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(rfi.fr)Paris 2024: les sportifs africains, du haut niveau à l’entrepreneuriat.

 (rfi.fr)Paris 2024: les sportifs africains, du haut niveau à l’entrepreneuriat.

Paris 2024, le comité d’organisation des Jeux Olympiques, et l’Agence Française de Développement (AFD) soutiennent cette année 26 projets d’athlètes de haut niveau, dont 16 africains, sur une durée de 8 mois. L’objectif : faire émerger des projets à fort impact social et/ou environnemental.  Publicité

Concentrés, en tenue de ville, des personnalités déroulent les unes après les autres des projets entrepreneuriaux sur Powerpoint. Mais ici, il ne s’agit pas d’un programme d’incubateur d’entreprises commun. Tous les porteurs de projets sont ou ont été des athlètes de haut niveau. « Il s’agit de concrétiser cette conviction que les athlètes sont les champions de leur sport mais qu’ils peuvent aussi apporter des choses très positives à la société », explique Olympe Chabason de l’équipe Paris 2024. À travers leur carrière, ils ont développé les compétences des « entrepreneurs accomplis », assure-t-elle.

Pendant huit mois, ces 26 personnalités sont formées à créer un business plan, lever des fonds, optimiser la communication autour de leur projet. « Certains athlètes au départ étaient au stade de l’idée de projet d’autres étaient déjà pas mal avancés », précise Olympe Chabason, le programme s’adapte donc aux besoins de chacun. Les projets des athlètes sont divers, liés à la pratique du sport ou non. Tous ont néanmoins en commun la volonté d’avoir un impact sociétal et/ou environnemental fort.

Aby Gaye, joueuse de basket, s'investit dans la lutte contre les dégâts liés à la dépigmentation.
Aby Gaye, joueuse de basket, s’investit dans la lutte contre les dégâts liés à la dépigmentation. © Charlotte Cosset/RFI

Aby Gaye : basket et estime de soi

Aby Gaye est française d’origine sénégalaise. Cette jeune femme de 26 ans, est joueuse de basket professionnel depuis 2013. Si le sport de haut niveau occupe une grande partie de son temps, elle se consacre aussi à son association Terang’Aby. En 2007, elle rentre au Sénégal et est choquée par la place de la dépigmentation. « Surtout à quel point les très jeunes sont déjà friandes de ce genre de pratique, explique Aby Gaye. Et donc je me suis demandée comment à mon niveau je pouvais m’engager pour modifier un peu les mentalités, et changer le regard de la peau noire sur le continent. »

Depuis 2018, elle organise, pour les jeunes filles, des camps de basket au cours desquels différents professionnels (psychologues, dermatologues, sages-femmes, femmes d’entreprises, femmes leaders) abordent des thématiques variées sur la confiance en soit et l’estime de soit. Aby Gaye constate que les adolescentes sénégalaises sont confrontées aux diktats de beauté importés, des modèles auxquels elles sont confrontées au quotidien. « L’idée pour nous c’est de contrebalancer un peu tout ça et de dire à ces jeunes filles, “vous êtes belles telles que vous êtes”, “valorisez vous à travers votre identité” », précise la joueuse.

Ce programme, elle souhaite le mettre à profit pour construire un modèle de business social afin de poursuivre les camps gratuitement mais proposer des contenus de formation en lignes payantes. Des contenues divers qui viseraient les particuliers, mais aussi les institutions, les écoles ou encore les ONG. L’objectif pour Aby Gaye : « rendre disponible toutes ces choses que l’on n’apprend pas forcément à l’école mais qui sont indispensables dans la vie ».

