l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

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(Reseauinternational)Pourquoi les enfants souffrent-ils de la faim en Ukraine ?

 (Reseauinternational)Pourquoi les enfants souffrent-ils de la faim en Ukraine ?

L’ONU a tiré la sonnette d’alarme sur le nombre croissant de personnes (y compris des enfants) souffrant de la faim dans le monde en raison du coronavirus et de la crise économique, pendant que l’Ukraine exporte des produits agricoles, privant sa population déjà pauvre de l’accès à des denrées alimentaires nationales relativement bon marché.

À quel point les enfants souffrent de la faim en Ukraine ?

Les experts du programme alimentaire mondial de l’ONU affirment qu’en 2021, 250 millions de personnes sur la planète pourraient souffrir de la faim. Et environ un milliard de personnes n’ont pas une alimentation suffisante pour un développement normal. En 2020, 7 millions de personnes sont mortes de faim.

Il s’avère qu’au XXIe siècle, alors que la technologie permet d’envoyer des touristes dans l’espace et d’utiliser l’internet à haut débit, un habitant sur sept ou huit de la Terre ne peut pas se nourrir correctement. Le plus intéressant est que les personnes souffrant de la faim sont plus nombreuses dans les pays à l’agriculture développée d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, des pays qui pourraient avoir assez de nourriture pour tout le monde. Alors pourquoi les personnes qui produisent la nourriture n’y ont-elles pas accès ?

L’Ukraine ne figure certes pas sur la liste des pays présentant les taux de malnutrition les plus élevés. Mais la carte de la faim de l’ONU montre que l’Ukraine compte 4,6 millions de personnes (environ 10% de la population) dont la ration alimentaire est insuffisante. Ils ne souffrent pas de la faim au même titre que la Somalie et le Zimbabwe, mais ils n’ont pas assez de nourriture pour mener une vie normale et se développer. Il est particulièrement consternant de constater que parmi les enfants ukrainiens de moins de 5 ans, 22,9% souffrent de malnutrition chronique et 8,2% de malnutrition aiguë. Selon les données de 2019, 21,3% des enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance dû à la malnutrition, 6,9% souffraient d’épuisement et 5,6% étaient en surpoids, ce qui est également dû à une mauvaise alimentation. Et ce, dans la « superpuissance agraire » aux riches sols noirs et disposant de près de 80% de terres arables.

Les experts réunis avec la participation de l’Association ukrainienne des céréales, de l’Association des chimistes d’Ukraine, de l’Association « Ukrmasloprom », de la fédération des métallurgistes d’Ukraine et du Club de discussion économique (EDK), ont calculé que pour 2019, le régime alimentaire quotidien moyen des citoyens ukrainiens a diminué à 2 700 kcal, ce qui est très proche de l’indicateur maximal admissible d’un mode de vie sain de 2 500 kcal.

Le lait n’est consommé que par 52% de la population, les produits de la pêche par 59%, les produits carnés par 66% et les fruits par 64%. L’apport calorique à la limite de la norme est obtenu principalement grâce aux végétaux cultivés : pain, pommes de terre, légumes, huile végétale. Bien que, si l’on en croit les résultats d’une étude menée par la société internationale de recherche Ipsos à l’initiative de Danone, les adultes ukrainiens consomment encore presque deux fois moins de légumes que la norme recommandée, mais la quantité de pommes de terre dans l’alimentation augmente (135,7 kg par an en 2019 contre 128,9 kg en 2010). Les produits à base de farine sont consommés de manière excessive, mais toujours moins qu’avant (97,6 kg en 2019 contre 111,3 kg en 2010). La consommation de sucre, de lait, d’œufs, de poisson et d’huile a diminué ces dernières années. L’Association des éleveurs de bétail d’Ukraine a déclaré qu’au cours des cinq dernières années, la consommation de viande par habitant a diminué de plus de 30%. Parmi les produits carnés déjà rares, environ 20% sont des saucisses et des saucissons de qualité douteuse.

