l'infos du monde de dernières minutes 7j/7

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(mouv.fr)La longue discographie d’Alkpote décryptée (partie 1)

 (mouv.fr)La longue discographie d’Alkpote décryptée (partie 1)

La carrière d’Alkpote n’a aucun autre équivalent en France : arrivé dans le rap en pleine crise de l’industrie du disque, il a écumé pendant des années les studios sans jamais voir la lumière. Pendant dix ans, il se construit pourtant une fan-base solide bien que frileuse à l’heure de soutenir son artiste en achetant ses albums. Surtout, il inspire toute une génération de rappeurs : de Vald à Nekfeu en passant par Sch, Niska ou Lorenzo, tous ont à un moment ou un autre revendiqué son influence. 

Resté l’un des seuls rescapés de la génération maudite de la deuxième moitié des années 2000, Alk change de statut avec l’arrivée du streaming. Le rap hardcore tel qu’il le pratique, est enfin accepté par le grand public, après les succès de La Fouine, Kaaris, Gradur et consorts. Véritable technicien, avec des schémas de rimes complexes et un nombre incalculable de flows, Alkpote possède l’une des discographies les plus complètes du rap français, avec une petite quinzaine de projets en solo ou en collaboration, dont certains albums restés dans les annales (sans mauvais jeu de mots). 

2006 : Haine, Misère et Crasse (avec l’Unité de Feu)

Première pierre de la discographie d’Alkpote, l’album Haine, Misère et Crasse reste considéré, quinze ans après sa sortie, comme un véritable classique. Le duo Alkpote-Katana est aussi incompatible en apparence que complémentaire dans les faits. Si l’univers d’Alkpote, déjà très graveleux, contraste avec le style plus philosophe de Katana, tous deux ont en commun une plume extrêmement précise et un sens de la formule déjà bien prononcé. https://www.youtube.com/embed/8G_xQ3VUY9s?feature=oembed

Le morceau représentatif : Légitime Défonce, un morceau sorti en 2005 qui permet de se rendre compte qu’Alkpote était déjà un fin technicien, avec une forte propension aux rimes multisyllabiques, avec des références ultra-sexualisées très présentes. 

La punchline pas sale : On a tendance à citer les rimes les plus hardcores d’Alkpote, et Haine, Misère et Crasse en regorge déjà. Cette fois-ci, on saisit l’occasion de rappeler que le rappeur sait aussi écrire de vraies belles rimes, à l’image de cette véritable déclaration : “Un amour à Sergio Katana je serais prêt à ce qu’on m’hospitalise pour le protéger du froid comme Vitalis” (Bloodbrothers)

2007 : Sucez-moi avant l’album

Probablement le titre de mixtape le plus inventif de la carrière d’Alk, sur ce fameux format cher aux années 2000, “le projet fourre-tout pour préparer la sortie du véritable album”. 32 pistes dont beaucoup de featurings, entre inédits et morceaux déjà sortis. Certains titres extraits de ce projet sont devenus des classiques pour tout bon fan du rappeur : Sucez-moi, Frissonez, Buvez … C’est aussi le projet d’Alkpote qui résume le mieux les propos de Vald en interview chez Booska-p en 2015 : “Alkpote te montre comment rapper, comment rimer. T’écoutes Alkpote, tu sais comment rimer, comment placer tes multisyllabiques”. 

Le morceau représentatif : Frissonez, une vraie démonstration technique avec une quantité effroyable d’assonances et de références inattendues : “Roupille un gun sous l’lit avec mes délinquants / On filme des snuff movies avec des D500”https://www.youtube.com/embed/dl-jHrSmpcQ?feature=oembed

La punchline pas sale : “Au top de ma forme comme à l’époque où sniffait Van Damme”, un bel hommage à l’acteur belge, dont la carrière a connu des hauts et des bas mais qui est resté dans notre coeur à tous. 

