Alors que l’économie turque reste dans la tourmente, due à la dégringolade de la monnaie et l’inflation galopante, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé, mercredi 1er décembre, changer de ministre des Finances. Lütfi Elvan, qui occupait ce poste depuis un an, laisse la place à son adjoint, Nureddin Nebati. Différemment de son prédécesseur, le nouveau ministre avait défendu la politique de baisse des taux d’intérêt prônée par le chef de l’État, à rebours des principales théories économiques.

La démission de Lütfi Elvan – puisqu’il s’agit officiellement d’une démission – n’a surpris personne en Turquie. On le disait sur le départ depuis un mois, à tel point que la présidence avait dû démentir les rumeurs. Mi-novembre, devant son groupe parlementaire, Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé « ceux parmi nos amis qui défendent les taux d’intérêt ». Présent dans l’assistance, Lütfi Elvan avait été le seul à ne pas applaudir le discours

Le chef de l’État turc soutient que les taux d’intérêt élevés provoquent l’inflation, contrairement à ce qu’affirment la plupart des économistes. Depuis septembre, la Banque centrale a abaissé à trois reprises son taux directeur, provoquant une chute de la livre par rapport au dollar, alors que l’inflation frôle les 20 % sur un an.

Lütfi Elvan était ministre des Finances depuis novembre 2020. À l’époque, la nomination de cet économiste avait été saluée par de nombreux analystes, d’autant qu’il avait remplacé Berat Albayrak, le gendre de Tayyip Erdogan. Le nouveau ministre, Nureddin Nebati, n’a lui pas de formation en économie. Il y a quelques jours, sur Twitter, il avait défendu la baisse des taux, la qualifiant de « lutte pour l’indépendance de notre économie ».