch, déclenchant des réactions littéralement hystériques de la part de l’Occident qui accuse Minsk d’avoir détourné l’avion exprès pour arrêter l’opposant, et menace la Biélorussie de mesures de rétorsion dont les conséquences sur l’économie biélorusse ne seront pas négligeables. Et si ce détournement du vol Ryanair où se trouvait Protassevitch était un piège de l’Ukraine dans lequel la Biélorussie est tombée à pieds joints ?

Cette théorie peut sembler assez folle, et pourtant plusieurs éléments laissent penser que ce n’est pas si fou que cela.

Tout d’abord il faut rappeler que contrairement à ce que hurlent certains officiels ou journalistes occidentaux, ce qui s’est passé le 23 mai a non pas un mais plusieurs précédents, dont un qui a eu lieu en Ukraine !

Le 21 octobre 2016, un avion de la compagnie Belavia (compagnie biélorusse) est ramené de force à l’aéroport Jouliany de Kiev dont il était parti, sans explication ni raison claire. Kiev menace même d’envoyer les avions de combat si l’équipage n’obtempère pas ! Une fois que l’avion a atterri, les autorités ukrainiennes arrêtent l’un des passagers, un citoyen arménien du nom de Armen Matirossian, qui est un opposant au Maïdan. À l’époque personne en Occident n’a hurlé à l’acte terroriste de la part de l’Ukraine (double standard quand tu nous tiens) pour ce détournement musclé d’un avion biélorusse. La Biélorussie elle-même n’avait pas réagi avec hystérie à cette affaire, et n’avait pas menacé de couper les liaisons aériennes avec l’Ukraine, comme cette dernière vient de le faire après l’histoire du vol de Ryanair.

Autre fait qu’il faut rappeler, c’est que l’Ukraine était prête à recommencer l’an passé ! Rappelez-vous, fin juillet 2020, le KGB biélorusse arrête 33 mercenaires russes sur lesquels initialement l’Ukraine comptait mettre la main lorsque leur vol passerait dans le ciel ukrainien. Cette fois l’idée était de faire monter à bord des agents du SBU chargés de jouer respectivement un homme malade et un membre du personnel médical, et simuler un problème de santé grave pour obliger l’avion à se poser en Ukraine, et débarquer puis arrêter les 33 Russes. Mais le plan ne s’est pas déroulé comme prévu, et la Biélorussie a débouté l’Ukraine de ses demandes d’extradition des mercenaires russes, qui sont rentrés chez eux.

Cette Bérézina monumentale des services secrets ukrainiens a laissé des traces en Ukraine. Plusieurs personnalités politiques ont accusé des proches de Zelensky d’être responsables de la fuite d’information qui a mené à l’échec de l’opération, et demandé d’interroger tout le monde, y compris le Président ! Autant dire que certains à Kiev ont dû mal digérer cette affaire et garder une rancœur contre Minsk pour cette gabegie. Et si l’Ukraine avait décidé de se venger de la Biélorussie en provoquant un énorme scandale qui aurait des conséquences politiques, économiques et médiatiques désastreuses pour Minsk ?

Car l’idée que Loukachenko aurait décidé sur un coup de folie de détourner l’avion de Ryanair juste pour arrêter Protassevitch – en sachant que cela déclencherait un scandale international et potentiellement des mesures de rétorsion désastreuses pour la Biélorussie sur le plan économique – ça ne colle pas. Il y a quelque chose qui cloche.

Tout d’abord les images prises lors de l’atterrissage de l’avion à Minsk montrent une quantité impressionnante de camions de pompiers, des sapeurs sont sur place, les bagages et les passagers sont fouillés. En clair, Minsk semble avoir pris la menace de la présence d’une bombe à bord de l’avion très au sérieux. Si Loukachenko avait juste envie d’arrêter Protassevitch, peu importe les conséquences, pourquoi s’embêter à faire un tel simulacre ? Il lui suffisait de faire comme les autorités ukrainiennes en 2016 avec le vol de Belavia ! Les conséquences pour la Biélorussie auraient été les mêmes.

Autre fait qui contredit la version occidentale, c’est la transcription des discussions entre l’aiguilleur du ciel biélorusse et le pilote du vol Ryanair. Le site du ministère des Transports biélorusse où la transcription a été publiée subit depuis lors des attaques informatiques qui le rendent souvent inaccessible. Mais j’ai réussi à accéder à la page assez longtemps pour lire l’échange.