L’Ukraine est approvisionnée en nourriture, alors que les citoyens ne le sont pas

L’Ukraine se classe au 54e rang de l’indice mondial de sécurité alimentaire (IMSA) 2020, qui évalue la disponibilité, l’accessibilité, la qualité et la sécurité des aliments. Il est indiqué que ce mauvais classement est dû à l’absence d’engagements gouvernementaux concernant l’accès de la population à l’alimentation, alors que les principaux pays européens ont de tels engagements et qu’ils fonctionnent.

C’est vrai, mais la vérité se distingue de la Vérité par son caractère unilatéral. L’État ukrainien n’assure pas vraiment la sécurité alimentaire de ses citoyens, qui survivent tant bien que mal. Cependant, l’accès n’est pas le même. Il y a beaucoup de nourriture dans les magasins et elle n’est pas vendue par coupons. Le problème est donc le manque d’argent pour l’acheter. En effet, selon une récente enquête du CMMS, la situation financière des familles de 54,4% des citoyens ukrainiens s’est détériorée au cours des deux dernières années. Cette situation est due à l’augmentation des tarifs des services publics (91,5% des répondants), à la hausse des prix des denrées alimentaires (90,6% des répondants), à la baisse des revenus (35,4%) et à la perte d’emploi (31,9%). Les dépenses alimentaires mensuelles des ménages ukrainiens dépassent la moitié du budget familial. Et notez qu’il n’y a pas assez de nourriture même pour un repas complet.

En outre, les données du GFSI indiquent que la sécurité alimentaire de l’Ukraine a obtenu un score de 98,4 sur 100.

Il ne s’agit donc pas d’une pénurie de nourriture, mais du fait que la production est entre les mains de particuliers, y compris de sociétés étrangères, et qu’elle est exportée vers l’Occident. Les Ukrainiens ne mangent pas beaucoup de nourriture produite en Ukraine. Ils doivent acheter de la nourriture étrangère qui est chère. Et comme le niveau de vie diminue, ils en achètent de moins en moins.

Nous n’avons pas besoin d’aller loin pour trouver des exemples. Selon le service de statistiques d’État, en 2020, la production de viande en Ukraine a diminué de 1,1%, et les importations de porc ont été 6 fois supérieures aux exportations. Sur la base des résultats de 2019-2020. Selon le Ministère américain de l’agriculture, l’Ukraine est devenue le deuxième exportateur mondial d’orge, le quatrième de maïs et le cinquième de blé. L’Ukraine a exporté 21,1 millions de tonnes de blé. Et elle a importé (de juillet à janvier de la saison en cours) 14,5 mille tonnes – 7 fois plus que l’année dernière. La question est de savoir pourquoi acheter à l’étranger en devises étrangères, alors que nos propres produits sont abondants. Parce que celui qui le vend n’est pas celui qui l’achète. Les propriétaires d’exploitations agricoles sont intéressés par les bénéfices, et non par la sécurité alimentaire des citoyens ukrainiens. Ils ne sont pas intéressés par la vente de céréales sur le marché intérieur en hryvnia, si elles peuvent être exportées, disons, en Europe pour des devises étrangères et laisser les bénéfices sur des comptes offshore.

Malgré les risques liés au coronavirus, malgré les appels de l’Association panukrainienne des boulangers et de l’Association des meuniers du pays à limiter les exportations de céréales, le gouvernement ne l’a pas fait. Nous ne le mangerons pas, mais nous l’exporterons ! Dans le même temps, au cours du premier semestre de 2020, l’Ukraine a acheté des produits agricoles pour une valeur de 1 milliard 594 millions de dollars uniquement dans l’Union européenne. Les principaux fournisseurs de produits agricoles de l’Ukraine sont la Pologne, l’Allemagne, la Turquie, l’Italie et les États-Unis. On comprend pourquoi, dans un pays au secteur agraire développé et à la tradition de culture du blé, le coût du pain est en constante augmentation.

