La vente des voitures d’occasion est en plein essor. Une situation totalement atypique. Déconcertante pour les acteurs du marché et inquiétante pour les économistes. Publicité
Une occasion en or, cela pourrait être un slogan publicitaire, c’est désormais un fait : la cote des voitures d’occasion explose depuis quelques mois. C’est vrai surtout aux États-Unis, mais aussi au Royaume-Uni et en Allemagne. Et ce n’est pas normal du tout. En général, c’est l’inverse qui est vrai : le prix d’un véhicule tend à baisser avec son âge, jusqu’au jour où il n’est plus bon qu’à être jeté à la casse. Mais avec la pandémie, ce marché marche sur la tête et il augmente dans des proportions effarantes. C’est spectaculaire aux États-Unis où le prix moyen des voitures d’occasion a crevé un plafond historique en avril. Il a gagné 17% depuis le début de l’année, dont 10% pour le seul mois d’avril.
Pourquoi les ménages achètent-ils plus de voitures anciennes ?
D’abord parce que certains d’entre eux ont fui la ville pour télé-travailler, ils ont donc besoin d’un véhicule supplémentaire, peut-être transitoire, et donc si possible pas trop cher, pour faciliter leur nouvelle vie à la campagne. D’autres, contraints de se rendre au bureau, ont voulu acquérir un nouveau véhicule pour éviter les transports en commun. Et puis il y a ceux qui ont tout simplement eu envie de se faire plaisir en investissant dans un joli modèle ancien, histoire de dépenser l’épargne accumulée faute d’alternatives. Cette demande accrue est apparue avec le confinement et à partir de l’été dernier elle a contribué à faire monter graduellement les prix sur le marché américain et maintenant sur certains marchés européens.
Le confinement a aussi eu un effet négatif sur l’offre de véhicules d’occasion.
D’abord parce que les constructeurs ont perdu des semaines, voire des mois de production au printemps dernier, cela a ôté du marché des millions de véhicules neufs. Quand la demande s’est réveillée, les clients se sont donc rabattus sur l’ancien. Par ailleurs, les autres sources classiques d’approvisionnement des revendeurs se sont taries. Faute d’activité, les agences de location automobile n’ont pas renouvelé leur flotte. Enfin les détenteurs de véhicule en leasing ont eu tendance à prolonger leur contrat puisqu’ils ne pouvaient pas acheter du neuf, faute de modèle disponible.
Et maintenant la pénurie de semi-conducteurs aggrave les tensions.
C’est aujourd’hui le principal goulet d’étranglement. Elle renforce la rareté du neuf et par ricochet la demande pour l’ancien. Aucun expert n’est en mesure aujourd’hui de prévoir combien de temps va durer cette crise de l’offre. On parle au moins d’une année. En France les prix de l’ancien restent stables, mais la demande a explosé depuis janvier. Six millions de véhicules d’occasion pourraient être immatriculés cette année, ce serait un record absolu.
Pourquoi cette hausse du marché de l’occasion inquiète-t-elle les économistes ?
Car elle alimente le retour de l’inflation. C’est l’un des principaux moteurs de la hausse des prix aux États-Unis. Peut-être le canari dans la mine : c’est-à-dire le phénomène qui alerte sur l’imminence d’une crise de grande ampleur préviennent les pessimistes ! Il faut aussi avoir à l’esprit que ce marché de l’occasion est devenu un segment de plus en plus important. Dans les années 90 le neuf représentait en France 7% des ventes auprès des particuliers, aujourd’hui c’est 3% seulement.
EN BREF
Les entreprises européennes repartent à l’assaut du marché chinois
60% d’entre elles envisagent de renforcer leur présence dans l’Empire du milieu d’après l’enquête de la chambre de commerce européenne basée à Pékin publiée ce mardi. C’est entre autre pour éviter les ruptures d’approvisionnement vécues en 2020 qu’elles veulent relocaliser en Chine une partie de leur activité destinée au marché domestique. Pour la moitié des sondés, la Chine est le pays où leurs marges sont actuellement les plus élevées, c’est pourquoi elles entendent profiter du rebond précoce de l’économie chinoise.