l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

(observateurcontinental)La Turquie restera-t-elle en Afghanistan après le départ de l’Otan

 (observateurcontinental)La Turquie restera-t-elle en Afghanistan après le départ de l’Otan

Les projets de l’Otan de maintenir le contingent militaire turc en Afghanistan après le retrait de toutes les autres forces ont été l’un des thèmes principaux évoqué par la communauté d’experts de différents pays. Jeudi 17 juin, Jake Sullivan, conseiller de la Maison Blanche à la sécurité nationale, a confirmé une telle entente conclue lors d’un entretien entre Recep Erdogan et Joe Biden à Bruxelles.

Selon le diplomate, la zone de responsabilité des militaires turcs sera limitée à l’aéroport international de Kaboul (probablement au cas d’une aggravation de la situation politique afin d’assurer un débarquement de l’Otan sans obstacles). 

De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui cherche à améliorer les relations avec Washington, a annoncé ce projet immédiatement après son entretien avec son homologue américain, en précisant que sa réalisation nécessiterait un soutien diplomatique, logistique et financier des Etats-Unis. 

Le choix de la Turquie en tant que “surveillant” de l’Otan n’est pas dû au hasard. Avant tout, parce que le slogan du djihad ne “fonctionne” pas contre elle. De plus, les relations entre la Turquie et l’Afghanistan connaissent une longue histoire et ont été officialisées encore en 1921 par un traité d’alliance turco-afghan. Ces derniers temps, Ankara a renforcé ses positions dans le pays en participant au rétablissement des provinces Wardak, Djozdjan et Sar-é Pol. Avec son aide y ont été organisées des réformes administratives, judiciaires, du système de l’éducation et de la santé, a été organisée la formation de policiers et de militaires locaux, ont été réalisés des projets humanitaires et d’infrastructure. Enfin, les militaires turcs n’ont jamais participé aux opérations militaires se limitant aux patrouilles et à la formation de cadres pour l’armée afghane. 

Les diplomates turcs avec des galons et sans ont établi de bonnes relations avec l’ancien président afghan Hamid Karzai et Abdul Rachid Dostom, devenu maréchal à présent, membre du Conseil de sécurité de l’Afghanistan et vice-président du Haut conseil pour la réconciliation nationale. Tout en restant le leader afghan officieux des Ouzbèkes et des Turkmènes. Ils sont souvent qualifiés de “Turcs extérieurs” en Turquie, et la région de leur habitat est dite “Turkestan du Sud” qui, selon le journal Türkiye proche des autorités, “fait partie de la sphère de nos intérêts”. 

Il est difficile de croire que le président turc ambitieux se contentera de l’aéroport, ce n’est pas son niveau. Certains politologues proposent déjà de diviser l’Afghanistan en sphères de responsabilité (voire d’influence!). Sachant que les régions au nord et dans le centre du pays, où vit la population turcophone, deviendront une zone de responsabilité de l’armée turque, alors que tout le sud iranophone sera sous la responsabilité de l’armée pakistanaise. Et Recep Erdogan lui-même propose d’assurer la sécurité de l’aéroport (car à l’heure actuelle il est seulement question de cette zone) en faisant appel à des unités pakistanaises et hongroises. La Hongrie est visiblement nécessaire pour que les alliés de l’Otan ne soupçonnent pas Ankara et Islamabad d’un “complot musulman”. D’autant que ce pays sympathise traditionnellement à la Turquie la voyant comme un allié “naturel” en Europe en incluant même les Hongrois dans la “race turque”. 

Quant aux Pakistanais, le haut niveau de confiance entre les autorités turques et pakistanaises rend la coopération militaro-politique tout à fait plausible. 

La Turquie était l’une des premières à reconnaître l’indépendance du Pakistan, et depuis les relations bilatérales reposent sur la coopération militaro-technique. Pendant la Guerre froide les deux pays faisaient partie du pacte de Bagdad, en 1988 a été créé le groupe de consultation militaire turco-pakistanais, et en 2003 – l’organisation conjointe Dialogue militaire de haut niveau. Progressivement Ankara est devenu le deuxième fournisseur d’armes à l’armée pakistanaise après la Chine. 

Bien évidemment, les relations turco-pakistanaises ne se limitent pas au secteur militaire: selon le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, près de 100 compagnies turques travaillent aujourd’hui au Pakistan. Ces dernières années, la coopération économique entre Ankara et Islamabad est aidée par la participation des deux pays au projet de transport chinois “La ceinture et la route”, dont un des itinéraires devrait traverser les territoires pakistanais et turc. 

Cependant, tout cela ne garantit pas la réussite. Même si les relations d’Ankara avec Kaboul sont relativement normales, les talibans exigent le retrait de toutes les forces de l’Otan du pays, y compris les troupes turques. D’autant plus qu’ils rejetaient toujours la légitimité des autorités centrales les considérant comme des “marionnettes de l’Occident”, même s’ils négocient avec Kaboul indirectement via les Américains. 

La nature assez aventureuse du plan turco-otanien est plutôt est flagrante. Dans les conditions de l’Afghanistan contemporain les militaires turcs seront presque inévitablement impliqués dans le conflit armé en devenant des otages d’une nouvelle tentative d’Ankara de “trouver la voie qui mène au cœur” du président américain. 

Ankara s’engage dans cette démarche en tentant de prouver son importance pour l’Otan. Comme en témoigne l’argument suivant: l’Otan était réticente à accepter la Turquie et l’a fait seulement quand Ankara a accepté de participer à la guerre entre les deux Corées. A cette époque, au milieu du XXe siècle, près de 800 soldats turcs ont été tués en Corée et autant ont été blessés. Et à présent la Turquie doit prouver à l’Occident le “besoin” de la Turquie en Afghanistan encore une fois au prix du sang.

houssainatou

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related post