L’Ukraine n’est pas la Somalie, mais elle peut creuser sans limite

L’ONU blâme les institutions, le manque de démocratie, la faible responsabilité sociale des entreprises en Ukraine, tout sauf le système économique lui-même, dans lequel les producteurs directs de biens sont aliénés de l’utilisation de ces biens, dans lequel la nourriture est produite non pas pour que les enfants ne meurent pas de faim, mais pour que quelqu’un fasse du profit. Étant donné que la faim n’existe pas dans les pays occidentaux, on pourrait en effet être tenté de penser qu’il s’agit de démocratie, de « climat d’investissement » et de « règles transparentes » pour les entreprises. En réalité, la nourriture dont dispose la majorité des habitants des pays capitalistes riches est le résultat de leur pillage des pays plus pauvres, des entrées tardives dans le système capitaliste des anciennes colonies ou des anciens membres de l’Union soviétique.

Et l’agrobusiness, qui exporte à l’étranger ce qu’il produit chez lui, participe directement à ce vol. La logique et le bon sens peuvent expliquer pourquoi l’Ukraine achète des bananes et des ananas, mais la raison pour laquelle le premier producteur mondial de céréales les achète à l’étranger ne peut s’expliquer que par le fait que les céréales cultivées par les entreprises agroalimentaires ukrainiennes n’appartiennent pas à ces dernières, mais aux propriétaires des sociétés agricoles, dont beaucoup n’ont jamais vu un champ de leur vie.

L’ONU, quant à elle, tente de traiter les symptômes sans remarquer la source de la maladie. L’année dernière, par exemple, le programme alimentaire mondial a collecté 1,6 milliard de dollars pour aider les personnes souffrant de la faim. Mais ce n’est qu’une quantité d’argent microscopique lorsque le WEF de Davos rapporte que les 1% les plus riches ont plus que les 7 autres milliards de personnes, que la richesse des milliardaires du monde en 2021 est de 13,08 trillions de dollars, et que c’est 5,08 trillions de dollars, soit 64%, de plus qu’en 2020. Jeff Bezos, PDG d’Amazon, possède à lui seul 177 milliards de dollars, Elon Musk 126,4 milliards et Bernard Arnault (Louis Vuitton) 150 milliards. Oui il y a des Bezos et des Musk, mais la moitié des oligarques ukrainiens possèdent autant que la collecte mondiale de l’ONU. Akhmetov et Pintchouk, Porochenko et Kolomoïski et leurs semblables auraient pu facilement résoudre le problème à l’échelle mondiale, et il est même ridicule d’en parler au niveau de l’Ukraine.

Deux conclusions découlent de tout cela pour l’Ukraine : une mauvaise et une bonne. La mauvaise, c’est que la structure de l’économie en Ukraine est celle d’un pays de type colonial pillé où 30% des enfants de moins de 5 ans souffrent de la faim. La bonne conclusion est que, bien que la structure de l’économie ukrainienne soit très similaire à celle des économies de la Somalie et de la Côte d’Ivoire, le pillage (dans le secteur alimentaire) est encore bien moindre que dans ces merveilleux pays. Mais la vente de terres agricoles à des sociétés étrangères, qui sera ouverte à partir de 2024, pourrait bien rapprocher progressivement l’Ukraine du nombre de pays pour lesquels l’ONU collecte de l’aide alimentaire humanitaire. C’est une bonne affaire, car l’aide collectée vaut bien moins que les ressources, la nourriture et l’argent extraits de l’Ukraine au profit de l’Occident.

Il est clair qu’il est techniquement possible de nourrir tout le monde dès maintenant, même sans augmenter la productivité du secteur agricole. Techniquement, il est possible de nourrir tout le monde, même sans démocratie et sans climat d’investissement. Mais en fait, vous ne pouvez pas, parce qu’il n’existe aucun pouvoir qui obligerait les 1% de la population à partager avec les 99% restants.

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Note de la traductrice : Ce à quoi on assiste en Ukraine actuellement correspond parfaitement aux prévisions que j’avais faites dans un article de 2019 concernant la levée du moratoire sur la vente des terres agricoles en Ukraine. Le modèle économique agricole promu en Ukraine favorise les famines comme on en voit dans certains pays africains, et malheureusement cela ne va aller qu’en s’aggravant.


source : https://ukraina.ru

houssainatou

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