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(rfi.fr)Finance et climat: 50 nuances de vert

 (rfi.fr)Finance et climat: 50 nuances de vert

La COP26 se poursuit à Glasgow pendant dix jours, jusqu’au 12 novembre 2021. L’un des enjeux de la conférence de l’ONU sur les changements climatiques est de mobiliser la finance, car la transition énergétique nécessite des investissements. La « finance verte » est en plein boom et pourtant, encore très peu de fonds d’investissement dans le monde respectent les critères permettant de tenir les objectifs de l’Accord de Paris.

Seuls 158 fonds d’investissement sur les 16 500 analysés par le Carbon Disclosure Project, sont en ligne avec l’Accord de Paris, un échantillon qui représente un tiers de l’industrie mondiale des fonds ouverts au public. Plus éloquent encore, ces 158 fonds ne représentent que 0,5% des 27 000 milliards de dollars placés étudiés.

Et ce n’est même pas l’analyse la plus exhaustive. Ces données ne concernent que les émissions directes des entreprises et celles liées à l’énergie. En prenant en compte, ce que l’on appelle le « scope 3 » (qui regroupe toutes les autres émissions indirectes, celles générées par exemple par les fournisseurs ou par l’utilisation des produits vendus), il n’y a plus que 65 fonds représentant 0,2% des actifs à rester dans le cadre. Plus de 60% des actifs étudiés conduisent au contraire à une hausse des températures de plus de trois degrés.

Les banques sont aussi régulièrement épinglées pour les financements accordés à des projets carbonés. Dernière en date la Barclays. Selon le groupe militant Market Forces cité par le Guardian, la banque britannique a financé 5,6 milliards de dollars de nouveaux projets liés aux énergies fossiles depuis le début de l’année 2021. Pointées du doigt également, HSBC et Standard Chatered. Ces trois banques font pourtant partie de l’Alliance financière de Glasgow « Net zero »

Boom de la finance verte… et des émissions de CO2

Pourtant donc, la « finance verte » prend son envol. En début d’année dernière, l’investissement durable se montait à un total de plus de 35 000 milliards de dollars, en hausse de 15% sur deux ans. Selon la Global Sustainable Investment Alliance, cela représente plus d’un tiers de tous les actifs dans cinq grands marchés du monde.

Et la proportion de conversion de fonds existants en nouveaux fonds dits ESG (pour Environnement, social et gouvernance) a continué à augmenter cette année.

Les actifs durables prennent tellement leur essor que certains analystes mettent en garde contre la formation et l’éclatement d’une bulle. Or, souligne l’Institut de l’économie pour le climat souligne, l’objectif n’est pas d’avoir une niche « verte » qui grossisse mais un verdissement du système financier dans son ensemble.

En attendant, l’efficacité de la « finance verte » suscite des questions. Elle a beau croître, les émissions de CO2 devraient battre des records en 2023, selon l’Agence internationale de l’énergie.

Un ancien responsable des investissements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) chez BlackRock, le premier gestionnaire d’actifs au monde, a récemment qualifié l’investissement durable de « dangereux placebo ». Il met en avant le fait que rien n’empêche les entreprises portant quelques projets respectueux de l’environnement de poursuivre des activités qui ne le sont pas du tout.

Taxonomie verte

On peut voir le verre à moitié plein et se dire que c’est un début, que cela leur permettra peut-être d’amorcer une transition, ou le voir à moitié vide et remarquer la porte ouverte que cela peut laisser au greenwashing.

Pour plus d’efficacité, il faudrait que l’investisseur analyse la démarche des entreprises d’une manière plus globale. Pour plus d’efficacité, il faut peut-être surtout définir exactement ce qu’est un « actif durable ». Il existe aujourd’hui plusieurs labels.

Mais uniformiser la définition n’est pas une mince affaire, l’Union européenne travaille à la mise en place d’une « taxonomie verte », une liste de critères à respecter pour être estampillé « vert ». Son élaboration entraîne son lot de polémiques. Que faire du nucléaire, décarboné mais présentant d’autres risques pour l’environnement ? L’inclusion de certaines centrales à gaz est aussi promue par certains États membres au grand dam des ONG environnementales. Difficile d’estomper complètement les 50 nuances de vert de la finance. 

houssainatou

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