Nnamdi Kanu a d’abord été détenu en 2015 pour trahison, mais a ensuite fui le pays en 2017 alors qu’il était sous caution.
M. Kanu est une figure populaire qui a été une épine dans le pied des autorités nigérianes depuis 2009.
Il a utilisé sa station Radio Biafra, qui émet de l’étranger vers ses partisans au Nigeria, pour appeler à un État indépendant pour le peuple Igbo.
L’arrestation de M. Kanu en 2015 a déclenché des manifestations massives de ses partisans dans le sud-est du Nigeria.
Il a été placé en détention dimanche avec l’aide d’Interpol, affirme le procureur général du Nigeria, Abubakar Malami.
M. Kanu a été transporté par avion au Nigeria où il a été présenté au tribunal mardi par la police secrète du pays.
L’ouverture de son procès est prévue pour le 26 juillet.
Fondateur du Peuple indigène du Biafra
Nnamdi Kanu a fondé le Peuple indigène du Biafra (Ipob) en 2014.
Le mouvement souhaite qu’un groupe d’États du sud-est du Nigeria, composé principalement de personnes issues de l’ethnie Igbo, se détache et forme la nation indépendante du Biafra.
Ce projet n’est pas nouveau.
En 1967, les dirigeants Igbo ont déclaré un État biafrais, mais après une guerre civile brutale, qui a entraîné la mort de près d’un million de personnes, la rébellion sécessionniste a été vaincue.
Mais l’idée du Biafra n’a jamais disparu et, malgré les arrestations de ses membres, le mouvement de M. Kanu a vu ses effectifs augmenter récemment.
L’année dernière, l’Ipob a créé une branche armée – l’Eastern Security Network (ESN) – et les autorités affirment que le groupe est responsable d’un certain nombre d’attaques, notamment d’incendies criminels, ces dernières semaines.
Des bureaux électoraux et des postes de police ont été pris pour cible dans le sud-est du Nigeria.
Quel est le lien avec l’interdiction de Twitter au Nigéria ?
Le président Muhammadu Buhari a juré d’écraser Ipob.
Le mois dernier, il a évoqué sur Twitter les problèmes de sécurité dans le sud-est du pays et a déclaré que “ceux qui se comportent mal aujourd’hui” seraient traités dans “la langue qu’ils comprendront”.
Le tweet faisait référence à la guerre civile nigériane de 1967-70.
Le tweet a été supprimé par Twitter pour avoir enfreint ses règles après que M. Buhari a été confronté à des réactions négatives, ce qui a entraîné la suspension du site de micro-blogging au Nigeria.
Lors d’une récente interview télévisée, le président a également fait référence à Ipob comme à un “point dans un cercle” qui peut facilement être écrasé.
Il a été critiqué par de nombreux leaders Igbo qui ont estimé qu’il faisait référence aux personnes de l’ethnie Igbo et pas seulement à Ipob.
Radio Biafra
M. Kanu était une figure relativement obscure jusqu’en 2009, date à laquelle il a créé Radio Biafra, une station qui appelait à la création d’un État indépendant pour le peuple Igbo et qui émettait au Nigeria depuis l’étranger.
Bien qu’il ait grandi dans le sud-est du Nigeria et qu’il soit allé à l’université de Nsukka, M. Kanu a déménagé au Royaume-Uni avant d’obtenir son diplôme.
Peu après la création d’Ipob, il s’est adressé à des rassemblements de l’importante diaspora igbo, appelant à l’indépendance du Biafra.
Dans certains de ses commentaires, il a exhorté les Biafrais à prendre les armes contre l’État nigérian.
Nigeria: le procès du leader pro-biafra Nnamdi Kanu ajourné
“Nous avons besoin de fusils et de balles”, dit-il dans l’un de ces discours.
Et c’est ce qui a attiré l’attention des services de sécurité nigérians.
Toutefois, Amarachi Chimeremeze, porte-parole de l’Ipob, dit à la BBC qu’il ne s’agit pas d’un appel aux armes littéral : “C’était une métaphore, pour dire aux gens que nous allons nous battre pour cela”.
La tribu perdue d’Israël
Kanu dit qu’il est un juif Igbo, faisant partie d’un groupe qui croit être le descendant de la tribu perdue d’Israël qui s’est installée en Afrique de l’Ouest.
Il est difficile de juger de la force réelle d’un mouvement comme Ipob et de son leader.
Si la désolation causée la guerre du Biafra a mis fin aux ambitions séparatistes de nombreux Biafrais, beaucoup d’Igbo ont encore le sentiment de ne pas être traités équitablement au Nigeria.
Ils estiment que le gouvernement central du Nigeria n’investit pas dans la région.
Mais le gouvernement affirme que ces plaintes ne concernent pas uniquement le sud-est du pays.
Et certains affirment que le président Muhammadu Buhari ne fait pas grand-chose pour améliorer la situation. Après tout, il était un soldat de l’armée qui a vaincu les séparatistes en 1970.