Voici la capture d’écran d’une partie de la discussion (cliquer dessus pour voir en plus grand) :

On y lit clairement que l’aiguilleur biélorusse n’a fait que recommander un atterrissage d’urgence à Minsk ! À aucun moment les pilotes ne sont forcés ou menacés de se voir envoyer les avions de chasse comme lors de l’incident de 2016 en Ukraine. C’est le pilote du vol Ryanair qui décide de suivre la recommandation de l’aiguilleur.

Les autorités biélorusse ont lancé une enquête pour punir les personnes à l’origine de la fausse alerte à la bombe. De plus, la Biélorussie a proposé à la Lituanie de mener une enquête conjointe sur l’incident, et a invité des experts de l’ICAO, de l’IATA, de l’EASA, et des autorités de l’aviation civile européennes et américaines à venir sur place pour évaluer les circonstances de l’incident. Ce qui ne colle pas non plus avec le scénario de Loukachenko décidant de défier toutes les règles et lois internationales pour mettre la main sur un opposant. Dans un tel scénario, la Biélorussie aurait simplement envoyé bouler ces institutions et ne s’embêterait pas à enquêter sur la fausse alerte à la bombe.

Autre fait troublant, l’e-mail annonçant qu’il y a une bombe à bord de l’avion, venant prétendument du Hamas (qui a démenti être à l’origine de cette alerte à la bombe), a été envoyée depuis une adresse ProtonMail. Or ce fournisseur d’e-mail a été bloqué en Russie, car il était utilisé pour envoyer de fausses alertes à la bombe à répétition. Des e-mails dont une bonne partie venaient d’Ukraine !

Résumons : nous avons un pays, l’Ukraine, qui a déjà un passif de détournement d’avion, qui a aussi un passif de fausses alertes à la bombe dans un pays voisin, et qui a de bonnes raisons d’en vouloir à la Biélorussie. De l’autre nous avons un comportement des autorités biélorusses qui semble indiquer qu’elles ont réellement pris au sérieux la menace, et qu’elles ont juste pris les mesures nécessaires face à un tel danger. La découverte de Protassevitch à bord lors du débarquement des passagers pour la fouille serait alors fortuite, et la Biélorussie aurait sauté sur l’occasion pour l’arrêter, sans comprendre les conséquences désastreuses que cela aurait pour le pays.

Suite à l’incident, l’Ukraine a qualifié l’incident avec l’avion Ryanair de « manifestation du terrorisme international » (ce qui a de quoi faire rire jaune quand on sait que Kiev a fait la même chose en pire en 2016) et appelé à prendre des mesures sévères contre la Biélorussie. Kiev a d’ailleurs coupé toute liaison aérienne avec son voisin suite à cet incident.

Or il semble que l’Ukraine ne soit pas la seule à vouloir se lancer dans cette mesure de rétorsion, plusieurs compagnies aériennes occidentales ont déjà suspendu leurs vols à destination de la Biélorussie, plusieurs pays comme la Grande-Bretagne interdisent aux avions biélorusse de voler dans leur espace aérien, et l’UE appelle à généraliser ce blocus aérien et à prendre des sanctions contre le pays, ce qui pourrait avoir des conséquences économiques désastreuses pour Minsk.

D’ailleurs l’Ukraine en a profité pour réitérer son refus déjà exprimé au mois d’avril de cette annéede ne pas revenir mener les négociations concernant le Donbass à Minsk après la fin des mesures anti-coronavirus. Si en avril les excuses avancées semblaient tellement bidons que personne n’y a prêté attention, après un tel incident, le refus ukrainien de retourner à Minsk semble un peu plus justifié aux yeux des garants occidentaux des accords de Minsk.

Si on tient compte du fait que cet incident aura potentiellement des conséquences désastreuses pour la Biélorussie, alors que Loukachenko avait réussi à éviter le pire l’an passé en manœuvrant habilement, alors le scénario officiel occidental cloche. Soit Loukachenko a réellement été pris d’une crise de folie répressive, mais dans ce cas, pourquoi s’adonner à un tel simulacre et ne pas avoir fait comme l’Ukraine en 2016 ? Soit quelqu’un a piégé la Biélorussie pour en faire une paria aux yeux du monde entier, afin de se venger. Si tel est le cas, l’enquête sur la fausse alerte à la bombe pourrait bien apporte des preuves sur l’origine de cette vengeance.

Christelle Néant

source:https://www.donbass-insider.com/fr/

houssainatou

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