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(rfi.fr)Syrie: Bachar el-Assad fait campagne sur une reconstruction impossible.

 (rfi.fr)Syrie: Bachar el-Assad fait campagne sur une reconstruction impossible.

En Syrie, une décennie de conflit, plus de 500 000 morts, plus de la moitié de la population déplacée, et désormais près de 90% de pauvres. C’est sur ce bilan que Bachar el-Assad appelle aujourd’hui les Syriens à voter pour une élection présidentielle qui a tout d’une mascarade. Le président syrien devrait s’offrir un quatrième mandat de sept ans. Sur les 70% du territoire que ses forces contrôlent, il a fait un semblant de campagne sur la reconstruction du pays. Publicité

Des affiches électorales à la gloire du président Assad et de ses efforts pour la reconstruction défilent sur la route. Des affiches plus nombreuses que des panneaux de signalisation. Les images ont été beaucoup commenté sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Les internautes se demandant d’où peut venir tout cet argent dans un pays où désormais presque toute la population est pauvre.

En 2017, selon la Banque mondiale, 30% des immeubles en Syrie ont été fortement abîmés ou détruits par les années de conflits. Des destructions inégalement réparties, bien-sûr. Les zones dites rebelles ayant subi le gros des bombardements par le régime et ses alliés. À Homs, 54% des immeubles sont inhabitables. Les destructions de la guerre sont estimées par l’ONU à 380 milliards de dollars.

Pourtant, le régime syrien promet qu’il va reconstruire le pays

Depuis 2012, une agence gouvernementale, le « Comité pour la reconstruction », est chargée d’aider les Syriens à reconstruire leur maison. Au total, 386 milliards de livres syriennes (soit 1,4 milliard de dollars) ont été levées, grâce à un prélèvement de 10% sur certains impôts directs et indirects. Problème, même s’il est difficile de savoir précisément comment est répartie cette manne tant la transparence fait défaut, il semble qu’elle soit allée garnir surtout les administrations, et les besoins de l’armée en infrastructures: logement et hôpitaux militaires au premier chef. Plus révélateur encore, d’après les recherches du Carnegie Middle East Center, en 2017, le comité a accordé l’équivalent de 340 000 euros pour des travaux de maintenance du quartier de Mazzeh 86 à Damas. Il s’agit d’un bastion du régime. Alors que non loin de là, Daraya, une base de l’opposition lourdement détruite par les combats, n’a presque rien vu de l’argent de la reconstruction.

Autrement dit, le régime syrien a une conception très étroite de la reconstruction du pays

Une reconstruction partielle, partiale, dans laquelle des territoires entiers, parce qu’ayant soutenu l’opposition en 2011 sont oubliés. À travers laquelle des projets qui cimentent le maintien au pouvoir du clan Assad sont privilégiés, favorisant au passage une nouvelle classe d’hommes d’affaires enrichis par l’économie de guerre. Les alliés du régime: Russie et Iran s’en accommodent. Ils arrachent eux aussi des contrats de construction d’usines, de bases navales ou de centrales électriques dans leurs zones d’influence. La Turquie, elle, s’est établie pour de bon dans l’extrême nord du pays où ses entreprises bâtissent hôpitaux et écoles. La reconstruction syrienne, si elle existe, se fait par tronçons, et au profit d’une minorité.

Pas question pour la communauté internationale de financer la reconstruction du pays dans ce contexte

Les alliés de Damas, Russie en tête, espèrent encore que les Européens paieront la facture. Washington et Bruxelles ont redit leur position en mars dernier pour les dix ans du début de la révolte.

Ils ne s’engageront que si se dessine une voie vers une transition politique, qui passe par un départ de Bachar el-Assad du pouvoir. Avec les États-Unis, l’UE a promis cette année plus de 5 milliards d’euros pour les besoins humanitaires de la population, notamment face à la crise sanitaire. C’est moitié moins que ce que demandaient les agences de l’ONU. Une  reconstruction, totale, coûterait de 250 à 400 milliards de dollars. Afin de rebâtir, les maisons, les immeubles, les usines, les voies de transports détruites ou encore les services de santé d’éducation, d’eau courante, d’électricité. Ce qui de toute façon n’aurait pas de sens sans que certaines conditions politiques soient réunies. Ces dix dernières années, la Syrie a surtout perdu une jeunesse, des talents morts ou partis du pays. Sans ces exilés, pas de reconstruction possible.

kadi

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