Après la déclaration de cette épidémie, les habitants de ce village se sont opposés à toute intervention des équipes de la riposte. A travers un travail acharné de l’UNICEF sur le terrain, les habitants ont enfin ouvert leurs portes.
Béméyé est un district de la sous-préfecture de Bètha situé à 07km de la préfecture de Yomou. Le 17 mai 2021, l’épidémie de fièvre Lassa y a été déclarée par les autorités sanitaires du pays. Au lendemain de cette déclaration, les habitants de ce district se sont opposés à recevoir les interventions des acteurs de la riposte dans le village concerné.
Les rumeurs aidant en pareilles circonstances, ils étaient convaincus que toute intervention extérieure est synonyme d’aggravation de leur situation pouvant conduire à leur décimation.
Depuis lors, l’UNICEF, à travers ses communicateurs pour le développement (C4D) et appuyés par les autorités locales, s’est investie sur le terrain en développant toutes les stratégies possibles pour communiquer la vraie information et contrecarrer les rumeurs qui y avaient rapidement fait leur lit. Résultat, après un travail acharné sur le terrain, les habitants ont enfin ouvert leurs portes aux partenaires d’intervention.
La rencontre pour marquer la levée officielle des réticences s’est tenue en plein air à Béméya, regroupant pour la circonstance, la notabilité du village, les jeunes leaders les femmes et les ressortissants de ce district vivant à N’zérékoré.
La stratégie a aussi consisté à solliciter l’appui des ressortissants de Béméyé « Quand le premier cas de fièvre lassa a été déclaré à Béméyé, les habitants ont refusé que quelqu’un mette les pieds ici. C’est ainsi que nous avons sollicité l’intervention des ressortissants et ils nous ont appuyés en parlant avec les membres de leurs communautés », explique Sègbè Béavogui, Secrétaire général des collectivités décentralisées de la préfecture de Yomou, située à 62km du centre-ville de la région administrative de N’zérékoré.
Aussitôt sollicités, les ressortissants n’ont pas perdu de temps, ils ont séance tenante pris le problème à bras-le-corps et ont réussi à raviser leurs parents : « lors de la réunion que nous avions tenue, nous avons dit à nos parents que ces gens ne viennent pas pour vous faire du mal, mais plutôt pour votre bien-être. N’ayez donc pas peur. Ils viennent juste explorer le terrain, voir qui est malade, qui est susceptible d’être malade et qui ne l’est pas, afin qu’ils prennent les dispositions sanitaires qui s’imposent, car il y a un problème de santé. Donc il faut accepter de travailler avec eux », raconte Alphonse Toma Guémou, l’un des ressortissants de Béméyé vivant à N’zérékoré.
À tour de rôle, tous les acteurs clés qui ont, d’une manière ou d’une autre, contribué à faire tomber le mur de la réticence sont intervenus devant l’assemblée pour, non seulement témoigner de la mauvaise information qu’ils ont reçue et qui a modifié leurs comportements, mais aussi pour encourager à se montrer plus ouverts.
C’est le cas du Vicaire général du diocèse de N’zérékoré, Jean-Marie Guémou « moi, je ne peux pas vous envoyer un malheur ici. Que ceux qui reconnaissent avoir eu des contacts avec le malade acceptent de se mettre en observation. Nous, nous allons y veiller. Que toute personne qui sent des symptômes de cette malade, parte rapidement à l’hôpital pour une rapide prise en charge ».
Pour sa part, le Maire de Bètha, commune rurale de laquelle relève Béméyé dira « Nous prions donc le bon Dieu de nous aider à rapidement faire partir cette maladie. Chers frères, sœurs et parents, je vous demande de ne pas se fier aux rumeurs ».
Au terme des discussions, le Secrétaire général des collectivités décentralisées de Yomou a déclaré la levée officielle des réticences relatives à la fièvre Lassa à Béméyé. Les réticences enfin levées, le Président du district de Béméyé, Alain Monémou, a salué l’implication remarquée de l’UNICEF pour aboutir à cette situation de compréhension mutuelle aujourd’hui « je remercie l’UNICEF qui nous a beaucoup aidés. Je remercie également la population qui a finalement accepté l’arrivée de l’équipe médicale ».