Hortense Diedhiou, judoka, veut ouvrir un centre dédié au judo en Casamance. Elle insiste sur la nécessité de poursuivre des études en parallèle de ses activités sportives.
Hortense Diedhiou, judoka, veut ouvrir un centre dédié au judo en Casamance. Elle insiste sur la nécessité de poursuivre des études en parallèle de ses activités sportives. © Charlotte Cosset/RFI

Hortense Diedhiou : assurer un bagage scolaire aux sportifs

Hortense Diedhiou est née dans le sud du Sénégal, en Casamance. Elle est fière de ses origines diolas et de la lutte traditionnelle qu’elle y a pratiqué enfant. Incommodée cependant par la nudité imposée par cette pratique et après avoir vu une judokate japonaise, elle se lance dans le judo. Hortense Diedhiou est une femme relativement petite, très énergique, quatre fois championne d’Afrique. C’est sans fard qu’elle raconte : « J’ai un tout petit bagage. Cela a été très difficile pour moi de trouver un travail, de m’exprimer. Quand tu gagnes une médaille, tu as envie de t’exprimer correctement, quand tu prends un avion tu dois remplir des fiches, etc. »

C’est forte de son expérience qu’Hortense Diedhiou a décidé de construire au Sénégal un centre dédié au judo qui permettra aux athlètes, en parallèle, de suivre un cursus scolaire. « Je voudrais que toute jeune qui souhaite faire du sport de haut niveau sache lire et sache écrire », insiste-t-elle. La judoka insiste sur la nécessité d’avoir d’un bagage scolaire minimum notamment pour pouvoir défendre ses intérêts, être capable de lire un contrat par exemple.

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« Et après la carrière on fait quoi ?,  lance-t-elle. Beaucoup ne sont pas préparés ». De nombreux sportifs professionnels à la retraite du continent tombent dans l’oubli et dans la précarité, souligne-t-elle. « Cela fait vraiment mal pour un athlète qui a fait beaucoup de sacrifices pour sa nation, se retrouver à zéro, sans boulot. C’est très difficile », témoigne-t-elle. D’où la nécessité selon elle, d’avoir un « petit bagage scolaire » afin de retrouver une activité professionnelle après le sport.

La judoka a déjà construit une partie de son centre. Elle espère à travers ce programme finaliser son projet et ouvrir avant les Jeux olympiques de 2024 et surtout pouvoir accueillir des sportifs pour la préparation des Jeux olympiques de la Jeunesse prévus à Dakar en 2026.

Roger Amegbeto, jeune nageur togolais, souhaite construire un centre aquatique au Togo.
Roger Amegbeto, jeune nageur togolais, souhaite construire un centre aquatique au Togo. © Charlotte Cosset/RFI

Roger Amegbeto : une piscine pour tous

Roger Amegbeto est un jeune togolais qui a participé aux Jeux olympiques de la jeunesse et aux championnats du monde à Shanghai. Son père travaillait dans un hôtel, et c’est en voyant les expatriés nager qu’il s’est tourné vers cette activité peu commune au Togo, comme dans beaucoup de pays sur le continent. L’eau reste chez beaucoup vecteur de nombreuses craintes. « Culturellement les anciens avaient peur de l’eau. L’eau est considérée comme quelque chose liée aux esprits, les sirènes et autres. Les familles ne voulaient pas que les enfants aillent dans l’eau », raconte-t-il.

De manière plus terre à terre, il n’existe pas aujourd’hui de piscine publique au Togo. « J’ai été envoyé en expatriation parce qu’il n’y avait pas de structure adéquate », complète-t-il. Les seules piscines du pays sont privées et donc très peu accessible pour les Togolais. Un projet de centre aquatique lui a donc apparu pertinent. « Pour moi c’est important de pouvoir transmettre dans mon pays ce que j’ai pu acquérir depuis 2012 en France et faire vivre cette expérience là aux jeunes sportifs de mon pays », insiste-t-il.

Il espère que grâce à ces infrastructures, beaucoup pourront apprendre à nager et profiter des multiples activités liées à l’eau. Il espère aussi former dans ce futur complexe des maîtres nageurs qui pourront transmettre ce savoir mais aussi protéger la côte qui reste aujourd’hui sans surveillance pour les baigneurs. Roger Amegbeto a acheté un terrain pour son complexe et beaucoup reste à faire. Il espère lui aussi que son projet pourra voir le jour d’ici 2024.

kadi

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