Comme lors des Jeux olympiques, une équipe de réfugiés prendra part à la compétition avec au total, six athlètes originaires d’Afghanistan, du Burundi, d’Iran et de Syrie. Publicité
De notre envoyé spécial à Tokyo,
Au Japon, l’équipe des réfugiés comprend le nageur Ibrahim Al Hussein, qui a participé aux Jeux de Rio en 2016 en tant qu’athlète indépendant. « Avec les autres athlètes, je veux sensibiliser 82 millions de réfugiés dans le monde et 12 millions de réfugiés handicapés », déclare-t-il. Si la tâche s’annonce lourde, il a bien l’intention d’y mettre toutes ses forces.
Alia Issa, la jeunesse au cœur du combat
Tout comme la première athlète féminine réfugiée paralympique et plus jeune membre de l’équipe, Alia Issa, réfugiée syrienne vivant en Grèce, qui concourra au lancer de massue, une épreuve spéciale pour les athlètes qui sont dans l’incapacité de pratiquer le lancer de javelot, de poids ou de disque. « Je représente tous les réfugiés du monde et je voudrais être un exemple pour chacun d’entre eux », espère-t-elle. Ajoutant : « Ne restez pas à la maison, essayez tous les jours de faire du sport, soyez dehors, dans le monde. J’espère être un premier exemple à suivre. » À quatre ans, Alia Issa a contracté la variole, une infection qui a endommagé son système nerveux. Elle se déplace en fauteuil roulant et connaît des difficultés d’élocution.
Le Burundais Parfait Hakizimana est le seul athlète à se rendre aux Jeux paralympiques de Tokyo directement depuis un camp de réfugiés. Hakizimana s’est mis au taekwondo, nouveau sport aux Jeux paralympiques, à l’âge de 16 ans après avoir perdu son bras, déclarant que cela lui avait « sauvé » et « remonté »le moral.
En 2010, Hakizimana avait obtenu sa ceinture noire et ouvert un club de taekwondo au Burundi. Après la montée de la violence dans son pays d’origine, le Burundi, il avait fui pour le Rwanda en 2015, échappant à la guerre civile. Un an plus tard, il a mis à profit son expérience antérieure pour créer un club de taekwondo dans le camp de réfugiés de Mahama au Rwanda. Aujourd’hui, il entraîne environ 150 personnes dans le camp, dont des enfants.
L’ Afghanistan dans toutes les têtes
À l’heure où les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan, l’équipe des réfugiés sera plus que nécessaire. Capitaine de l’équipe afghane de basket-ball en fauteuil roulant, Nilofar Bayat, qui est parvenue à quitter son pays pour se réfugier en Espagne, supplie la communauté internationale de ne pas abandonner l’Afghanistan et ses compatriotes, « parce que les talibans n’ont pas changé ». Le « message d’espoir » que veut porter l’équipe paralympique des réfugiés s’adresse aussi au peuple afghan, selon Ileana Rodriguez, ancienne réfugiée installée aux États-Unis et cheffe de mission de l’équipe.
Le Japon, troisième puissance économique mondiale, n’accepte des réfugiés qu’au compte-gouttes : 47 personnes seulement en 2020 par exemple, soit à peine plus de 1% des demandeurs d’asile cette année-là, selon les chiffres officiels.
En 2016, au moment des JO de Rio, le Japon avait accepté 28 réfugiés alors que l’Allemagne en accueillait 263 622. Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent aussi bien dans l’archipel qu’à l’étranger pour que le Japon contribue plus activement à la protection des réfugiés.