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(mouv.fr)Ces sujets sur lesquels on aimerait voir les rappeurs s’engager plus : les violences faites aux femmes

 (mouv.fr)Ces sujets sur lesquels on aimerait voir les rappeurs s’engager plus : les violences faites aux femmes

Une situation toujours aussi dramatique en 2021  

Après avoir détaillé les nombreux sujets sur lesquels les rappeurs français s’engagent depuis trente ans (racisme, censure, violences policières, génocides et guerres, néocolonisation, écologie …), nous avons commencé à nous intéresser aux questions qui mériteraient un traitement plus approfondi de leur part. L’homophobie a été la première grande thématique nécessitant une remise en question générale de la part des rappeurs, mais aussi des médias, maisons de disques, journalistes, radios -en clair : de tout le milieu du rap. D’autres problématiques sont à approfondir, notamment celle de la violence aux femmes. 

La semaine dernière, PLK s’est exprimé au sujet des violences faites aux femmes au cours de l’émission Planète Rap : «Quand un petit fait une connerie, je vois les condés qui viennent chez lui en uneheure. Par contre, quand j’entends des histoires où des femmes portent plainte 48 fois, et il ne se passe rien du tout jusqu’à ce qu’on les tue, ça m’affole plus […] Dans les vraies histoires, ils ne sont plus là. Quand un mec met une balle dans la tête d’une meuf et qu’il la brûle dans la rue, il n’y a pas un condé. Mais pour attraper les petits de 18 ans sur un terrain, ils sont forts». https://www.youtube.com/embed/QYAYnGu_iaw?feature=oembed

Si la comparaison entre les deux situations est sujette à débat, elle pointe le doigt sur une réalité terrible : de trop nombreux exemples dramatiques ont prouvé que des femmes battues ou menacées par leur conjoint ou ex-conjoint n’étaient pas prises en charge après avoir appelé au secours. En 2018, 40 des 120 femmes tuées dans de telles circonstances avaient porté plainte ou posé une main courante au moins une fois. Certaines avaient même alerté les autorités des dizaines de fois. Certains policiers refusent tout bonnement de prendre ce type de plainte. Entendre un rappeur jeune et populaire remettre en cause les dysfonctionnements du système français face à de tels drames est donc important. Ce sera évidemment insuffisant pour faire changer cette situation, mais c’est une première prise de conscience qui doit en appeler d’autres. 

#Balancetonrappeur, une première étape importante  

Ces derniers mois, le rap français a en effet connu de nombreux épisodes de violences faites aux femmes, dans des circonstances variées. Récemment, Moha la Squale, qui a beaucoup fait parler de lui sur ce sujet depuis septembre 2020, a été mis en examen pour “violences et agression sexuelle, menaces de mort et séquestration”. S’il conteste publiquement les faits, il est loin d’être le premier rappeur français à devoir faire face à de telles accusations. De Joeystarr, qui est revenu plusieurs fois sur les violences dont il a été l’auteur, à RK, arrêté il y a peu suite à une plainte de sa compagne, en passant par Doc Gynéco, les cas se sont multipliés, la parole étant désormais plus libérée du côté des victimes. 

Le mouvement #Balancetonrappeur a démontré que le milieu du rap n’était pas plus exemplaire qu’un autre. Les rappeurs ayant eu des comportements déplacés, agressifs, voire violents, avec des femmes, ont été dénoncés sur les réseaux sociaux ou dans des articles de presse. Une excellente chose, qui rappelle aux artistes que leur position ne leur confère aucun privilège sur ce sujet. Malheureusement, là où le rap français aurait pu s’engager massivement pour défendre une cause importante, peu d’artistes ont réellement souhaité s’exprimer sur le sujet et soutenir de manière franche les victimes.  https://www.youtube.com/embed/32MQuA_R-ac?feature=oembed

Etonnamment, le rap français traite beaucoup moins de ce sujet d’actualité qu’il y a une quinzaine d’années, à une époque où les victimes n’avaient pas encore pris la parole publiquement. Le rappeur le plus engagé sur le sujet est, assez étonnamment, LIM, un profil inattendu sur ce sujet. Son titre Violences Conjugales (2007)  est l’un des plus complets sur le sujet, avec statistiques concrètes (“Une femme sur dix est victime de violences conjugales / Seulement 10% des plaintes aboutissent, est-ce normal ?”), récits de situations dramatiques (“maintes et maintes fois, elle a mangé des coups par son mec, qui, une fois saoul se comporte comme un fou”), doigt pointé sur les agresseurs (Bertrand Cantat) et dénonciation de l’absence de sanctions (“elle se retrouve à l’hosto avec une côte cassée / De plus, faut qu’elle prouve que son mari l’a bien tabassé / Pourtant, elle sait qu’il prendra du sursis”). https://www.youtube.com/embed/OT3FRa9Mvvk?feature=oembed

Plus d’actualité que jamais  

Du côté des victimes, Diam’s a été la porte-voix des femmes battues avec le titre Ma Souffrance, un titre fort et émouvant, qui permet de mieux comprendre ces situations complexes et l’engrenage infernal qui suit le premier acte de violence : sentiments ambivalents (les mots sont trop doux, les coups trop violents), peur (“j’ai pris des coups sans rien dire / En me promettant que s’il recommençait, et bien j’allais partir / Mais à chaque fois c’était la même, j’avais trop peur qu’il me tue”) et conséquences psychologiques sur le long-terme (“comprends que je ne puisse plus donner du coeur”). https://www.youtube.com/embed/xc8H5C4juAU?feature=oembed

Aujourd’hui, peu de rappeurs osent s’emparer du sujet. Comme le souligne le Bondy Blog, les rares artistes ayant voulu aborder le sujet l’ont fait de manière très maladroite -voire choquante. A l’heure où la parole des victimes s’est enfin libérée, et où le milieu du rap a pu se regarder en face pour constater qu’il n’était pas exemplaire sur ce sujet, il est nécessaire que le mouvement #Balancetonrappeur soit suivi par une remise en question complète. 

Le microcosme du rap français est à l’image de la société dans laquelle il évolue : de l’industrie du cinéma au monde de l’entreprise, les agressions sexuelles, violences aux femmes, violences psychologiques, existent depuis des décennies et ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Rien ne peut se faire sans une prise de conscience générale et des changements profonds dans les mentalités et l’éducation à donner aux plus jeunes générations. Du côté des artistes, il faut désormais comprendre qu’il n’existe aucune immunité, que la violence aux femmes n’est acceptable sous aucun prétexte. Du côté des maisons de disques et des médias, plus personne ne doit fermer les yeux sur ces comportements. Le travail entrepris depuis l’an dernier doit se poursuivre et gagner en ampleur. Continuer à écouter les victimes, les accompagner dans leur prise de parole, est la première des choses à faire. À lire aussiCes sujets sur lesquels on aimerait voir les rappeurs s’engager plus (partie 1) : l’homophobieÀ VOIR AUSSI

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