2008 : L’Empereur

Le premier véritable album d’Alkpote, encore considéré par une partie de ses fans comme son meilleur projet dans l’absolu. L’Empereur est un projet au statut particulier : il est à la fois l’acte de naissance d’un rappeur extrêmement singulier, dont les images et métaphores sexuelles n’ont aucun équivalent ; et le témoignage d’une époque révolue, avec une tracklist où se cotoient Salif, Alpha 5.20, LIM ou Kamelancien. https://www.youtube.com/embed/CdYXsogEryc?feature=oembed

Le morceau représentatif : 44 mesures de terreur, un titre qui vient conclure la longue tracklist (21 pistes). Aucun refrain, comme le titre l’indique, et une prod de Sadik Asken plutôt douce qui contraste avec les propos très offensifs d’Alk : “chicots cariés”, “quadruple pénétration”, “j’ai pris la dame blanche en stop” … l’ambiance est lugubre.  

La punchline pas sale : “Wesh les filles faut pas prendre des ecstasys / Sortez couvertes et n’oubliez pas les préservatifs”, un excellent conseil destiné à ses auditrices, mais qui s’applique tout aussi bien aux auditeurs masculins. C’est extrait de Respect aux femmes, un morceau qui contraste très légèrement avec le reste de sa discographie. 

2008 : La ténébreuse épopée

Deuxième et dernier projet de l’Unité de Feu. Une belle page se referme, même si Alkpote et Katana collaboreront encore à quelques reprises. La mixtape marque moins les esprits qu’Haine, Misère et Crasse sorti deux ans plus tôt, en partie parce que le public d’Alkpote, très exclusif, préfère se concentrer sur ses projets solo. Quelques titres s’imposent tout de même comme des morceaux majeurs de l’U2F, notamment Mec de Tess, C’est l’retour de l’U2F, ou Dommages Collatéraux

On retient également la cover, concept assez classique qui montre les visages des deux rappeurs fusionnés.https://www.youtube.com/embed/aOPMBK0LN34?feature=oembed

Le morceau représentatif : On ne résiste pas à l’idée de vous remettre Mec 2 Tess Remix, l’un des plus gros castings jamais vus (Salif, Alkpote, Alpha 5.20, Escobar Macson, Poison, Ritm’o), sur un remix d’un morceau original de Poison. 

La punchline pas sale : “Tu peux pas faire le grand écart en G-Star” (Comment leur dire), l’une des nombreuses fois où Alkpote se distingue par son bon sens. 

2009 : Alkpote et la Crème du 91

Même si la situation économique du rap français indépendant ne lui permet pas d’exploser à grande échelle, Alkpote s’est installé parmi les noms qui comptent avec ses deux projets solo. Sa médiatisation croissante est donc exploitée pour mettre en avant les autres rappeurs de son département dans La Crème du 91. 

C’est l’occasion de l’entendre vendre son projet de la plus incroyable des manières au cours d’une interview avec Street Live : “ce CD, tu peux le voir comme un plateau de fromage. Je réunis tous les rappeurs, comme des fromages : du gruyère, du roquefort, du cantal, de l’emmental, du boursin, du camembert, du caprice des dieux, du coeur de lion … c’est le coeur de l’aigle, Alkpote, le maître fromager. Et comme dans un plateau de fromage, tu peux pas toujours aimer tous les fromages, Alkpote c’est le pain, la baguette de pain qui sort de chez Paul.”

Le morceau représentatif : 91 Essonne, qui démontre bien qu’Alkpote est là pour offrir la tracklist à ses invités : il laisse ici sa place, au profit de 30 rappeurs venus de tout le département -pour certains d’entre-eux, il s’agit de leur seul morceau sorti officiellement. 

La punchline pas sale : “Nettoie ton slip et lave-toi les dents” (L’arrivée de Serge Gainzbeur), encore un excellent conseil plein de bon sens de la part de l’Empereur. 

