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(rfi.fr)Prix RFI Théâtre 2021, les textes présélectionnés.

 (rfi.fr)Prix RFI Théâtre 2021, les textes présélectionnés.

Suite à l’appel à candidatures pour la 8e édition du « Prix RFI Théâtre », douze textes inédits ont été présélectionnés pour leurs qualités littéraires, dramaturgiques et leur originalité. Ils seront soumis au vote du jury composé d’artistes et de professionnels, et présidé cette année par l’écrivaine sénégalaise Ken Bugul. Le Prix RFI Théâtre 2021 sera remis le dimanche 26 septembre, à Limoges, dans le cadre du festival Zébrures d’automne. Publicité

De Mireille Davidovici, responsable du Comité de lecture du Prix RFI Théâtre, 

Pour cette huitième édition, notre comité de lecture a reçu 149 textes, issus de 21 pays. S’il faut se réjouir du nombre croissant de candidates, elles sont trop peu nombreuses à se lancer dans la course… Pourtant, cette année encore, elles prennent place dans notre choix. Qu’ils soient ou non arrivés en finale, merci à et tou.te.s ceux qui nous ont confié leurs écrits, preuve de la vitalité des nouvelles dramaturgies, d’où qu’elles proviennent…

Au théâtre, celui qui parle, même tout seul, s’adresse à un autre.  À un lecteur ou un spectateur potentiel de cette prise de parole. Nous voici donc interpellés. Parmi les thématiques récurrentes d’une année sur l’autre, on retrouve les conflits générationnels et les contradictions entre modernité et tradition dans la sphère familiale et dans la société. Beaucoup de pièces évoquent les routes de l’exil, d’autres la condition féminine ou le sort des enfants en temps de paix comme en temps de guerre. La dénonciation de la dictature et de la corruption prend souvent la forme de farces. Et, comme l’an dernier, une cinquantaine de textes se focalisent sur l’épidémie de Covid-19.

Comédies, tragédies, monologues ou dialogues, ces pièces font la part belle à l’humour ou adoptent une distance formelle qui donne libre cours à la fiction et au partage. La plupart des pièces reçues par le comité de lecture développe une oralité propice à faire théâtre. Souvent proche du conte, de la performance de griot, et aussi du slam qui fait son chemin d’un continent à l’autre.

Nos critères en matière de dramaturgie se trouvent déstabilisés par la richesse et  la complexité de schémas linguistiques et structurels qui n’obéissent pas obligatoirement à des règles préétablies et jouent avec d’autres références. Il convient pour le lecteur de penser l’altérité, de déplacer son regard et changer de boussole. Trop souvent le Nord se pose en modèle, en instance surplombante. Il nous faut entrer dans les textes de plain-pied et la langue ici nous y conduit, car ce français, nous l’avons en partage. De plain-pied donc, nous nous sommes attachés aux histoires et à l’Histoire qu’on nous raconte ici avec beaucoup de trouvailles verbales et d’imagination poétique. Des langues s’inventent et dialoguent entre elles et nos modèles théâtraux s’en trouvent dépoussiérés.

Les pièces retenues

Midi, Michel Bapo Bassingue (Bukina Faso) 

De retour au pays, Walid ne trouve que sécheresse : plus de village, plus d’ombre, plus d’eau… Dans un éternel Midi, le soleil brûle éternellement. Une abeille vient lui raconter la catastrophe qui s’est produite en son absence, engendrée par les activités humaines.

Une fable écologique tout public.

Opéra Poussière, Jean D’Amérique (Haïti)

Une voix d’outre-tombe se souvient du monde sensible des vivants. C’est Sanite Bélair une résistante anti-colonialiste, née en 1781, assassinée en octobre 1802 par les Français. Absente des livres d’Histoire et des espaces dits de mémoire, elle y revendique sa place. 

L’auteur d’une plume poétique va « réveiller cette héroïne de la poussière ».

Un oiseau l’aube, Jocelyn Danga (Congo) 

Une femme dans son insomnie, elle ressasse son malheur. Vendue, battue, affectant un bonheur de façade pour donner le change. Elle se voit se flétrir et vieillir, apathique, étouffée dans son corps. Un oiseau cogne à la fenêtre et lui montre le chemin de la liberté.