2010 : Alkpote et la Crème 2 l’Île de France  

Un projet dans la veine du précédent, qui prolonge le concept avec des rappeurs de tous les départements franciliens, et même d’ailleurs. On retrouve la première collaboration officielle entre Sidisid et Alk sur un titre en featuring avec RCP et … Fianso, des années avant son explosion auprès du grand public. Cette folle tracklist abrite également un nouveau titre de l’Unité de Feu, African Gangster, un morceau initialement sorti sur la BO du film du même nom, ou encore le titre house-rap J’arrive à pic, extrait de la compil VIP de DJ Belek. https://www.youtube.com/embed/iD8lWXMYliY?feature=oembed

Le morceau représentatif : Suce mes boules feat Mister You et Still Fresh, avec son introduction spectaculaire, et un couplet de Mister You parfaitement en phase avec l’univers d’Alkpote. 

La punchline pas sale : “Vous étiez bien loin d’imaginer ça, bientôt vous m’verrez au côté de David et Cathy Guetta” sur ce fameux titre house. Pas de feat avec l’ex-couple star de la nuit, mais depuis, Alk nous a réservé des surprises encore plus inattendues

2012 : L’Empereur contre-attaque  

Au moment de la sortie de ce deuxième album solo, Alkpote est dans une position particulière : toujours en attente d’une véritable réussite commerciale, il touche un public qu’il ne visait pas à la base, celui de la hype parisienne. Aussi bien suivi par les médias rap très classiques que par Snatch ou Vice, il voit son personnage prendre le dessus, avec le risque que sa musique soit occultée. L’Empereur contre-attaque est par ailleurs un album contrasté, avec de grands moments (Chiens, Gainzbeur, C’est toujours moi) mais une direction artistique plus bancale. https://www.youtube.com/embed/TO1PxUd_J3I?feature=oembed

Le morceau représentatif : Interlude, un remix de Leatherface qui compte 188 occurrences du mot “pute”. C’est assez représentatif de ce qu’une partie du public attend d’Alk à cette période : le débit de grossièretés est plus important que l’aspect technique ou la qualité des rimes, et la richesse de son vocabulaire ne revêt pas une grande importance du moment qu’il répète en boucle “pute” ou “sucez”. 

La punchline pas sale : “J’suis l’nouveau Serge Gainsbourg sans Jane Birkin” sur Gainzbeur, un titre incroyable sur un sample de Sea, Sex and Sun. 

2012 : Néochrome Hall Star  

Un fantasme d’auditeur devenu réalité, sur lequel on est déjà revenu en long et en large dans nos colonnes : en 2012, le label Néochrome réunit ses trois rappeurs les plus en vue (Zekwe Ramos, Seth Gueko, et donc Alkpote), le temps d’un album aussi solide que varié, avec beaucoup d’invités. https://www.youtube.com/embed/dCWevrDaJYM?feature=oembed

Le morceau représentatif : Juste à côté, un titre où chacun livre ce qui lui passe par la tête sur la thématique “à côté”, que l’on décrivait ainsi : “Zekwe démarre avec ce qu’il sait faire de mieux, un couplet bourré d’humour (“j’suis à la BNP : Branleur Naturellement Pauvre”) et de punchlines (“tous les jours déchiré, comme le costard de Clark Kent”) avant que Seth Gueko gère un refrain efficace et qu’Alkpote nous ramène dans son univers toujours tiraillé entre damnation et espoirs de rédemption (“Rejoins-moi dans les bois, juste à côté / Le Diable m’a chaperonné, j’espère qu’Allah va m’pardonner)” 

La punchline pas sale : Alkpote fait rarement de l’introspection, et évoque rarement son rôle de père de famille. On apprécie donc de l’entendre se livrer sur J’y arriverai : “même si mon fiston déconne et choisit de suivre ma voie, il ne faut pas que je sois trop dur

houssainatou

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