Une parole de femme émouvante.

Amala, Fatou Diop (Sénégal)

Amala, jeune femme de caractère, vendue par son père dans un pays du Golfe, est forcée de se prostituer. Au pays, sa mère, impuissante, se désespère de n’avoir pus sauver sa fille dont elle reste sans nouvelles. Amala n’accepte pas sa condition d’esclave. Elle revit son enfance et son départ.

Entre présent et passé, la résistance d’une femme.

Diptyque 13, Michael Disanka (Congo)

En deux volets, la vie d’un enfant de 13 ans, victime de la guerre. Sur ses pas, à la recherche d’un sens à la vie, les morts ressuscitent, leurs fantômes se croisent.

Un parcours initiatique funèbre dans une langue fulgurante.

Quelque part dans le temps, Basma El Euchi (Tunisie)

Une voix venue de derrière le mur exhorte une femme à écrire. Écrire pour faire revivre un passé perdu : « Derrière le mur il y a toujours quelqu’un qui respire. »

L’écriture comme urgence pour retrouver les fantômes de l’enfance.

Aucun rempart contre les ténèbres, Djevens Fransaint (Haïti)

Boule, patron d’une boutique de prêt sur gage, vit avec sa nièce Alice à la limite de la « zone de non droit ». L’oncle fait des affaires sur le dos des pauvres et l’adolescente collectionne les poèmes et parle à sa poupée. Pierrot, surnommé le Fou, se réfugie chez eux, poursuivi par Ombre qui contrôle l’espace hors de la limite. Les ténèbres menacent d’envahir la boutique.

Une métaphore de la société haïtienne dans une langue très inventive.

Les Silencieuses, Mireille Gandebagni (Bénin)

Deux acteurs, deux piliers de bar, une serveuse et une journaliste sont convoqués par l’écrivain. Ce sont les personnages de sa fiction mais ils lui échappent pour mener leur propre vie. Et les événements extérieurs viennent sans cesse interrompre le cours de son écriture.

Une farce sur comment écrire aujourd’hui dans le maelstrom de l’Histoire.

Sandra, Salimata Togora (Mali)

Ex-enfant soldat, enfermé dans un hôpital psychiatrique, Kaméni entend l’histoire de Sarah, une victime de la guerre. Sortant de son mutisme, il raconte ses méfaits passés dialoguant avec son double : Chien enragé. Il évoque Sandra, une prisonnière qu’il a maltraitée mais aimée. Les lignes se brouillent entre les destins croisés de femmes sacrifiées à l’autel des guerres.

Les exactions des bourreaux et les souffrances des victimes au fil d’une écriture complexe

Sur les océans, Jean Paul Tooh Tooh (Bénin – Côte d’Ivoire)

Sébastien débarque un jour d’hiver en France. Il suit le parcours obligé d’un demandeur d’asile. D’autres personnages, dans le camp d’hébergement, ont connu des destins similaires. Leurs histoires se croisent.

Un chœur de voix rythmé par les interventions de l’auteur.

Les arrières-petits-fils du singe, Pelphide Topko (Bénin)

Une femme git sur la chaussée d’une ville chinoise. Une Africaine bien intentionnée, mais elle-même invalide, demande aux passants de porter secours à l’accidentée. Tout le monde refuse, sous divers prétextes, sauf un homme… à ses risques et périls.

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Après bien des péripéties, l’histoire se boucle avec finesse.

Roxane, Jerôme Tossavi (Bénin)

Une voix exhorte Roxane à expliquer son geste : il a poignardé le petit Georges avec un couteau volé à la cantine de l’orphelinat. Mais Roxane n’a pas les mots, il a perdu l’usage de la parole après le massacre de sa famille et l’incendie de sa maison. Seules des voix raconteront son drame qui a engendré un autre drame.

Du théâtre à inventer à partir de cette forme très particulière : le rôle central étant mutique.

► À lire aussi :Le Prix RFI Théâtre 2020 décerné au Guinéen Souleymane Bah pour «La Cargaison»

kadi

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